Hier, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, la Commission fédérale contre le racisme rappelait à quel point les réseaux sociaux étaient un vecteur de choix pour diffuser des discours haineux et qu’il fallait être vigilant. Elle dénonçait notamment la présence de messages haineux et racistes envers des communautés spécifiques sur le site de la section « jeunes » d’un parti au pouvoir (qu’elle ne nomme pas dans son communiqué, alors je le ferai pour elle, c’est l’UDC) . Le racisme est partout et dans tous les pays, et la Suisse n’y échappe pas.
Les propos haineux envers les frontaliers sont légion
Si certains propos tenus à l’encontre des frontaliers sur ces mêmes réseaux sociaux ne peuvent pas être qualifiés de racistes, ils n’en sont pas moins parfois haineux. À chaque sujet un peu polémique concernant les frontaliers, je lis les mêmes commentaires : des anti-frontaliers qui scandent « la Suisse aux Suisses » ou « Mort aux frontaliers » (en oubliant qu’ils recrutent eux-mêmes parfois des frontaliers, mais chut c’est un secret). C’est bien sûr inacceptable.
Quand les frontaliers « légitimes » dénoncent les frontaliers « illégitimes »
Ce qui l’est tout autant, et on en parle peu, ce sont les commentaires sur les réseaux sociaux de certains frontaliers qui prétendent qu’il y a frontalier et frontalier. Selon eux, la Suisse serait envahie de frontaliers venus d’ailleurs, c’est-à-dire de plus loin que les départements limitrophes de la Suisse.
Ces frontaliers là ne respecteraient pas l’esprit frontaliers, ne comprendraient pas la culture locale, alors que eux s’estiment être des frontaliers légitimes.
Tous les frontaliers ne se valent pas
Vous serez donc heureux de l’apprendre : tous les frontaliers ne se valent pas, il y a des « bons frontaliers » et des frontaliers « au rabais » et le critère qui les distingue est bien géographique : si vous êtes de la région vous êtes un bon frontalier, si vous venez d’ailleurs vous êtes un mauvais frontalier. J’aimerais savoir quelle proportion de frontaliers vivant en zone frontalière franco-suisse sont originaires de la région… Probablement pas beaucoup.
Dans la pratique, mais c’est une réflexion totalement personnelle, c’est surtout la capacité à s’adapter à la culture de l’autre et l’ouverture qui font selon moi la différence, car un étranger qui n’a pas compris qu’il n’était pas chez lui, que le pays ne fonctionnait pas comme le leur, et qui en plus la ramène et râle, induit un choc de culture difficilement réconciliable avec une bonne intégration. Et la provenance géographique n’a pas forcément de rapport avec cette ouverture, même s’il est vrai qu’en vivant localement on est forcément plus confronté à la culture helvétique.
Enfin, les mauvaises langues diront, pour les frontaliers du canton de Genève qui sont majoritairement français, que les genevois, réputés pour leur grande gueule (ce n’est pas moi qui le dit) ne supportent pas d’avoir en face d’eux des personnes qui l’ont encore plus grande 😉
Les frontaliers ont des discours proches de ceux dont ils sont eux-mêmes victimes
Ce qui est drôle, c’est que ces détracteurs ne se rendent probablement pas compte qu’ils adoptent un comportement dont ils sont parfois victimes et qu’ils dénoncent : les anti-frontaliers dénoncent les frontaliers qui dénoncent eux-mêmes ces « pseudo » frontaliers, chacun accusant l’autre minorité de piquer les emplois de l’autre.
Ce comportement est ultra classique, et vous le retrouverez dans beaucoup de pays : une minorité, montrée du doigt par une majorité, trouvera une minorité au sein de sa propre minorité et lui imputera les maux que la majorité lui reproche : une belle stratégie d’évitement. En clair, « c’est pas moi, c’est les autres. »
En conclusion : mais arrêtez donc cette folie !
Frontaliers et résidents vivent tous dans le même bassin. Les études montrent que les étrangers, loin de voler les emplois des locaux, sont des créateurs de valeur et d’emploi pour les cantons frontaliers. Ne serait-ce pas le temps de se réconcilier, de se comprendre et de s’apprécier pour mieux se respecter ?
PS : il faut que je fasse attention, je commence à faire du Grégory Logan dans ma conclusion, je vais me prendre un méchant hashtag
Bonjour moi étant Français et recherchant un emplois en Suisse entant que Franco-Suisse Je suis entièrement d’accord avec vous aucune nationalité n’est supérieur à l’autre tout réside dans la personne en elle même.
Pas facile de venir travailler en tant que frontalier et d’habiter dans ces bleds au bord de la frontiere
je suis dans le haut doubs depuis maintenant 18 ans et je ne me suis jamais senti accepté par les habitants.Je crois franchement que les gens qui s’installe dans les régions frontalieres ont l’esprit bien plus ouvert et sont plus heureux de travailler en suisse que les soit disant frontaliers du coin qui se dise légitime en tout, ils n’aiment qu’eux et sont très chauvins Sans parler des employeurs suisses près des régions frontalieres qui profite de la situation, dumping salarial entre autre . Cela va beaucup mieux quand vous vous éloigné de la frontiere
Vous omettez de citer, David, le combe : la mauvaise foi indigeste des politiciens côtés France, par exemple certains maires de communes limitrophes qui bénéficient de l’apport de cette population au fort pouvoir d’achat mais qui ne font que taper verbalement sur les dits frontaliers.
Le maire de St Ju à un certain moment il y a deux ans procédait à une sorte de « chasse » au frontalier hyper choquante.Toujours à critiquer et critiquer…
Que ces maires aillent dirige des communes désertifiées et perdues du fin fond de la France…ils verront la différence.
Pour les frontaliers c’est probablement l’épreuve la pire.
Non pas celle de l’éventuelle stigmatisation en Suisse à laquelle tout frontalier doit se préparer mais celle ressentie en France. Elle est ignoble, celle là. Car du point de vue macro économique cet argent venu de Suisse et réinvesti en France est une manne qui bénéficie à l’ensemble.
Bonsoir Sylvie,
Je pense que ce qui pose le plus de problème aux maires, ce n’est pas forcément le fait de mentir sur le statut fiscal mais sa conséquence : ils ne peuvent bénéficier de l’apport financier versé par le canton pour chacun de ces frontaliers. Les communes françaises, avec les nouvelles répartitions, sont à la recherche de fonds.