Difficile de passer à côté de cette information ce lundi matin, qui fait l’effet d’une véritable bombe : l’ex cadre informaticien de la banque HSBC à Genève qui a livré les noms au fisc français a témoigné à visage découvert hier soir sur France 2.
130 000 noms incluant 3000 Français
La liste constituée par ce spécialiste des bases de données comporterait en réalité 130 000 noms de toutes nationalités, dont 3 000 Français. On y trouve, semble-t-il, de nombreux Colombiens et Italiens. Pour les seuls Français, le montant est estimé entre 5 et 6 milliards d’euros d’actifs. Si cette information se vérifie, autant dire que je me suis complètement trompé sur mes estimations concernant cette affaire de fraude fiscale.
Une motivation messianique
La question que tout le monde se pose, c’est la nature de la motivation de l’intéressé : pourquoi Hervé Falciani a-t-il fait ceci ? Difficile de répondre en l’état. Si on lit entre les lignes de son interview, on comprend que ses motivations sont idéologiques : à partir du moment où il avait compris ce qui se passait, il n’avait plus le choix : il fallait dénoncer la pratique. Parfait, mais j’ai tout de même un peu de mal à croire qu’un informaticien qui a travaillé à Monaco, puis en Suisse, dans des banques, ne se doutait pas un minimum qu’il risquerait fatalement de trouver quelques évadés fiscaux.
Deux enquêtes : administrative et judiciaire
Selon moi, sa réaction cache une situation beaucoup plus grave : dans cette liste se trouve très probablement des personnes liées au crime organisé, à la drogue ou toute autre activité peu recommandable. En les mettant à jour, Hervé Falciani se met en danger, et son coming-out télévisuel était probablement une des meilleures stratégies à adopter. En fait, les informations récupérées vont donner lieu à deux enquêtes : une enquête administrative, menée par le Fisc Français, et une enquête pénale, qui va probablement impliquer plusieurs pays.
Un timing parfait pour le fisc français
On peut toutefois s’interroger sur le timing : cette sortie intervient juste avant le délai du 31 décembre fixé par Eric Woerth, ce qui va probablement inquiéter une fois de plus les évadés fiscaux, et peut-être les inciter à accepter le deal proposé par Bercy, valable avant la fin de l’année.
L’interview d’Hervé Falciani sur France 2
Pour ceux qui l’auraient raté, voici l’interview d’Hervé Falciani, l’ex informaticien de HSBC Genève, ainsi que le reportage qui lui est consacré (la vidéo n’est plus disponible) :
Si on se place d’un point de vue de l’emploi, les informaticiens français risquent à présent d’avoir de grosses difficultés à travailler dans les banques suisses…
Et vous ? Que pensez-vous de toute cette affaire ?
chris says
On peut se demander ce que des gens qui auraient voulu frauder le fisc pouvaient bien faire chez HSBC, filiale d’une banque britannique sur sol helvetique.
Les banques Suisses, d’une part n’embauchent pas d’etrangers pour des tâches aussi délicates.
La Suisse va t’elle réagir ou simplement laisser ses lois bafouées? Elle peut demander à la France une enquête pour vol, mais elle ne pourra pas voir ce citoyen Francais extradé et condamné en Suisse.
Va t’elle alors menacer de supprimer la licence bancaire à HSBC?
Va t’on voir la Suisse enfin réagir sur un sujet?
Info says
Les banques suisse ne doivent plus embaucher de citoyens français. surtout des cadres a haut poste de responsabilité,J’espère que la banque déposera plainte en France contre cet homme ignoble. Et j’espère qu’il a dévoilé le compte de certains mafieux ! la je ne donne pas cher de sa vie , même sous la garde de la police , ceux ci ne ferons pas le poids . Bien qu’il chante ne pas avoir peur , je pense que dans la rue il ne doit pas se sentir a l’aise. Maintenant que son nom est connu , ce mettre a son compte , mais plus aucunes firmes ne lui fera confiance de même qu’une banque française , il est banni a jamais.
