Nous sommes au Printemps 2023. Je viens de finir une conférence que j’ai animée avec Aurore Bevalot et Rudolf Klaus.
Rudolf me pose une question anodine.
Alors que je pouvais répondre très simplement et brièvement, je pars en bon Français dans une explication longue, précise et peut-être alambiquée.
Et là Rudolf, en bon zurichois pragmatique, part dans une colère noire en m’expliquant sèchement que j’aurais pu répondre bien plus rapidement.
Surpris par son agacement, j’admets qu’il avait raison. Pourquoi faire compliqué quand tout peut être plus simple ?
C’est donc le sujet de ce jour : être direct dans sa communication, au risque d’agacer son entourage, qu’il soit helvète ou pas d’ailleurs.
En France, pays de naissance de Rabelais, Montaigne et Proust, on s’exprime parfois avec beaucoup trop de mots. En clair, on a été habitué très jeune à rajouter des mots autour des mots. Ça faisait bien, ça faisait intelligent. Ça permettait d’avoir de bonnes notes.
Mais dans un contexte pro, tout ceci apparaît un peu inutile, voire décalé dans un pays pragmatique comme l’est la Suisse.
Et après tout, dans le pays de l’Horlogerie, on n’a pas de temps à perdre.
Alors voici quelques conseils que je vous donne et qui vous serviront à tous les niveaux dans votre recherche d’emploi en Suisse comme dans la vie de tous les jours, dans vos communications orales comme écrites (CV, mails…) :
1. Évitez les tournures passives
Non seulement cela donne une image pas très dynamique, mais c’est réellement lourdingue. Exemple que je lis souvent dans les lettres de motivation ou les mails :
« Je me permets de vous écrire pour le poste de CFO » A transformer habilement en « Je vous écris pour le poste de CFO »
« Cette expérience m’a permis de développer mes compétences en négociation » A transformer habilement en « J’ai pu, grâce à cette expérience, développer mes compétences en négociation »
2. Évitez les phrases condescendantes et la fausse modestie
« J’ai eu la chance d’occuper le poste de… » qui donne carrément l’impression que vous avez fait une incantation vaudou pour avoir le job. Ce job vous l’avez mérité, et ce n’est pas de la chance.
Autre exemple où un candidat étranger, croyant bien faire pour personnaliser son propos, parle dans sa lettre de motivation de ce que l’entreprise suisse devrait faire ou pas : « Je pense que vous auriez grand intérêt à suivre l’exemple de la société XXX (une société française) et investir le domaine de…. »
Merci, on attendait ton avis avant d’y aller… et on aime bien être comparés au voisin français…
3. Évitez les prises de contact inachevées
Chaque semaine, j’ai dans Linkedin au moins un « bonjouriste » (je n’ai pas dit « bon juriste » mais « bonjouriste ») qui prend contact avec moi en me disant « Bonjour ».
Et c’est tout.
Alors comme j’ai environ 30 à 50 contacts par jour, je ne perds pas de temps et je ne réponds pas. Alors certes : une étude a montré que plus le message sur Linkedin est court pour la prise de contact, plus il a de chance d’obtenir une réponse, mais là c’est franchement limite.
Donc si vous voulez avoir une chance qu’on vous réponde, soyez direct : Dites bonjour certes, mais surtout pourquoi vous prenez contact, éventuellement de la part de qui vous venez, tout cela en moins de 3 lignes.
4. Utilisez ChatGPT pour simplifier vos communications
Vous pensiez que j’allais finir cet épisode sans vous parler d’intelligence artificielle ? Non mais qui ferait ça aujourd’hui franchement ?
Si vous n’êtes pas tout à fait sûr de votre style, vous pouvez faire une chose toute simple : le texte que vous avez écrit, passez le à ChatGPT ou Claude 3 et demandez-leur de réécrire les passages qui sont à la voix passive ou demandez leur de dynamiser votre récit. Toute la subtilité ici réside dans les instructions que vous donnerez en termes de ton, le but du document, à qui il est adressé etc… En clair, n’exploitez pas stupidement ChatGPT. Mais ça c’est un autre sujet que j’aborderai plus tard.
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