En cette journée de grève nationale en France contre la réforme des retraites, il est bon de rappeler certains chiffres et certaines vérités.
Ceux qui manifestent sont les mieux traités
La 1ère qui me vient à l’esprit, c’est la situation privilégiée des personnes qui font la grève : les syndicats français ont essayé de faire croire à l’opinion publique que le privé faisait aussi la grève. Indéniablement, la grève reste en France l’affaire du secteur public et des cheminots, avec des employés qui sont majoritairement au bénéfice d’un système de retraite beaucoup plus intéressant que ceux proposés dans le privé.
Les cheminots, qui bénéficient d’avantages pour la retraite indécents en comparaison des employés du secteur privé, font donc la grève pour que le départ possible à la retraite à 50 ans ne soit pas reporté à 52… Consternant. Vive l’égalité de traitement.
Les jeunes s’en mêlent
Je propose de décerner une médaille aux syndicats français d’étudiants qui ont réussi à persuader certains étudiants qu’il fallait manifester contre la réforme des retraites. Aujourd’hui, la dette par habitant est, grosso modo en France, de 33 000 euros. Si aucun mesure n’est prise dès maintenant, ce sera bien pire après. Ce qui signifie en gros que les jeunes générations vont payer 2 fois : pendant qu’elles seront actives, et lorsqu’elles seront à la retraite.
Comparaison Suisse / France : 128 jours de grève pour 1000 salariés en France, contre 9,3 en Suisse
Bon, les chiffres ne concernent pas la même année (2007 pour la France, 2004 pour la Suisse), mais je crois qu’ils parlent d’eux-même. C’est consternant.
Et à chaque fois que je dis que je suis Français à l’étranger, j’en ai marre de m’entendre dire : « Ah oui ! Le pays où on fait toujours la grève…« .
Et vous, que pensez-vous de la situation en France ?
Sources : Ministère français du travail, nombre de jours de grève en France, Swissinfo, IFRAP
Bruno B. says
Bonjour,
Nous nous sommes rencontrés à Zürich lors du séminaire « Bienvenue en Suisse ».
Je lis donc maintenant régulièrement votre blog, très intéressant.
Et je profite de cet article pour vous passer le lien d’un article qui vous intéressera sûrement (vous l’avez déjà lu peut-être):
http://www.courrierinternational.com/article/2010/10/13/le-courage-de-reformer
Pour le quotidien suisse Le Temps, les Français devraient « en finir avec cette infirmité nationale où les privilégiés de la grogne étouffent les majorités (encore) silencieuses ».
Salutations.
David Talerman says
@Bruno : merci beaucoup pour ce lien très intéressant. Souvent, la presse étrangère a un oeil beaucoup plus affûté sur la France que la presse nationale…
A bientôt sur le blog.
David says
C’est juste honteux, accablant…
Toujours la même minorité de privilégiés qui handicape le pays et pénalise les travailleurs du privé.
Et c’est encore plus navrant de voir les politiques appeler les jeunes à aller manifester dans la rue!
Vilay says
Vive la Suisse, pays plus pragmatique que dogmatique. Je suis sidéré de voir ces lycéens français qui ne savent même pas pourquoi ils manifestent s’en prendre à la seule petite réformette (car 62 ans, c’est clairement insuffisant) qui leur garantirait un semblant de revenus une fois à la retraite.
J’en entends encore un affirmer du haut de ses 17 ans: « lorsqu’on travaillera, ce sera le plus dur, alors la retraite, ce sera notre récompense », comme si la vie active était nécessairement une galère et que le but de toute vie, le Graal était la retraite.
J’ai eu mon propre coup de gueule:
http://www.windowtofrance.com/2010/10/10/eux-les-francais/
David says
Bonjour à tous, le sondage d’aujourd’hui montre que 71% des Français sont favorables aux mouvements de grève. Je fais donc partie des 18% farouchement opposés au blocage économique de notre pays…
Mais que se passe-t-il? Comment peut-on volontairement scier la branche sur laquelle on se tient???