David Talerman says
@info : Ce n’est pas un peu radical de dire qu’il ne faut plus embaucher de citoyens français dans les banques ? A mon sens, cela n’a rien à voir avec la nationalité, cela semble tenir bien plus de l’idéologie… Et des Suisses avec des idées un peu radicales, notamment sur ce sujet, il y en a quelques uns : Ziegler, ça vous dit quelque chose par exemple ?
Quickshot says
@David Talerman: c’est le 2ème vol important de données bancaires au profit du fisc français, et les 2 vols ont été commis par des Français. C’est un fait. Le reste n’est que conjectures.
Il est très dur pour les Suisses de supporter cette attitude du « cracher dans la soupe », il ne faut pas se le cacher, même si la raison voudrait qu’on ne mette pas tout le monde dans le même panier…
chris says
Sans être radical ou insister que 2 vols ont été commis par des Francais (je ne savais pas cela), au Liechtenchtein il ne me semble pas que c’etait un Francais d’ailleurs.
Bref, il me semble plus sûr pour une banque Suisse de n’embaucher que des citoyens Suisse qui seraient extradables au cas ou ils se cacheraient dans un autre pays, et qui ne pourraient surement pas imaginer aller ailleurs et quitter leur famille, leur habitation, etc…
Donc ca me semble tout à fait logique que des banques Suisses par souci de sécurité et pour ne pas avoir de problème avec la loi Suisse, n’embauchent que des Suisses.
Et je ne crois pas trop a ses motivations idéologiques, peut être a t’il senti le vent tourner dans son job, et voulu se proteger…mais l’idéologie???
David Talerman says
@ Chris : c’est juste, le problème c’est qu’il n’y a pas suffisamment d’informaticiens suisses… Bref.
Pour l’idéologie, oui, ça paraît bizarre, il y a probablement d’autres choses. Je pense qu’on en découvrira un peu plus dans les semaines qui viennent.
Laure says
Je pense au contraire que l’idéologie joue beaucoup (même si par ailleurs le lascar a tenté de monnayer son forfait). C’est ce que j’appelle le syndrome de Stockholm étatico-fiscal : la plupart des gens pensent que le racket fiscal est justifié. Pourtant il suffit de réfléchir un peu pour comprendre que l’impôt c’est le vol.
Phil says
Cela va enfin ouvrir les yeux à nos dirigeants et leur faire comprendre la véritable nature des frontaliers.
Je pense que cette affaire va mettre un sacré frein à l’embauche de frontaliers et augmenter la volonté de nos politiques d’empêcher ces faux frontaliers à venir travailler sur sol suisse.
Pendant des décennies, nous n’avons pratiquement jamais eu de problèmes avec les frontaliers qui sont originaires de la région lémanique. Les problèmes ont commencé avec toutes cette racaille qui vient des autres départements et qui n’ont aucun respect de la région qui les accueille.
David Talerman says
@Phil : je publie votre commentaire, mais ce n’est pas de gaité de cœur.
1/ qui a parlé de frontalier ? Hervé Falciani était résident…
2/ Le terme « racaille » me semble particulièrement inapproprié.
Quickshot says
@chris: Je ne parle pas du Liechtenstein, mais des années 80, lorsque François Mitterand était arrivé à la présidence française. S’en était suivi une fuite de capiteaux vers la Suisse, puis le vol d’un « listing » de contribuables français dans la plus grande banque privée de Genève (celle-ci n’a d’ailleurs plus engagé de frontaliers pendant des annéees…).
Djo says
Le problème n’est pas qu’il soit Français ou Italien ou les deux ou même d’une autre nationalité…… le petit gars à signé un document sur le secret bancaire par lequel il est encore tenu et après cette personne n’a aucune conscience professionnelle et puis il a du avoir une belle contrepartie pour avoir donné les données dérobées au Fisc français.
Avant de jeter la pierre au Français il faut se rappeler l’adage…… » tout le monde à son prix » après si on ne voit pas plus loin que le bout de son nez ou que l’on stigmatise les gens venant d’autres pays il s’agit d’un autre problème…………………
Walky says
Je travail dans une société informatique de service. Nous avons des clients, notamment des banques, qui ne veulent que des citoyens helvétiques chez eux…
Je commence à comprendre pourquoi….
