J’ai déjà écrit plusieurs billets sur le thème de l’instabilité du système fiscal français, comparé au système suisse, mais je trouve intéressant d’en reparler aujourd’hui puisque l’actualité l’exige.
Pour ceux d’entre-vous qui gardent un oeil sur ce que se passe en France, vous avez sûrement entendu ou lu la déclaration de François Fillon de ce jeudi, décidé à raboter de 10% les 500 niches fiscales qui existent en France, et à en supprimer certaines.
Voici pourquoi, en quelques lignes, cette mesure devrait profiter à la Suisse.
Quand les règles du jeu fiscal changent en cours de route
Mettons-nous donc à la place de ces entrepreneurs français qui ont massivement monté des sociétés spécialisées dans les services à la personne (et qui, indirectement, bénéficient de ces niches fiscales), ou encore dans celle des investisseurs immobiliers, qui ont pour la plupart emprunté sur plusieurs dizaines d’années : à présent, il va falloir leur expliquer que finalement la conjoncture a changé, et que ce pour quoi ils avaient signé n’est plus valable… Pas sûr qu’on les y reprenne la prochaine fois.
Une décision inégalitaire sur un sujet qui l’était déjà
Cette décision fait débat, à droite comme à gauche. Mais le commentaire le plus étonnant que j’aie entendu, c’est hier sur France Info, celui du député socialiste Pierre Moscovici, qui prétendait que ce système de rabotage généralisé était particulièrement injuste. Certes, alors il faudra aussi qu’on arrive à me convaincre qu’il n’y a rien d’injuste dans le fait que 50% de la population française ne paie pas d’impôt.
Ce problème illustre parfaitement le problème majeur du système fiscal français : l’inconstance des mesures fiscale, et les inégalités importantes qui en découlent de tous côtés. Et lorsque vous interrogez des exilés fiscaux français, qu’ils soient en Suisse ou ailleurs, c’est précisément ces points qui leurs ont posé un problème majeur, et ont déclenché leur départ. Du coup, ça fait les choux gras de la Suisse, qui récupère petit à petit non seulement les riches contribuables, mais également de plus en plus les retraités.
Une mesure qui va torpiller la classe moyenne et la croissance
Si on suit cette logique, on peut se demander si le fait de réduire les avantages liés aux niches fiscales changera quelque chose ou pas. En fait, il est probable que les seuls vraiment touchés soient la classe moyenne / supérieure, qui n’a pas toujours les moyens de partir à l’étranger. Sans parler du risque de coup de frein sur la croissance.
Quand tous les chefs d’entreprises, et autres personnes à haut revenus seront partis, et que la classe moyenne aura été proprement tondue, les tensions sociales risquent de s’amplifier. Alors suivez mon conseil si vous êtes cadre ou employé spécialisé : trouvez vite un job en Suisse, et habitez-y (d’autant que c’est la destination préférée des cadres français). Il n’y aura pas de place pour tout le monde dans quelques années.
Recevez par mail directement tous les nouveaux billets du blog de Travailler en Suisse et devenez fan du Groupe Facebook « Travailler et vivre en Suisse »
C’est évidemment une des grandes différences entre la Suisse et la France. En Suisse la fiscalité est relativement stable et surtout compréhensible. Je viens de jeter un oeil sur le calcul de l’impôt en ligne français. En fonction des situations personnelles ou des déductions possibles, c’est d’un compliqué !!!!!
Je vous rejoins totalement sur le fait que tout ceci est particulièrement favorable à la Suisse, et la bonne santé du pays ne fait que confirmer cela.
David, mon dernier article devrait vous intéresser … (bien que le thème soit plus social que fiscal)
Paradis suisse et enfer français : les chiffres parlent !
@Laure : ce billet est excellent ! Je n’arrive pas à mettre de commentaire sans être inscrit à blogger. Si jamais, voici un de nos services gratuits qui permet de simuler votre feuille de salaire, avec les explications : http://www.expatwire.ch/Calculer_son_salaire_net_et_comprendre_sa_fiche_de_paye,p56,14.html
Je crains que cela de dure pas malheureusement, j’ai l’impression que la stabilité fiscale suisse ne plait pas à tout le monde même si, sur ce blog, elle est une vertu. Je lis que l’UE prépare des attaques sur la Suisse à propos de la concurrence fiscale après s’être attaquée au secret bancaire. On va donc demander à la Suisse de réformer (donc de déstabiliser, un peu à la française…), le système d’imposition. Naturellement en nivelant par le bas…en s’alignant sur les plus mauvais…parce qu’ils sont puissants et que ceux-ci cèderont toujours à la facilité, menaces, mesures de rétorsion etc…Au lieu d’essayer de faire mieux par l’attractivité. Cela me fait penser au député français Montebourg qui s’insurgeait de ce que Genève attire les holdings et les sièges internationaux des multinationales et fait, par là-même, de l’ombre à Paris qui, sans cela et sans efforts, verrait toute cette mane tomber dans son escarcelle. On peut toujours rêver…