Je viens de découvrir une étude très intéressante qui compare, pour différents pays, les primes versées par les personnes dans les différents contrats d’assurance (à la fois sur les contrats dits « vie », comme l’assurance maladie par exemple, ou le « non-vie », comme par exemple l’assurance voiture).
A première lecture, ces statistiques laissent entrevoir l’image d’une Suisse :
1 / qui dépense beaucoup pour l’assurance, puisque le pays est en 16ème position au niveau mondial pour le volume total de primes dépensées en assurances (par comparaison, l’Espagne est en 11ème position, et la France, dont la population est environ 9 fois plus importante, est en 4ème position).
2/ dont la population semble très largement sur-assurée puisque si on rapporte les primes totales dépensées par habitant, la Suisse est en 2ème position juste derrière les Pays-Bas, la France étant en 7ème position. Ainsi, en Suisse, on dépense environ l’équivalent d’un peu plus de 6 250 dollars par habitant (en France, c’est un peu moins de 4 270).
Les Suisses sont certes sur-assurés, mais pas tant que cela…
Bref, si on s’arrête à ces chiffres, on se dit que les Suisses sont d’incroyables consommateurs de produits d’assurances. La réalité est un peu différente tout de même, puisque pour certains de ces produits, ils n’ont pas d’autre choix que de les souscrire. En effet, d’une part, l’assurance maladie en Suisse est à la charge intégrale de l’employé (assurance de base et éventuelle complémentaire), ce qui n’est pas le cas de tous les pays (par exemple, en France, le régime général de la Sécurité sociale, équivalent dans l’esprit de l’assurance de base LAMal, est étatique et ne semble par rentrer dans les statistiques).
D’autre part, les statistiques de l’étude tiennent compte du 2ème et du 3ème pilier (retraite) qui n’ont, pour ainsi dire, pas d’équivalent en Europe. Et cela représente des sommes d’argent très importantes, ce qui, je pense, fait augmenter les statistiques de cette étude pour la Suisse.
Les 5 premiers pays du monde dont les habitants sont les plus assurés
Selon l’étude SIGMA, les 5 pays dont les habitants sont les plus assurés sont :
Pays-Bas : 6 554
Suisse : 6 257
Danemark : 5 528
Luxembourg : 5 226
Royaume Uni : 4 578
Le chiffre représente le montant en dollars dépensé par habitant et par an.
Un petit conseil en passant…
Je profite tout de même de ce billet pour vous donner un conseil simple si vous arrivez en Suisse et qui peut être vous évitera de vous assurer 2 fois pour rien :
L’assurance accident : si vous êtes salarié, vous êtes assuré contre les accidents professionnels (par les cotisations de votre employeur) et non professionnel (par vos propres cotisations). Vous pourrez voir ceci directement sur votre feuille de salaire. Aussi, il est absolument inutile de souscrire une assurance accident dans le cadre de l’assurance maladie obligatoire LAMal (qui vous est pratiquement systématiquement proposée par les comparateurs). En revanche, les autres membres de la famille qui ne travaillent pas ne sont pas assurés contre les accidents, et ce type d’assurance peut alors être utile (sans pour autant que ce soit une obligation).
Au total, les assurances obligatoires (comme le 2ème pilier, l’assurance maladie) et non obligatoires représentent un peu plus de 18% du budget des ménages en Suisse.
Source : Sigma – L’assurance dans le monde en 2009 (Swiss Re)
Recevez par mail directement tous les nouveaux billets du blog de Travailler en Suisse et devenez fan du Groupe Facebook « Travailler et vivre en Suisse«
Jerome Pineau says
Sauf erreur le 2eme pillier n’est pas obligatoire quand on est a son compte si?
Merci
J.
David Talerman says
@Jérôme : tout à fait exact. Les indépendants peuvent choisir ou pas d’avoir un 2ème pilier, mais ce n’est pas obligatoire. Beaucoup préfèrent souscrire un 3ème pilier.
Robert Marchenoir says
Ce classement n’a aucune signification pour les assurés. Il n’a d’intérêt que pour les marchands d’assurances.
En effet :
1) Il ne tient pas compte des assurances sociales publiques. Par conséquent, les cotisations obligatoires de Sécurité sociale, « salariales » et « patronales », ne sont pas comprises pour la France, pas plus que la CSG et la demi-douzaine de prélèvements comparables qui lui ont été ajoutés, afin de combler le trou de la Sécu que le monde entier ne nous envie pas. Cela représente des sommes gigantesques, prélevées sur les revenus des Français même s’ils n’en réalisent pas toujours l’ampleur.
A cet égard, le classement de la France « seulement » au 4e rang mondial est stupéfiant. Il signifie probablement que si on ajoutait les cotisations de Sécurité sociale, la France serait champion du monde et de loin.
De plus, la comparaison entre la France et la Suisse devient invalide, puisque une grande partie du coût de l’assurance maladie, accidents et retraite n’est pas prise en compte pour la France (système d’Etat), tandis qu’elle l’est pour la Suisse (système en grande partie privé).
2) Ce classement mélange deux choses très différentes : les assurances qui garantissent un risque, et l’assurance-vie utilisée comme produit d’épargne. Les premières sont en partie obligatoires (assurance-maladie en France et en Suisse, assurance auto, assurance habitation…). La seconde est facultative. Evidemment, l’assurance-vie est aussi une garantie contre un risque à peu près certain qui est celui de la retraite. La frontière entre les deux catégories n’est donc pas étanche. Mais elle est bien réelle.
On ne peut donc se servir de ce classement pour en tirer des conclusions en termes de coût de la vie ou de budget domestique.
Cette deuxième caractéristique explique probablement le niveau très élevé de la France dans le classement. On sait bien que l’assurance-vie en tant que produit d’épargne tient une place très importante en France.
David Talerman says
@Robert : c’est un peu ce que je dis dans mon billet en substance. Mais avec tous ces éléments (qui ne font pas partie de l’étude), ce sont des statistiques qui restent intéressantes à mon sens.