Quickshot says
@Djo: La nationalité est contrairement à ce que vous dites un facteur de risques important. Les Français, les Italiens, les Allemand ou les Américains sont d’abord des ressortissants de pays qui mènent une politique d’investigation financière agressive à l’encontre de la Suisse.
Ces états, d’ailleurs prompts à qualifier les autres de voyous, n’hésitent pas à manier la carotte (payer des informations) ou le bâton (faire pression, menacer) sur les travailleurs frontaliers. Les ressortissants de ces pays – et particulièrement les Français de part leur nombre – présentent donc objectivement des risques élevés lorsqu’ils sont à des postes sensibles.
Quant aux poursuites pénale, elle resteront sans effet, ces pays n’extradant généralement pas leurs ressortissants.
Il faut s’extraire de l’angélisme ambiant, dire clairement que confier l’accès aux données clients à un ressortissant français était une prise de risques énorme, une invraisemblable stupidité dont il faudra bien tirer les leçons.
David Talerman says
@Quickshot : je veux bien laisser une tribune à tout le monde, mais là franchement ça ne vole pas très haut. Tout d’abord, je ne vois pas ce que les frontaliers viennent faire dans ce débat. Ensuite, je ne vois pas en quoi confier des données à un Français ou un autre étranger représente un risque plus élevé que si elles étaient confiées à des Suisses.
Je trouve ces remarques particulièrement insultantes.
Pour ce qui est de la « moralité », je vous laisse voir ce que les dirigeants d’entreprises suisses font : http://www.presseportal.ch/fr/pm/100008191/100594011/pricewaterhousecoopers_ag…
Phil says
Il est clair que c’est très risqué d’engager des gens pour qui l’appat du gain peut leur faire faire n’importe quoi. Il n’ y a qu’à voir lors d’un célèbre match de barrage de football….. Pourtant ce n’est qu’un jeu mais tricher ne dérange personne dans ce pays.
David Talerman says
@Phil : magnifique, il fallait le faire, trouver un lien entre le foot et l’affaire HSBC, très fort… Je ne suis pas certain qu’un commentaire comme celui-ci serve votre crédibilité. Je suis sûr que vous pouvez faire mieux.
Flo' says
Euh, c’est un peu le monde à l’envers, là !! La racaille, ce sont tous ces gens fortunés qui ont l’indécence de vouloir éviter de payer des impôts alors même que leur fortune s’assoit, -en partie au moins-, sur de la fraude fiscale ou des activités criminelles.
C’est trop facile de capter tout ce que cette planète compte de fortunes plus ou moins malhonnêtes en pratiquant tout à la fois le secret bancaire et fiscal et des pratiques fiscales qui ne sont rien d’autre que du dumping. Sur 7 millions d’habitants en Suisse, 2 Millions sont des étrangers qui s’y sont établis pour profiter du forfait fiscal !
J’ai plus de respect et d’admiration pour cet homme courageux que pour tous les ronds-de-cuir qui se rendent complices de ce cirque malhonnête et insupportable que constitue « l’ingénierie financière » suisse.
David Talerman says
@Flo’ : Attention ! Les étrangers qui vivent en Suisse (et qui représentent 20% de la population) sont soumis soit au barème d’impôt ordinaire (comme les Suisses et permis C), soit au barème d’impôt à la source (plutôt plus désavantageux que le barème ordinaire). Le forfait fiscal, qui est un forfait très particulier axé sur la dépense, concerne quelques (rares) contribuables, en général aisés (plus d’informations sur le forfait fiscal sur le site Travailler-en-Suisse.ch). Ils sont quelques milliers, tout au plus.
chris says
Affaire HSBC : la Suisse suspend l’accord fiscal avec la France
La Suisse va suspendre le processus de ratification de l’accord de double imposition signé en août par Paris et Berne, pour protester contre la récupération par la France de données volées à la banque HSBC, a indiqué mercredi le ministre des Finances, Hans-Rudolf Merz.
Compte tenu de la situation sur l’affaire HSBC, « la Suisse va suspendre le processus visant à ratifier par les deux chambres fédérales la nouvelle convention de double imposition avec la France », a expliqué M. Merz lors d’une conférence de presse à Berne.
Source AFP.
Enfin une réaction de la Suisse!
