La Suisse et la France sont 2 pays bien différents à de nombreux égards. Ces différences se ressentent particulièrement sur la manière d’aborder le marché du travail.
Notamment, je ne compte plus les candidats français qui, bien qu’ayant 10 ou 15 ans d’expérience, lorsqu’ils se présentent en entretien, commencent spontanément par la phrase magique : « je suis diplômé de…« . On ne peut pas leur en vouloir, ils ont baigné dans cette culture depuis l’enfance.
En France la diplomania sévit depuis de nombreuses années
En France, la « diplomania » a en effet pris d’assaut depuis de nombreuses années les foyers et les médias (sujet qui par ailleurs semble faire vendre) qui font régulièrement des unes sur le sujet. Récemment, l’hebdomadaire économique français Challenges a fait, en moins d’un mois, 2 couvertures sur le sujet : « La cote 2011 des diplômes » et « Les meilleurs prépas de France« . En France, on aime, que dis-je, on adore les diplômes, et on a besoin de se comparer et de savoir qui a le plus gros…
Et gare à celui qui n’a pas le bon, puisque certaines corporations recrutent au sein de certaines entreprises, presque exclusivement les candidats ayant le même diplôme, une logique dont on voit la limite puisque dans une même entreprise ou un même service vont se retrouver des personnes qui ont eu la même formation, auront les mêmes réflexes, et probablement les mêmes visions « orientés » de leur métier ou de leur secteur. Tout ce dont, à mon avis, les entreprises du 21ème siècle n’ont pas besoin.
Pour postuler en Suisse et être efficace : oubliez vos diplômes, et valorisez votre savoir-faire
Pour la Suisse, je n’ai qu’un conseil à donner aux candidats français qui vont passer des entretiens ou qui rédigent leur CV ou leur lettre de motivation : oubliez momentanément vos diplômes, et dites plutôt ce que vous savez faire, valorisez vos compétences, ainsi que les résultats concrets que vous avez obtenus. Et plus votre diplôme est « prestigieux » (si on considère qu’il existe des diplômes plus prestigieux que d’autres), plus vous aurez besoin de pousser cet exercice car en Suisse, votre diplôme, aussi prestigieux soit-il, ne vous donnera aucune crédibilité naturelle : ici, on veut du concret, alors c’est ce que vous allez devoir servir aux recruteurs !
Retrouvez dans mon livre Travailler et vivre en Suisse un chapitre complet dédié à la manière d’aborder le marché du travail en Suisse.
doune says
Je crois qu’au-delà des compétences et du savoir-faire, la Suisse attend surtout un savoir-être particulier des candidats. En effet, la capacité d’intégration est à mon avis plus importante qu’une compétence que l’on pourra(it) obtenir rapidement via diverses formations et mise en situation.
En tout cas, c’est ce que je vois ressortir à la lecture de votre blog…
tom says
Bonjour à tous.
Je tiens à illustrer cet article par mon vécu suisse.
Nous sommes arriver de Belgique en septembre dernier. Et notre recherche d’emploi, effectuée depuis notre pays, a été de courte durée.
A ce point que l’on serait un des rares cas a avoir rapidement trouver ( moins de deux mois )
Pourtant, c’était mal parti au regard de mon parcours scolaire… Je n’ai aucun diplôme ! Même pas le petit certificat de fin d’étude. Par contre, j’ai tout fais ( et encore plus ) en autodidacte.
Et cela compte ici les faits. À tel point que mon parcours mélangé à mon expérience pro m’ont permis de donner ma démission à mon premier poste et de trouver un nouvel emploi en un mois.
Concernant ma branche d’activité, je quitte les assurances pour la finance.
Il n’y a pas de secret. De l’expérience. Des faits. Et un cv rédigé à la mode Suisse.
Bonne chance aux meilleurs.
Tom
Ps
Je ne sais dire si cela a un impact, mais, je ne suis pas frontalier et je montre rapidement mon entière intégration à la Suisse afin de créer un climat de confiance avec le recruteur.
David Talerman says
@tom : merci pour ce témoignage. Le fait d’être frontalier ne facilite pas l’intégration naturelle (en comparaison des étrangers qui résident sur place). Mais heureusement, beaucoup de frontaliers sont intégrés et font également l’effort de le devenir !
Joel says
Bonjour,
Votre expérience est particulièrement intéressante.
Je suis dans une situation assez analogue.
Est il possible d’échanger ?
En espérant qu’après 8 mois votre avis soit confirmé !
Merci,
David Talerman says
Avec plaisir !
jitre says
en France ce qui compte c’est l’accumulation de diplomes inutiles :))
crom says
Bonjour,
Je ne suis pas forcément d’accord avec la recherche des compétences de la part des Suisses. En effet, ma propre expérience tend plutôt à prouver que l’on recherche du copier/coller: sur un poste pour lequel mes compétences sont en adéquation avec les exigences du recruteur et les objectifs de la mission, le secteur d’activités prime avant tout. Sur un poste dans mon secteur d’activités, même si mes compétences collent seulement à 50%, je vais être reçu.
Le positionnement de son profil est problématique…
Toutefois, je trouve que les entreprises internationales (anglo-saxonnes majoritairement) me paraissent plus ouvertes au recrutement de compétences.
David Talerman says
Merci pour ce retour d’expérience. Ce que vous avez vécu correspond à une situation, et très probablement à une situation de forte concurrence (sur le marché, plusieurs candidats correspondent au profil, et l’entreprise mandante dresse la « liste de Noel » des compétences attendues).
Dans tous les cas, à profil égal, les compétences feront de toute façon toujours la différence.
Quelle que soit la configuration, il est de toute façon important de les mentionner explicitement dans son CV et de les valoriser dans sa lettre de motivation.
garibal says
c’est totalement faux en ce qui concerne la restauration en tout cas.
jusque janvier 2012 l’experience tenait une grande place mais depuis le changement de la convention collective, seuls les diplomes prévalent. les textes sont tres clairs a ce sujet.
avec 15 ans d’experience face à un jeune diplomé, si vous avez bien sur une chance d’etre embauché, votre salaire sera inferieur à un diplomé sans experience.