Les temps sont durs et je vois qu’autour de moi, en Suisse ou en France, les familles ont des budget serrés. Alors le sujet des revenus et de l’argent en général interpelle. Et en parcourant la presse française, je suis tombé sur un titre très accrocheur du magazine français Mieux vivre Votre Argent qui nous promet de gagner plus sans travailler plus.
Un journaliste aurait-il trouvé la solution pour nous éviter des années de dur labeur ? N’en pouvant plus, j’ouvre le magazine pour découvrir ces fameuses astuces qui pourraient nous permettre de gagner plus d’argent sans avoir à beaucoup travailler.
Cumulez les allocations familiales… en France
Je vous passe les conseils du type « Louez ponctuellement votre logement » (encore faut-il être propriétaire), « Confiez vos bois à des sociétés de chasse » (tout le monde a au moins un ou deux bois à confier, c’est certain), et vais directement à ce conseil : le magazine nous propose ni plus ni moins de cumuler les allocations familiales (en toute légalité), nous explique comment et nous apprend que de nombreuses allocations sont peu connues et disponibles pour peu qu’on les demande !
Un conseil choquant qui n’aurait pas sa place dans un magazine suisse
Je trouve choquant qu’un magazine reconnu fasse ainsi un appel au « débit » des biens publiques. Car en effet, soit le foyer concerné est en difficulté, et il est fort probable qu’il bénéficie déjà de ces aides, soit il n’est pas en difficulté et perdra son temps à faire une demande et fera perdre son temps à l’administration, ou pire encore : se verra accorder des aides par erreur (ce ne serait pas la première fois). Par ailleurs, presque tous les autres conseils s’adressent à des personnes ayant déjà un certain patrimoine, alors que vient faire ce conseil ici ?
En Suisse, il est peu probable qu’un tel article voit le jour, et il serait même probablement mal vu du public : dans un pays qui va assez loin dans sa traque aux fraudeurs à l’assurance invalidité, on n’aime pas dilapider l’argent public, et il arrive parfois que des familles aisées refusent de bénéficier de l’aide sociale même si elles y ont droit.
Autre pays, autre culture…
Et vous ? que pensez-vous de cette différence culturelle ?
Si vous vous mettez dans le cadre français, il n’y a rien de choquant. La contrepartie d’une fiscalité très élevée est un assistanat très élevé. L’action de l’Etat-providence consiste toujours à voler les uns pour assister les autres. Mon point de vue, très pessimiste, est qu’il est impossible d’arrêter ce processus délétère, si ce n’est par la ruine des contribuables et la faillite complète de l’Etat. En France, on s’en approche chaque jour, voyez les déficits publics et la dette !
Quelque chose que les Français ne comprendront jamais, et que pourtant Bastiat avait déjà écrit au XIXe siècle : « Il ne faut pas que le peuple s’attende à ce que l’État le fasse vivre puisque c’est lui qui fait vivre l’État. »
@Laure
On ne paie pas plus d’impôts en Suisse qu’en France en moyenne : http://www.travailler-en-suisse.ch/impot-suisse-france-comparaison.html
Par contre, pour le déficit public, je suis plutôt d’accord…
Votre étude ne s’intéresse qu’à l’impôt sur le revenu, or il y a bien d’autres impôts à prendre en compte, notamment la TVA, qui font toute la différence.
En revanche, la Suisse est un des rares pays où existe encore un impôt sur la fortune, et ceci à partir d’un plancher très bas (50000 CHF si je ne me trompe pas).
Oui, le plancher est même plus bas dans certains cantons, mais le prélèvement est très symbolique (ça se compte en « pour milles »).
> David,
Dans l’article indiqué en lien, vous titrez : « Le taux d’imposition moyen en Suisse est de 40% ».