David Talerman says
@Chris : merci beaucoup pour l’info. Ca commence à chauffer, j’espère qu’il n’y aura pas d’impacts sur l’emploi des étrangers (et des Français) en Suisse.
Phil says
Je pense qu’en dénonçant les bilatérales , la Suisse a tout à y gagner. Nous vivrons plus simplement mais certainement mieux. Nous n’avons aucunement besoin des frontailers pour vivre et arrêter de toujours mettre en avant les hôpitaux car maintenant près du tiers de l’hôpital cantonal de Genève est occupé par des patients frontaliers.
Nous avons vécu près de 50 ans presque en harmonie avec les frontaliers (les vrais, ceux qui sont nés dans la région) mais maintenant c’est l’invasion de personnes peu scrupuleuses.
Renvoyons toutes ces personnes à l’ANPE et acceptons que la France nous mettent sur la liste noire. De toutes façons, il ne faudra pas longtemps pour que les pays européens soient en faillite….. La Grèce, L’Espagne, le Portugal en sont tout proche et la France avec 75% de dettes sur son PIB va les rejoindre bientôt……
David Talerman says
@Phil : en dénonçant les bilatérales, c’est la Suisse qui risque de faire faillite : les accords bilatéraux, ce n’est pas seulement la libre circulation des personnes, mais en tout 7 accords, dont des accords économiques en relation avec les échanges commerciaux.
Quand on sait que 80% des échanges commerciaux de la Suisse se font avec l’UE, et que la Suisse génère un franc sur deux de son PIB grâce aux exportations, ce serait un suicide économique. Et ça, les autorités suisses le savent bien.
Par ailleurs, si la Suisse paie aujourd’hui si cher cette affaire, c’est probablement à cause de son isolationnisme : je pense que tout le monde est d’accord pour dire que ce qui se passe au Delaware aux États-Unis est pire qu’en Suisse sur le plan fiscal, tout comme ce qui se passe en Angleterre. Mais en étant isolée, la Suisse n’a pas eu (et n’aurait) pas la puissance politique pour se mettre autour de la table avec les États-Unis et l’Union européenne pour négocier. Et c’est clairement ce qui se passe en ce moment : la Suisse n’a
aucunque peu de poids et finalement très peu de moyens de pression. Si elle avait fait partie de l’UE, il est peu probable qu’un tel scénario se soit passé.Allons Phil, l’isolationnisme serait la pire des solutions pour la Suisse !
Flo' says
@ David: effectivement, moins de 5.000 contribuables étrangers bénéficient du forfait fiscal. J’avais, -me semble-t-il-, capté ce chiffre dans une émission « C dans l’Air » sur France 5, dont voici le lien :
http://www.france5.fr/c-dans-l-air/index-fr.php?page=resume&id_rubrique=1096
chris says
On s’eloigne du sujet, mais c’est interessant.
Pas sûr à y reflechir que la Suisse ait choisi la bonne solution pour l’accord fiscal. Mais au moins elle réagit, et cesse de multiplier les commissions pour réflechir à ce qui se passe.
Les bilatérales ne sont elles pas un isolationisme larvé, qui n’ose dire son nom. Au final il faudra décider être dans l’Europe et décider d’appliquer TOUTES ses règles d’un coup, ou ne pas y être, et en subir l’hégemonie.
Quelle sera la richesse de la Suisse isolée sans ses banques?
Ses montagnes? Les tours operators n’y envoient plus personne, les installations sont trop vieilles.
Ses montres, son folklore?
Laure says
Je vois que l’anti-helvétisme primaire sévit toujours, venant surtout de citoyens qui ont subi le lavage de cerveau de leurs états-voyous, au premier rang desquels la France (talonnée par l’Allemagne, la Lybie et autres contrées liberticides). Echapper au racket fiscal et à la crapulerie étatique ressortit à la liberté individuelle. Que ceux qui sont volontaires pour se laisser tondre sans rien dire laissent tranquilles ceux qui ne veulent pas voir le fruit de leur travail partir dans le trou noir de l’Etat voleur et de l’enfer fiscal !
David Talerman says
@Laure : fidèle contributrice de ce blog (merci au passage) je publie ce commentaire qui soulève des questions intéressantes, même si je n’approuve pas votre point de vue. Je suis curieux de voir les réactions des internautes.