Pourquoi les 3/4 de la population refusent de comprendre qu’un certain nombre de systèmes (dont celui des retraites) sont obsolètes, et plombent les comptes du pays…
Enfin, même si en état de démocratie chacun a le droit de dire ce qu’il pense, quelle bêtise de paralyser toute l’économie de son pays!!! Que vont se dire les grandes sociétés qui investissent ou qui veulent investir en France? Avec ce genre de comportement, les Français s’empêchent de développer une Industrie compétitive, avec toutes les conséquences que cela comporte…
Marlène says
Je ne sais pas si on peut vraiment comparer les grèves en Suisse et en France sans parler du reste. En Suisse, les gens peuvent vraiment avoir une influence sur le système politique en présentant des référendums et des initiatives, alors qu’en France, j’ai l’impression que le seul moyen de parole est la grève. De plus, il ne faut pas oublier une chose : le droit de grève est interdit en Suisse. Il n’est autorisé que lorsque les employeurs ont fait quelque chose d’anticonstitutionnel (de mémoire, c’est une mesure qui a fait suite à la grève générale qui a paralysé le pays durant la Première Guerre mondiale).
Vu d’ici (je suis suissesse), j’ai l’impression que la grève française n’est que la partie émergée de l’iceberg et fait suite à un mécontentement global. Franchement, quand je vois le SMIC comparé au prix des logement à Paris (je ne connais pas trop le marché ailleurs), je me demande comment les parisiens font pour vivre ! La situation est peut-être moins dramatique ailleurs en France, mais elle reste quand même difficile.
Ceci dit, quand on me dit qu’on manifeste pour que les retraites restent à 60ans (voire 55), ça me fait tout de même bien rigoler !
David Talerman says
@Marlène : merci pour votre témoignage. Très juste : le peuple décide en Suisse, et pour le SMIC, c’est vrai que je me demande toujours comment font les gens…
Irene says
@Marlene
vous avez bien raison,
je suis Française , Parisienne et ai vécu plus de 15 ans à l’étranger, et pour raisons familiales ai dû revenir dernièrement vivre et travailler en France.
alors à Paris, après mon parcours, je ne peux pas me plaindre de mon salaire, je ne suis pas ingénieur, et ne sors pas d’une grande Ecole technique mais ai un diplôme en sciences physiques et informatique, sauf qu’après plusieurs ‘stages’ en recherche, et vu les faibles opportunités je n’ai alors pas pu continuer à rêver d’études longues ‘pour leplaisir’, et n’ai travaillé qu’en industrie. Et encore après la crise de 2001 n’ai même plus occupé un poste tehnique en rapport avec mon diplôme. Je suis devenue juste une administrative, ‘assistante’ des grands chefs. Je peux donc dire qu’on peut avoir 4000 euros net à Paris sans faire de travail bien intellectuel mais juste stressant et sans ‘énormes’ responsabilités. Malheureusement mes amis sans grande Ecole et sans langues étrangères (au moins l’anglais,si mal enseignée en France …nous sommes au 21es), mes enfants donc sont bien moins lotis et avec Ecoles ou pas , sauf s’ils n’ont pas fait la ‘crème de la crème ‘ de nos vilains privilégiés, et même (surtout?) s’ils sont chercheurs en sciences avec leurs doctorats et pleins de titres internationaux, s’ils ne sont pas médecins dans le civil ou professions libérales, donc s’ils appartiennent à la ‘simple’ et majorité de la population, diplôme ou pas diplôme, je vous jure, qu’ils rament…les loyers sont indécents, la qualité des services humiliante et j’en passe…Je ne vous décris pas le calvaire de l’écart qui se creuse entre le sriche ste les pauvres dans notre capitale où le monde entier riche s’achète tout ce qui est vivable, et comment les gens ne pensent se ‘sauver’ qu’en ‘faisant des enfants’…pour s’apercevoir qu’un enfant qui grandit coûte bien sûr et coûte cher…Alors je suis partie vivre en ‘province’ , doux mot qui hors des grandes métroples veut dire encore chez nous ‘moyen-âge’ , pas de transport (50 ans de retard dans les Plans des différents ministères, et encore plus celui des Transports tout occupé à défendre le monopole de la SCNF au dépend des citoyens…), tout pour la voiture (encore un autre monopole à défendre), ‘péri-urbanisme’ synonyme de paupérisation et villages-dortoirs, les gens livrés à eux-mêmes, vieux ou jeunes peu importe: ou t’habites un endroit de rêve et alors tant pis pour toi pour essayer d’avoir un travail ou y parvenir en termes de mobilité, ou tu reviens à l’entassement de ces 4-5 villes pourvoyeuses du plus d’emplois sur l’ensemble du territoire. On préfère endetter le public et les gens avec des minimums sociaux de précarité que mettre le pays au travail dans la dignité et en pensant au futur, en développant ne serait-ce que la mobilité.
Bref, bienvenue de retour en France…