Après lecture de l’étude KPMG, il me semble que c’est faux. Ce que je comprends de cette étude, c’est que le taux d’imposition sur le revenu de la tranche la plus lourdement imposée est, dans le canton de Zürich, de 40 %, une fois additionnés les trois niveaux d’imposition (communal, cantonal et fédéral). Et que par ailleurs, ce chiffre varie de 20 à 43 % à travers la Suisse.
Par conséquent, 40 % semble être le taux maximum (et non moyen) à trois égards : il s’agit du taux marginal pour ceux qui gagnent le plus (et qui atteignent donc la tranche la plus élevée) ; et c’est le taux le plus élevé (à 3 points près) en fonction du lieu d’imposition.
En revanche, ce taux ne comprend pas l’impôt sur la fortune. Certes, vous mentionnez qu’il se compte en général en millièmes seulement, mais si je comprends bien, contrairement au régime français, il n’est prévu d’exemption ou de réduction ni pour la résidence principale, ni pour les parts de société si vous êtes propriétaire ou associé dans votre entreprise.
J’ignore si l’impôt confessionnel est compris dans les 40 %, mais je suppose qu’il reste marginal.
Mon interprétation est-elle correcte ?
> Laure
Si j’ai bien compris, le taux de TVA maximum est de 8 % en Suisse, ce qui est bien plus faible que les 19,6 % français. Cependant, cette comparaison n’a pas beaucoup de signification en termes de pouvoir d’achat, dans la mesure ou le niveau global des prix, TVA comprise, est nettement plus élevé en Suisse.
En revanche, l’un des classements de KPMG les plus instructifs est celui où l’on additionne les cotisations sociales patronales et salariales : là, la France est championne du monde, les doigts dans le nez !
@Robert : analyse très juste, j’ai fait un raccourci mais il est maîtrisé. Sur le fond, je pense qu’on pourrait faire un blog sur la fiscalité en Suisse sans jamais tarir le sujet…
Je précise tout ceci dans la page « Impôts sur le revenu en Suisse : comparaison internationale » du site Travailler-en-Suisse.ch. En fait, la comparaison n’est pas si simple car selon votre situation personnelle, vous payerez dans un cas plus d’impôts en Suisse ou plus en France. Ce critère a l’avantage de permettre une comparaison…
Pour compléter votre analyse, vous pouvez jeter un oeil sur l’étude UBS « Prix et Salaires« , qui fait apparaître le total des impôts ET des cotisations sociales en pourcentage du salaire brut, pour plusieurs villes dans le monde, dont Genève, Zurich, Paris et Lyon. On remarque que pour Genève, ce taux est à 30%, Zurich 25%, Paris 26% et Lyon 24%…
Concernant les possibilités de réduire son impôt, en France les possibilités sont nombreuses, en Suisse c’est beaucoup plus réduit, et ça passe en général principalement par la prévoyance (2ème et/ou 3ème pilier).
Merci de ces précisions, David. Mais alors, qu’est-ce qui fait à la Suisse cette réputation de modération fiscale ? Est-ce uniquement le forfait, qui, si je comprends bien, permet à des étrangers très riches de payer beaucoup d’impôts en Suisse, au lieu d’en payer énormément dans leur pays d’origine ? Sont-ce les cotisations sociales, qui paraissent , elles, nettement plus faibles qu’en France (ce n’est pas difficile…) ? Ou bien la fiscalité des entreprises est-elle plus légère ?
@ Robert : très juste, je crois que c’est une conjonction des 3 facteurs que vous mentionnez :
1 – le forfait fiscal : voir le site Travailler-en-Suisse.ch
2 – les cotisations sociales / charges sociales, effectivement plus réduites
3 – la fiscalité des entreprises (impôt sur les sociétés), très faibles dans certains cantons.
Mais le « fantasme » de la Suisse où on paie peu d’impôt n’existe pas !
David, traitez-vous de la fiscalité des entreprises (et des indépendants) sur votre site, ou dans vos livres ?
@Robert : oui, j’en parle dans « Travailler et vivre en Suisse » dans une rubrique, mais de manière un peu moins développée que pour les particuliers.