Phil says
David
Les voitures françaises risquent bien de prendre feu bêtement dans les rues genevoises…. La lutte va s’intensifier et je pense que la vie des frontaliers va devenir tun tel enfer qu’ils vont fuir à tout va.
N’oubliez pas que Genève n’est plus Suisse et que beaucoup de ses habitants n’ont aucune crainte de la violence.
David Talerman says
@Phil
De biens belles menaces, et une attitude bien consternante.
Vous faites honte à votre patrie, votre canton et votre culture : heureusement que les gens comme vous sont ultra minoritaires en Suisse.
Comme on s’éloigne du sujet et que nous ne sommes pas là pour donner une tribune aux xénophobes et autres anti-frontaliers, je pense qu’il n’est pas la peine de continuer dans ce sens. On a tous bien compris ce que vous pensiez des frontaliers, trouvez juste un autre blog pour déverser vos torrents de haine.
chris says
Sachant que bcp de Frontaliers sont en fait des Suisses qui n’arrivent plus a se loger dans le canton de Genève…
Pour les Francais aussi c’est la misère de devoir se loger toujours plus loin face à des Genevois qui peuvent sortir leur 2eme pilier et font monter le prix des appartements. Pourtant les voitures de ces ex-Suisses ne brulent pas.
Je crois qu’on tombe effectivement des discours tellement simpliste, mais qui font tellement plus plaisir aux aigris de tous poils, car le danger après tout c’est simplement l’autre!
David Talerman says
@Chris : Excellent !
Ça me rappelle une histoire racontée par un ami suisse qui vit en France (et dont la voiture est donc immatriculé en France). Dans un parking à Genève, il avait omis de mettre son frein à main, et sa voiture est légèrement ressortie de sa place de parc. Du coup, il a eu un message sur son pare-brise : Cxxxxard de Français.
A l’époque, ça l’a fait beaucoup rire.
Quickshot says
@DavidTalerman: c’est vrai que vous m’ouvrez votre tribune et je vous en remercie.
Je vous rappelle tout de même qu’une tribune est un lieu où l’on doit pouvoir, un tant soit peu, s’exprimer sans se faire rappeler à l’ordre dès que l’on émet une idée qui n’est pas du goût du modérateur. Je suis correct sur la forme, et le contenu de mes messages est conforme à ma définition de l’étique – mais peut-être en avez-vous une autre.
Il semble que vous me jugiez politiquement incorrect, mais si pour vous être politiquement incorrect consiste à écrire connard au lieu de cxxxxard, alors oui, je l’avoue, je suis politiquement incorrect.
En ce qui concerne la hauteur de ma réflexion, je crois qu’elle est à l’altitude à laquelle on voit le mieux le désastre que M. Falciani a provoqué.
J’ai expliqué les raisons pour lesquelles je pense que les postes sensibles ne doivent pas être attribués à des étrangers – l’avez-vous lue ? Quant à la raison pour laquelle ces postes devraient être attribués à des Suisses, je partage en partie l’avis de Phil sur ce point, c’est à dire que les citoyens Suisses sont extradables et ont généralement des attaches fortes avec la Suisse. Qu’ils ne trahiront pas n’est pas une certitude absolue – voir Meli dans l’affaires des fonds juifs – mais je pense que le risque est nettement moindre (dans ce dernier cas il y avait un vrai problème d’étique).
Pour ce qui est de l’insulte, expliquez-vous ! Je donne un avis critique sur les risques de certaines populations dans certains contextes. Où est donc l’insulte ?
Pour la question sur les frontaliers, je reformule en frontaliers français, mais je crois que tout le monde avait compris (que Falciani, de nationalité française, ait été résident ne change rien au raisonnement, vous le savez bien).
Pour finir, un mot aux habituels fleuves d’eau tiède qui décrètent qu’une idée est simpliste, voir extrémiste, dès qu’ils ne sont pas d’accord avec cette idée: En quoi expliquer qu’une idée est simpliste en utilisant des arguments encore plus simplistes – la peur de l’autre, l’aigreur, la haine – est-il intellectuellement plus satisfaisant ?
