Quand je rencontre des candidats à la recherche d’un emploi en Suisse, les questions qu’ils me posent le plus souvent sont : « Est-ce que mon métier est recherché en Suisse ? » ou encore « Y-a-t-il des opportunités d’emploi dans mon métier ?« .
Pour y répondre – du moins en partie – , Manpower sort une étude sur les pénuries de talents, ainsi que le TOP 10 des métiers les plus recherchés et donc les plus en tension en Suisse.
Ce classement n’est pas forcément totalement représentatif de la réalité du marché de l’emploi en Suisse dans la mesure où l’entreprise Manpower n’est pas active dans l’ensemble des secteurs d’activité. Toutefois, c’est un indicateur très utile qui reflète une réalité. Mais si votre métier n’y figure pas, cela peut signifier soit qu’il n’est pas particulièrement recherché par les entreprises suisses, soit qu’il n’est pas couvert par l’étude (ce qui peut notamment être le cas pour les métiers très spécialisés). Enfin, le fait de voir figurer son métier dans ce classement ne veut pas dire que vous trouverez facilement, mais qu’il existe un marché et donc des opportunités probablement meilleures que pour d’autres métiers. Ne l’oubliez pas : les entreprises suisses ont le choix entre beaucoup de très bons candidats, et la compétition est rude.
Cette année, je vous présenterai non seulement les métiers les plus recherchés en Suisse, mais également dans le monde, en France et en Allemagne, 2 pays qui composent une partie importante de la base migratoire de la Suisse. La comparaison est, vous le verrez, intéressante.
Les 10 métiers les plus recherchés en Suisse
Classement | Métiers |
---|---|
1 | Ouvriers qualifiés |
2 | Cadres et dirigeants d'entreprises |
3 | Techniciens |
4 | Personnel comptabilité et finance |
5 | Chauffeurs |
6 | Commerciaux |
7 | Personnel de l'hôtellerie restauration |
8 | Secrétaires, assistants personnels et personnel administratif |
9 | Ingénieurs |
10 | Chefs de projets |
source : Etude Manpower sur la pénurie de talents 2014
Comparaison avec les métiers les plus recherchés dans le monde, en France et en Allemagne
Classement | Monde | Allemagne | France |
---|---|---|---|
1 | Ouvrier qualifié | Ouvrier qualifié | Ouvrier qualifié |
2 | Ingénieur | Ingénieur | Chauffeur |
3 | Technicien (principalement production / exploitation, ingénierie et entretien) | Cadre et dirigeant d'entreprise | Technicien |
4 | Commercial | Spécialiste IT, informaticien | Responsable de ventes |
5 | Personnel de la Comptabilité et de la Finance | Personnel de l'hôtellerie restauration | Secrétaire, assistant et personnel administratif |
6 | Cadre et dirigeant d’entreprise | Secrétaire, assistant et personnel administratif | Ingénieur |
7 | Responsable de ventes | Responsable de ventes | Commercial |
8 | Spécialiste IT (principalement programmeur / développeur) | Médecin et personnel soignant (non infirmier) | Ouvrier non qualifié |
9 | Secrétaire, assistant et personnel administratif | Technicien | Représentant du service clientèle / Support clients |
10 | Chauffeur | Personnel de la Comptabilité et de la Finance | Agent de production / Opérateur sur machine |
source : Etude Manpower sur la pénurie de talents 2014
Mon analyse
- Les ouvriers qualifiés sont les grands « gagnants » de ce classement, au niveau mondial mais également en Suisse, et ce n’est d’ailleurs pas une surprise puisqu’ils apparaissent régulièrement dans ce classement depuis plusieurs années (voir les résultats en 2012 et en 2010 et 2009). On ne pourra que s’interroger sur les raisons pour lesquelles il est si difficile de trouver des ouvriers qualifiés. Notez qu’en comparaison internationale, les personnes travaillant dans les métiers du bâtiment et de la construction en Suisse bénéficient de conditions de salaires plutôt intéressantes notamment grâce à de nombreuses CCT (Conventions Collectives de Travail) finement négociées par les Syndicats suisses.
- Les ingénieurs ont, pour leur part, disparu du top 3 des métiers les plus recherchés en Suisse mais restent dans le TOP 10. Les besoins des entreprises suisses en ingénieurs demeurent très importants, puisque selon une étude, il manque en Suisse environ 15 000 ingénieurs.
