Le Crédit Suisse a envoyé il y a quelques jours un courrier à ses clients résidant hors de Suisse et détenteurs d’un compte ayant moins d’un million de francs.
Ce courrier annonçait simplement que la tenue du compte serait désormais facturée 40 francs suisses par mois. Un message plutôt clair visant à « sélectionner » sa clientèle et à inciter certains clients à fermer leur compte. Et qui a provoqué la colère du Groupement transfrontalier européen.
Des méthodes d’épuration de la clientèle bancaire qui ne sont pas nouvelles
La méthode n’est pas nouvelle, et l’UBS avait en son temps fait la même chose (mais un peu plus finement). Ce qui choque ici, c’est la manière. Même si les étrangers ne sont pas explicitement visés (après tout, il y a pas mal de Suisses qui sont frontaliers et détenteurs d’un compte au Crédit Suisse), ce sont avant tout eux, et particulièrement les frontaliers, qui feront les frais de cette décision.
Des clients étrangers qui coûtent chers aux établissements suisses
Le Crédit Suisse et l’UBS sont des banques qui se positionnent sur le haut de gamme, et pour ces établissements, la gestion de « petits » comptes (c’est à dire le compte de la plupart des personnes) est souvent synonyme de chronophagie et de rentabilité réduite.
Et puis pour être resté en contact avec le « milieu », je peux vous assurer que beaucoup d’établissements financiers suisses se sont aussi demandés s’il ne serait pas préférables de fermer les comptes des étrangers, et particulièrement au pire de la période Falciani, pour éviter pas mal de problèmes.
Vers quelle(s) banque(s) se tourner quand on est frontalier ?
Les frontaliers qui sont touchés par cette lettre sont en général détenteurs d’un compte suisse qui ne sert qu’à déposer leur salaire, celui-ci étant ensuite retiré ou viré sur un compte français (ce qui, au passage, explique aussi la position du Crédit Suisse, car le compte suisse ne fonctionne pour ainsi dire pas, et la banque ne peut tirer que de faibles bénéfices de ce mode de fonctionnement). Voici les différentes possibilités que vous avez en tant que frontalier :
– si vous voulez conserver une banque française et une banque suisse sur lequel votre salaire est viré, vous pouvez chercher un autre établissement financier suisse proposant des tenues de compte peu élevées. Par exemple, la plupart des banques cantonales proposent des frais de tenues de compte réduites ou nulles pour ceux qui décident de gérer leur compte par Internet. Le Crédit Agricole Financements (Suisse) SA propose également des solutions adaptées précisément aux frontaliers. La Raiffeisen ou PostFinance (qui, au passage, n’est pas une banque mais en propose tous les services) sont également de bons candidats.
– vous pouvez opter pour une solution alternative proposées deux banques françaises. Le Crédit Mutuel et le CIC proposent des formules qui permettent d’éviter d’avoir à gérer un compte dans une banque suisse : votre employeur suisse pourra virer votre salaire suisse sur un compte particulier qui sera ensuite automatiquement viré sur votre compte en France, et ce de manière transparente pour l’employeur et pour vous.
Retrouvez plus d’informations sur les comptes bancaires pour les frontaliers sur le site Travailler-en-Suisse.ch. Et j’en profite au passage pour vous indiquer que dans la dernière édition de mon livre « Travailler et vivre en Suisse« , un chapitre plutôt complet se charge de vous expliquer tout ceci.
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Romain says
Bonjour David,
Puisque l’on parle de banques présentes en Suisse, je me demandais quelle est la réputation de la Banque HSBC pour ce genre de sujet : est-elle plutôt dans le groupe du Crédit Suisse (à savoir, sélective) ou plutôt dans celui du Crédit Agricole Financement SA (moins sélective)?
C’est une question de curiosité, s’il n’est pas possible d’y répondre ce n’est pas bien grave !
Merci d’avance !
Romain
David Talerman says
@Romain : je n’ai pas de contact direct avec HSBC, mais je sais qu’ils visent une clientèle d’expatriés, et je pense qu’ils sont positionnés plutôt sur la tranche supérieure de clientèle, un peu comme le Crédit Suisse.
pat says
Romain et David,
Je suis client HSBC en France et à Hong Kong, mais je crois savoir que HSBC en Suisse ne fait que de la gestion de patrimoine http://www.hsbcprivatebank.com et par conséquent, d’après les informations fournies par la banque même, elle n’entrerait en matière qu’à partir d’environ CHF 2’000’000.-. Par contre en France ou aux USA, ils offrent tous les services d’une banque de détail. Donc David il vise une tranche de clientèle plus exclusive que le Crédit Suisse.
David Talerman says
@Pat : merci pour ces précisions !
pat says
Je reviens sur votre commentaire plus haut à propos de l’opportunité pour les banques suisses de fermer les comptes des étrangers suite à l’affaire Falciani. Je doute que cette décision soit appliquée par le fait que les banques font leur fond de commerce de la gestion de fortune de la clientèle internationale. La fortune globale placée en Suisse atteint, de façon flottante, les 4000 milliards de CHF soit +ou- 30% des avoirs mondiaux. Les offensives de pays comme l’italie ou la France au plan répression fiscale n’y change rien à moyen terme. Les banques suisses ont constaté ces derniers mois des rentrèes d’argent frais déclaré ou non. Par contre, les salariés étrangers à compte courant type « compte de salaire » ne sont rentables que si ceux-ci sont ponctionnés de frais de gestion importants en effet, mais ce n’est pas particulier à la Suisse. Vous remarquerez un autre phénomène dans les banques de détail, c’est l’incitation à utiliser l’internet banking en consentant d’importantes réductions sur les frais de transactions, toujours pour les mêmes raisons.
David Talerman says
@Pat : merci pour cette mise en perspective. Il est vrai que l’impact de la fin du secret bancaire semble limité, et ce d’autant que le gros de la clientèle des banques est composé d’institionnels (cf. article sur Travailler-en-Suisse.ch).
Bruno says
Postfinance applique désormais des frais supplémentaires à tous les titulaires d’un compte qui vivent à l’étranger (5chf/mois), de même les frais de gestion de compte sont désormais uniformisés (5chf/mois pour un compte privé avec carte).. Soit des frais de 10chf/mois pour la gestion de compte d’un frontalier…
David Talerman says
Merci pour l’information !