Expliquez votre point de vue en argumentant, ca évitera de s’envoyer des lieux communs à la figure.
chris says
Quickshot,
Dire que c’est la faute des frontaliers est un lieu commun et très simpliste. Il n’est nul besoin d’argumenter.
Francais, Suisse, ou autres nationalités, les frontaliers sont des gens et chaque cas est particulier, leurs motivations à être frontaliers peuvent être historiques, économiques ou simplement parce qu’il n’arrivent pas à se loger en Suisse.
Mais mes commentaires étaient pour Phil. Je vous Rejoins tout à fait sur le fait de privilégier les Suisses sur certains postes, j’en comprends tout à fait les raisons.
Mr Falciani est Franco Italien, sa femme mais aussi sa complice est a moitié libanaise. Leurs motivations apparaissent desormais claires, ils ont essayé de monayer leur forfait, mais lorsque la Police Genevoise s’en est mêlée, ils ont fui en France, et la Suisse ayant demandé l’assistance de la France, ils ont du négocier le « DON » du fichier pour être protégés par la France, et éviter des poursuites.
bernago says
Ce type est un malade, rien de plus. Un Zorro de l informatique ayant eu accès à des infos confidentielles.
Maintenant ?? Il est mort, tout simplement, du côté informatique j’entends.
Geneva says
La maîtresse du traitre est française. C’est en tout cas comme cela qu’elle était inscrite au contrôle de la population à Genève. Elle s’appelle Georgina Mikhael.
quant à lui il a peut-être des origines italiennes mais il est également inscrit en tant que français. Il habitait XXXXXX (information masquée par le modérateur du blog) à Genève. Son ex femme et sa fille y sont toujours domiciliées. Je pense que sa fille doit faire l’objet de beaucoup de surveillance de la part des autorités car un jour ou l’autre, il va bien essayer de voir sa fille….
En tout cas, la suspicion envers les travailleurs français a vraiment commencé dans les banques à Genève. C’est une bonne chose car rien ne les arrête…
David Talerman says
@Geneva : le modérateur a masqué les informations personnelles.
Le nom de sa compagne a été révélé dans la presse, donc pas de problème.
Je publie votre commentaire, que je trouve bien sûr partial : une chose est certaine, on sent bien que vous avez une dent contre les travailleurs français. J’aimerais mieux comprendre : quelle en est la raison ? Avez-vous eu des problèmes ? Des mauvaises expériences ?
Lux says
Bonjour,
j’ai pris mon temps, mais j’ai eu beaucoup de plaisir à lire ces pages.
Je viens du Luxembourg et il y a plusieurs choses qui m’interpellent … peut etre est ce culturel car à Luxembourg, de nombreux travailleurs viennent de France, de Belgique et d’Allemagne … sans que cela pose un problème particulier. Je ne dis pas que tout est rose, mais rien de comparable avec vos messages.
Si une banque veut un travailleur résident, alors celui ne doit pas habiter ailleurs qu’au Luxembourg … idem pour la nationalité … pourquoi vos banques n’appliquent pas la même politique ?
Ainsi, vous pourrez controler les postes clés, je me trompe ?
Il me semble avoir vu ces critères dans différentes annonces d’emploi d’ailleurs
par contre, est ce que la Suisse détient toutes les ressources pour pourvoir tous ces postes ?
Pour ce qui est de votre histoire de frontaliers, à mon avis, ce n’est qu’une querelle de clochers … mais bon, je peux me tromper 😉
David Talerman says
@Lux : Merci pour ce commentaire venu du Luxembourg et qui nous apporte un vent frais. En fait, la plupart des banques privées demandent que les employés « sensibles » habitent en Suisse. Et d’ailleurs, Falciani habitait en Suisse, ce qui prouve les limites de cette demande. C’est juste un barrage de plus, mais il n’est pas incontournable.
Pour ce qui concerne les ressources, elles sont effectivement insuffisante. J’ai moi-même fait en Suisse le même métier que Falciani (voir ce billet), et lorsque j’ai décidé de partir, nous avions eu beaucoup de mal à recruter une personne. En règle générale, la Suisse n’a pas d’autre choix pour beaucoup de métiers que d’aller chercher les compétences à l’étranger. C’est également le cas du Luxembourg d’ailleurs.