- Les cadres et dirigeants d’entreprises, ainsi que les professionnels de la Comptabilité et de la Finance font partie de ces métiers recherchés en Suisse et qui apparaissent depuis plusieurs années dans le classement. Concernant les professionnels de la Comptabilité et de la Finance, les profils recherchés le sont dans les entreprises de beaucoup de secteurs mais également dans les sociétés de consultants (notamment les big 4) qui continuent de recruter, même si l’intensité du recrutement a baissé depuis 2 ans.
- Vous remarquerez également en bonne place les métiers de commerciaux : on en recherche dans beaucoup de secteurs, et notamment dans le secteur des assurances où, en juin dernier, la principale association professionnelle du secteur indiquait que les compagnies d’assurance en Suisse étaient à la recherche d’environ 250 profils de conseillers de vente.
- Les spécialistes IT ont disparu du TOP 10, en comparaison des autres années : je sais que ces profils sont encore très recherchés, mais les entreprises suisses et les recruteurs ont beaucoup de bons dossiers sous le coude. Si vous êtes informaticien et que vous cherchez un emploi en Suisse, il est possible de trouver mais ce sera peut-être un peu plus compliqué que les années précédentes.
- Sur le plan international, 3 professions sont dans le top 10 en Suisse, France, Allemagne et dans le monde : les ouvriers qualifiés, les techniciens (difficile d’exploiter cette information car technicien reste un terme vague) et les ingénieurs.
- Alors que la Suisse semble manquer de cadres et de dirigeants d’entreprise (2ème profession la plus recherchée), ce n’est pas le cas en France : il existe donc des opportunités réelles pour les cadres et dirigeants français qui veulent travailler en Suisse. Attention toutefois, ce n’est pas forcément le cas dans tous les secteurs (dans certains secteurs une expérience locale est indispensable) et compte tenu des différences culturelles qui existent entre la Suisse et la France (elles sont nombreuses, j’en donne d’ailleurs un aperçu dans l’un des chapitres de mon livre « Travailler et vivre en Suisse« ), il peut être très difficile – voire impossible – de manager une équipe suisse avec des méthodes de management françaises. Une adaptation, pour bien vous imprégner et comprendre la culture suisse, est donc à prévoir si vous voulez mettre toutes les chances de votre côté.
Au final, quand je regarde le profil des métiers les plus recherchés en Suisse, je constate qu’il existe un certain équilibre, en ce sens qu’on n’a pas que des profils très techniques ou de haut niveau mais également des profils un peu moins spécialisés (comme chauffeur par exemple). Enfin, je vais devancer certains de vos commentaires : certains me diront « je suis dans le top 10 et je galère pour trouver un emploi en Suisse » : les conditions pour décrocher un job sont nombreuses, et l’existence d’opportunités (ce qui est le cas ici) est une des composantes, et c’est la seule qui ne dépend pas de vous. Toutes les autres conditions (votre manière de valoriser votre parcours dans votre CV, vos démarches, votre capacité à vous vendre entretien…) sont de votre ressort – du moins en grande partie – et c’est sur ces facteurs que vous pouvez – et devez – agir si vous voulez trouver un emploi en Suisse.
CUENOUD says
Qu’en est-il des avocats ? J’ai un ami anglais qui est avocat ? Que peut-il trouver dôme emploi en Suisse ?
dom621 says
Anglais reste au pays.
David Talerman says
Je publie mais je ne suis pas certain de comprendre. Que voulez-vous dire ?
CEVAER-VISONNEAU Jean-Pierre says
Bonsoir,
Les seniors ayant une formation juridique successivement (Diplômé Faculté Paris II, Huissier de justice puis Avocat) pendant une période enseignant supérieur cours de droit peuvent-ils travailler en suisse ?
David Talerman says
Bonjour,
Oui tout à fait.
zora says
je voudrai connaitre les conditions de recrutements dans le secteur de l enseignement dans les cantons francophones. en effet ma fille est titulaire d un master 2 en genie des procedes fait a LYON FRANCE et ceci a la suite d un ingeniorat en genie chimique . merci
malnati says
Ce qui me gêne dans les commentaires de cette étude, c’est que vous ne mentionnez pas que les suisses recherchent des frontaliers (ou qu’au moins ils sont ouverts à une candidature de frontalier); et là, je ne suis pas sûr par exemple, que le recruteur suisse cherche un commercial « frontalier »; ils en ont assez chez eux pour être servi; et ainsi de suite, surtout depuis le printemps 2014…
David Talerman says
Bonjour,
Je pense très sincèrement qu’une entreprise a avant tout besoin d’une personne pour faire un travail. Dans l’exemple que vous citez, un commercial, il semble assez facile de comprendre qu’une entreprise pourrait préférer un local, une personne qui est ancrée dans la vie de tous les jours, et qui connait les codes de la vente pratiqués en Suisse. Alors effectivement, dans la plupart des cas, les étrangers ne seront pas forcément les meilleurs candidats pour ce type de postes. Je crois qu’il faut avoir bien en tête, et à tout moment, que le fait d’être un étranger est un handicap par rapport aux travailleurs locaux, précisément parce que vous êtes étranger. Si je me place du point de vue de l’entreprise, et si je veux optimiser mes ventes et ma réussite, il est probable que je m’oriente plus naturellement vers un travailleur « local ». Je ne vois pas ce qui pose problème ici.
Pour d’autres métiers, peut-être plus en tension, le fait d’être frontalier, suisse ou étranger n’est pas un problème. C’est la loi de l’offre et de la demande, et c’est quelque chose qu’il faut rapidement comprendre avant de chercher un emploi, pour bien comprendre le contexte. Globalement, on le sait, 30% des entreprises ont du mal à recruter. Ce n’est pas 100%.
Et pour ce qui concerne la votation du 9 février dernier, beaucoup de facteurs sont rentrés en ligne de compte. Et l’attitude de certains étrangers, qui n’ont malheureusement pas compris qu’ils étaient dans un autre pays, n’a rien arrangé. Lisez ce commentaire d’une professionnelle RH suisse sur un autre billet, c’est édifiant.
Chatelain Kévin says
Bonjour,
Tout d’abord, je tiens à préciser que la question posé n’as pas vraiment rapport avec le sujet et ne sachant où poster, je me permet de vous écrire ici dans un sujet récent.
Concernant ma question:
Je postule depuis un long moment sur le marché suisse afin d’y travailler en la qualité de résident (ma situation a été brièvement expliqué sur le sujet du lien si dessous au premier commentaire:
Lien: http://blog.travailler-en-suisse.ch/06/2014/6-conseils-entretiens-embauche-juniors.html
Après de nombreux essais et surtout d’échecs, ma candidature à été retenue pour deux postes à pourvoir.
Cependant les deux recruteurs m’ont demandé un permis de travail afin de pouvoir m’inviter à m’entretenir pour un entretien. Permis que je n’ai pas pour la simple et bonne raison que je n’ai jamais travaillé en suisse et qui nécessite pour être acquis un contrat de travail rendant la boucle infini.
J’ai bien précisé ma motivation à vouloir assister aux entretiens tout en expliquant que les démarches de l’obtention d’un permis de travail me serait facilité grâce aux accord bilatéraux entre nos deux nations (je suis français). Cependant, je n’ai plus la moindre nouvelle des recruteurs à ce jour.
Aurais-je mal compris les conditions d’obtention du permis de travail? Et surtout, auriez-vous une « parade » afin de pouvoir persuader le recruteur sur cette « pique » qu’est la nécessité de recrutement d’avoir déjà un permis valable sur soi?
J’avoue que cela est véritablement frustrant d’enfin obtenir une réponse favorable à un entretien mais que l’on vous y refuse l’accès uniquement car vous ne disposez pas d’un permis de travail que seul un employeur, donc lui même ! Peut vous permettre de l’obtenir.