Flo' says
C’est marrant, David, j’utilise moi aussi Clémentine pour le data-mining (je suis spécialiste marketing).
Le message de Lux est intéressant car il démontre bien qu’il y a en Suisse une forme de violence xénophobe totalement contenue la plupart du temps mais qui surgit tout de même quotidiennement à la faveur d’une actualité ou d’une autre.
Je profite de ce billet pour faire part de mon expérience avec le marché du travail en Suisse. Je suis diplômée des Hautes Études Commerciales, que j’ai complétées par un DESS (Diplôme d’Études Supérieures Spécialisées) en Stratégie Marketing. J’ai été frappée par l’incompétence flagrante des personnes qui m’ont reçue dans les cabinets de recrutement. L’une d’elle pensait même que j’avais un niveau mâtu+2 années alors même que j’avais indiqué dans mon CV avoir été responsable marketing d’une entreprise de plus de 10.000 personnes. Et ce n’était que le début des consternants constats que j’ai faits en rencontrant certains responsables dans ma spécialité au sein d’entreprises suisses…Le milieu des « professionnels » du marketing et de la communication en Suisse romande semble principalement composé de gens non formés à ces métiers de spécialistes, avec une qualité créative qu’on ne peut qualifier autrement que de « ringarde » dans la plupart des cas. Les responsables que je côtoie cherchent à se protéger de la comparaison peu flatteuse que constitue la compétence de certains collaborateurs français (embauchés sur une erreur de casting ?) en essayant de l’étouffer. Quelques exemples parmi tant d’autres: le directeur marketing du Groupe Aventis est un pharmacien ! Chez France Télécom il y a un programme de fidélisation depuis 1998, chez Swisscom il n’y ont même jamais pensé !
David Talerman says
@Flo’ : ce qui se passe à Genève n’est pas du tout représentatif de ce qui se passe dans le reste de la Suisse. Et heureusement !
Je vais être un peu provocateur, et répondre à votre feedback intéressant sur vos expériences avec les recruteurs.
Tout d’abord, il ne faut pas oublier que ce n’est pas au recruteur de comprendre notre formation ou notre parcours étranger (parfois inconnu, notamment les entreprises qu’on a pu faire et les diplômes), mais à nous de lui expliquer dans le CV à quoi cela correspond. Peut-être l’aviez-vous fait, mais dans un contexte suisse, sa question n’est pas si stupide : en Suisse, l’importance accordée au diplôme et toute relative, tout du moins pas comme en France où le fait d’avoir fait tel ou tel diplôme vous donne une crédibilité « naturelle » à être là. Ici, beaucoup de cadres supérieurs ont l’équivalent d’un simple baccalauréat, complété par une solide expérience. Du coup, on pourrait imaginer être responsable marketing d’une entreprise de 10 000 personnes sans avoir un master, c’est tout à fait possible… mais complètement improbable en France. C’est probablement ce phénomène qui vous a « choqué ».
Mon expérience des professionnels du marketing est différente, et dépend des entreprises : j’ai rencontré de tout ici, des gens extrêmement compétents et sans diplôme mais avec une formation continue qui tient la route, et des professionnels sur-diplômés qui ne savaient pas faire rouler une bille. Lorsque je travaillais en France, j’ai parfois eu à faire à des professionnels du marketing, sur le papier, qui étaient capable de m’expliquer la théorie de la dissonance cognitive mais incapables de faire un mailing sans aligner 3 fautes.
Enfin, j’ai travaillé pratiquement deux ans chez Merck & Co et surprise, la plupart des chefs de produits étaient… pharmaciens ! Pour Swisscom, le programme de fidélisation a-t-il un sens, dans la mesure où vous êtes leader sur le marché du mobile (avec 2 acteurs, dont vous), leader sur le marché de l’internet et de la téléphonie et que le dernier kilomètre est « libéré » mais pas techniquement ni financièrement acceptable pour les concurrents ? Je n’ai pas de réponse à ça, et surtout je pense qu’il est difficile de dire ce qu’il en est tant qu’on n’est pas en situation réelle… c’est-à-dire dans la peau du responsable marketing en question.