Merci de votre attention,
Kévin Chatelain
David Talerman says
Bonjour Kévin,
Si ce sont des agences de placement, elles exécutent ce que leur client entreprise demande. Si l’entreprise ne veut pas d’étrangers, c’est son choix (sachant que c’est contre les accords bilatéraux et donc illégal, mais je vous déconseille fortement d’avancer cet argument). L’attitude décrite ici me pose plus de problème, car selon moi ils feraient mieux de ne rien dire, ce serait effectivement moins compliqué à accepter pour le candidat, et moins frustrant. Pour répondre à votre question, il n’y a à mon sens pas grand chose à faire dans cette situation, car techniquement, et surtout légalement, rien n’empêche l’entreprise de vous recevoir, et surtout de vous accorder le permis de travail s’ils décident de vous empêcher. C’est donc clairement un choix. Reprenez contact dans quelques semaines avec eux si vous êtes encore disponible, peut-être n’auront-ils pas trouvé de candidats localement. Compte tenu de votre situation, je vous conseille de persévérer, votre profil doit intéresser les recruteurs. Sinon, pourriez-vous m »indiquer les agences ou entreprises en question ? Je ne les publierai bien sûr pas, mais cela me permettra de donner quelques conseils à des personnes qui se trouveraient dans cette même situation.
priscilla says
Bonjour, je suis francaise, j’ai 29 ans; j’ ai fait une formation adulte et j’ai obtenu mon CAP patisserie il y a 2 mois. Je souhaiterai travailler en suisse. Pensez vous que j’ai mes chances de trouver un emploi? Merci.
Pichon says
Bonjour,
C’est bien beau votre top ten ! Seulement voilà je suis suissesse habitant en France voisine et recherche un emploi depuis deux ans comme assistante administrative aide comptable en Suisse. Résultats des courses : aucun entretien. J’ai 52 ans et suis frontalière, tous les barrages quoi !
David Talerman says
Bonjour,
Ce n’est effectivement pas la « configuration » idéale, mais il y a toujours des possibilités. Il faudrait aller plus en détail et voir ce qui bloque (est-ce le CV, le dossier de candidature, le marché qui est trop étroit…). Une fois ces interrogations levées, il est ensuite plus simple de concentrer ses efforts. Enfin, dans un pays où 2/3 des 55 – 65 ans est en activité (contre 1/3 seulement en France par exemple), les opportunités pour les seniors sont réelles. Mais c’est effectivement plus dur que pour les juniors ou les moins jeunes.
jerome says
bonjour Mr TALERMAN,
Tout d’abord, je tenais a vous dire que votre intervention vendredi au forum d’annemasse sur le c.v était plus qu’intéressante.
Je souhaitais savoir si le métier de décolleteur était recherché dans le canton de Genève, et si oui, quel salaire pourrai-je prétendre lors d’un futur entretien?
Je tiens a dire que je ne souhaite pas être frontalier « que » pour le salaire, mais malheureusement, il est une réalité lorsque l’on habite en haute savoie, est que même si les 2 personnes travaillent en cdi 35h avec un salaire de 1300€ net/mois, il est tout bonnement impossible de vivre » convenablement ».
– loyer exorbitant+ charges élevés+ tous les prélèvement mensuel de Mr et MMe tout le monde+ école extrêmement chère ( garderie et cantine et nounou) = OBLIGE DE PARTIR TRAVAILLER EN SUISSE
je ne veux pas faire mon caliméro mais simplement trouver une solution pour ne pas tomber plus bas…
Merci pour votre réponse et surtout continuez comme ça!
Jérôme
leh chr says
mon metier est soudeur specialise en TIG c’est demandee? merci
David Talerman says
Bonjour,
Je ne sais pas, il faut chercher !
Ben Farj says
Votre raisonnement est logique selon les normes de qualités requises pour un commercial local mais pour l export cela ne peut pas etre le cas (prospection des marchés extérieurs)..
Chouma says
Bonjour Monsieur Talerman,
je suis ressortissant marocain, ingénieur en génie civil, diplômé de HTW-Berlin en Allemagne (Dipl.-Ing(FH) ), avec 13 ans d’expérience dans le domaine, je parle 4 langues (Allemand, Français, Anglais et Arabe), j’ai une proposition de poste en suisse et j’aimerais bien savoir si j’ai de la chance pour obtenir un visa / permis de travail pour la suisse.
Merci d’avance !
et
cordialement
David Talerman says
Bonjour,
Je ne sais pas. Compte tenu de votre profil, je dirais que vous avez tous les atouts pour l’avoir, mais il est difficile de se prononcer avant. Si votre employeur a l’habitude de faire ce type de demandes, alors ce sera plus simple.