Flo' says
Ouh la, c’est vieux ça, la dissonance cognitive :-))
Je peux expliquer à une recruteuse en quoi consistaient mes études et mon expérience, mais elle peut aussi se douter qu’avoir été directrice marketing au sein d’une entreprise de 10.000 personnes (l’effectif et mes compétences étaient précisés sur mon CV) était surdimensionné pour le poste à 75.000 CHF / an qu’elle avait à me proposer !
C’est plutôt le modèle américain qui a tendance à placer au sommet de l’échelle hiérarchique des personnes de tempérament pas forcément diplômées. Il m’a semblé que le diplôme revêtait au contraire une certaine valeur en Suisse pour un grand nombre de postes considérés comme qualifiés. Et c’est bien cette considération vis-à-vis des fonctions de la communication et du marketing que je place au cœur de la différence culturelle entre la Suisse et d’autres pays. Car sinon, comment expliquer qu’on n’embauche pas d’anciens boulangers ou des personnes à peine titulaires d’une mâturité pour occuper les postes de directeurs administratifs et financiers, de responsables R&D ou de DRH ?
Pour accroître sa compétence, on doit constamment rester en veille et continuer à se former. Mais je ne vois pas comment j’aurais pu acquérir sur le tas les connaissances, la compréhension des concepts, la maîtrise des outils et finalement établir les liaisons comme j’ai pu le faire en 6 années intensives, exclusivement consacrées à l’étude de ces domaines spécialisés. Nombre de responsables marketing côtoyés ici ou là dans de grandes entreprises suisses ressemblent à des tranches d’Emmental (oui, je sais, le Gruyère n’a pas de trous…): ils ont quelques connaissances mais elles sont parcellaires et plutôt superficielles. Peu connaissent les limites et les possibilités des outils que d’autres utilisent pour leur transmettre des informations sur le marché. Le benchmarking semble s’arrêter aux frontières helvétiques, comme si la Suisse était un marché à part, que les suisses n’étaient pas des consommateurs comme les autres. C’est au nom de ces préceptes sans fondements qu’on se voit affligés de campagnes de pub ringardes et hors-cibles un peu partout, tout au long de l’année.
Sans vouloir vous blesser David, votre remarque sur Swisscom est révélatrice d’une personne qui n’est pas spécialiste de la stratégie et qui ne connait ce marché que de l’extérieur. Ce n’est pas gênant dans votre situation, ça l’est davantage vis-à-vis de la direction Marketing de Swisscom (qui a bien compris désormais le retard qu’ils avaient pris en la matière).
David Talerman says
@ Flo’ : la remarque sur Swisscom ne me blesse pas dans la mesure où je n’ai pas d’avis particulier sur le sujet, ma remarque replaçait simplement le contexte local qui est de toute façon très important. Je ne suis pas un spécialiste de cette discipline, et tout est dit.
Sinon, je suis plutôt d’accord avec vous : la discipline « marketing » est plutôt accessible à tous (sauf la partie analyse de données), et effectivement on n’aurait pas idée de confier un poste de chercheur dans le nucléaire à quelqu’un qui n’est pas spécialisé dans ce domaine.
Comme on s’éloigne franchement du sujet « Falciani », nous pouvons en discuter en off par mail si ok. Merci pour votre point de vue un peu « rugueux » mais intéressant.
Lux says
@ Flo : merci de ne pas déformer mes propos, je n’ai jamais écrit que c’était dans le seul sens: suisses contre les francais.
N’étant ni francais ni suisse, et au risque de me faire des ennemis des 2 bords, je dirai que les suisses font un complexe d’infériorité et les francais se croient en terrain conquis … c’est dit 🙂
Dabo says
Je dis ça je dis rien mais si les banques suisses doivent cesser d’embaucher des employés étrangers, il faut aussi qu’elles cessent de recevoir des capitaux étrangers. Ça me semble logique, non ?
Jean says
@Dabo: non, quel rapport? L’employé étranger est une richesse, mais un nombre trop élevé d’une même nationalité est dommageable, comme le fait de mettre des étrangers à des postes clés où il pourrait y avoir conflit d’intérêts.