J’ai eu hier une discussion avec un ami qui me disait qu’ il lui semblait difficile de rallier la population française sur l’idée qu’il fallait travailler plus car de toute façon, quand on rentrait à un poste « en bas de l’échelle » dans une entreprise française, il était très rare d’évoluer et de récupérer après quelques années ne serait-ce qu’un poste d’encadrement.
Et effectivement, en France c’est bien votre diplôme qui vous « donne le droit » ou non de jouer dans la cours de grands : ce corporatisme, probablement une des plus grandes causes de la sclérose économique du pays (avec le syndicalisme à la française), est une caractéristique inédite de l’hexagone, et n’est malheureusement pas de nature à motiver les troupes.
En Suisse, tout le monde a sa chance, et pas seulement les diplômés
En Suisse, on n’envisage les choses de la même façon. Il existe certes d’autres sortes de corporatisme, mais au moins on laisse sa chance à tout le monde. Un exemple ? Marcel Ospel, l’ex PDG de l’UBS, est issu de la filière apprentissage.
Regardez parmi les dirigeants des entreprises du CAC 40 qui n’a pas fait une grande école d’ingénieur, de commerce ou l’ENA : je vais vous faire gagner du temps, il n’y en a pas.
En Suisse, tout le monde ne pourra pas accéder à tous les postes, mais on n’aura pas d’a priori sur vos compétences à la seule vue de vos diplômes. Cependant, ces derniers sont tout de même importants, car ils permettent dans bon nombre de grandes entreprises de fixer votre fourchette de salaire…
Moralité : venez tenter votre chance pour travailler en Suisse.
J’ai recemment appris que la société Richemont était noyautée par des Francais qui reproduisent ce système de caste par école d’origine.
Quand on exporte ce que l’ona de moins bon.
Perso j’ai vraiment ressenti ca en France ou après 3 années sans augmentation, sans évolution, même lorsque le grand directeur venait me remercier dans mon bureau pour avoir débloqué un des projets les plus importants du département.
En Suisse on me juge sur ma performance, et 10% d’augmentation en 2 ans, je suis plus motivé et l’entreprise fait des benefices.
Je pense pas que ce soit une bonne idée de motiver les gens à venir travailler en Suisse. C’est déjà assez le bordel comme ça sur les routes qui sont totalement saturées !! (surtout la rn201). Et ce n’est pas l’autoroute à 4€ l’aller qui va arranger les choses étant donné que la douane de Bardonnex fera toujours goulot d’étranglement. Néanmoins, l’article est intéressant, comme tous les autres d’ailleurs. Bonne continuation ! (pour quand le livre ?)
😉 Il y a, il est vrai, du trafic, mais il y a toujours eu du trafic. Et puis autant chercher des jobs intéressants et un environnement motivant là où il y a de quoi faire.
Sinon, le livre sort entre le 21 et le 28 mai.
Dans l’entreprise où je travaille (qui est une entreprise française implantée à Genève), je n’aurais jamais eu ma chance à Paris. 21 ans + BTS -> même pas d’entretien.
Ici, non seulement on vous laisse une chance, mais en plus on vous récompense de votre travail.
Pour moi le salaire n’est qu’une infime partie des raisons qui font que je suis ici.
La plus grande des raisons, c’est que depuis que je suis arrivée à genève, je recommence à faire des projets, à voir à long terme, à vouloir des enfants, etc.
En France, j’avais un rideau noir devant les yeux. Un avenir qui avait l’air aussi reluisant que le présent… La Suisse, professionnellement parlant, pour moi c’est l’espoir pour les jeunes français…
Concernant les diplômes et le corporatisme en France. Je suis d’accord. Mais il faudrait être naïf pour penser qu’en Suisse, la hiérarchie et les postes sont offerts aux plus méritants… Mon expérience suisse et en particulier Zürichoise ne va absolument pas dans ce sens. Partout une classe de priviligiés se réserve les meilleurs postes.
J’ai aussi un parcours universitaire suisse et je dois dire que la manière dont nombre de mes collègues ont été traités m’a vraiment choqué. Durant mon PhD, à peu près un tiers des étudiants en thèse ont été forcés de partir, après 2 ou 3 ans de thèse!!! Parmi eux beaucoup d’étudiants très talentueux. On a brisé la carrière de jeunes motivés et capables. En venant en Suisse ils attendaient beaucoup. On les a en quelque sorte vidé de leur substance et démandé de partir. Pourquoi? Parce que le dirigisme suisse condamne ceux qui veulent s’affirmer. Et quand je dis « s’affirmer », je ne parle pas d’arrogance ou de problèmes de comportement. Il s’agit de science. Vous avez probablement une expérience heureuse en Suisse et c’est pourquoi vous dénoncez avec autant de « self confidence » les pratiques de vos voisins. C’est d’ailleurs un hobby en Romandie. J’aimerais savoir quel est le but de votre démarche. Vous avez avez besoin de légitimer votre business?
On ne peut pas présenter un shéma aussi manichéen de l’univers du travail. Mon expérience me montre une réalité tout à fait autre.
gabchem,
Merci pour votre contre-argumentation.
Je n’ai pas besoin d’apporter une légitimité au travail en Suisse, les chiffres d’immigrants (plus 100 000 par an) parlent d’eux-même.
Je ne souhaite pas non plus délivrer une image idyllique du pays, j’essaye au contraire d’être le plus objectif possible, même si parfois je porte quelques coups de gueule qui écornent tantôt la Suisse, tantôt la France. De mon point de vue, il n’y a pas de pays idéal dans l’absolu, mais plutôt un pays « idéal » pour chaque profil particulier.
Dans ce billet, j’essaye de souligner le fait qu’en France, la progression est impossible sans diplôme, ce qui n’est objectivement pas le cas en Suisse.
Des situations de copinage, il y en a en Suisse, c’est certain, j’en ai moi-même fait les frais plusieurs fois (et d’ailleurs je le dis clairement dans le billet). Mais je vous assure que ce n’est rien par rapport au corporatisme organisé qu’on trouve en France… Savez-vous pourquoi le salaire des patrons du CAC40 ont augmenté en moyenne de plus de 45% en 2007 ? Parce que chacun siège au conseil d’administration de la société de l’autre… Cet exemple un peu extrême et caricatural cache une réalité encore plus évidente : le diplôme est roi en France, à tous les niveaux. Tenez, jetez un oeil sur le billet de votre confrère Sylvain Besson du Temps, c’est assez éloquent : En France, l’élitisme s’apprend dès l’enfance>.
Non, mon billet a pour but de réveiller un peu les consciences, et de donner une alternative de plus aux travailleurs étrangers. La Suisse en est clairement une.
A David,
Merci pour votre réponse. Comme vous le dîtes dans votre billet, je voulais apporter un contre argument car mon expérience ici en Suisse est contrastée. Je voulais donc nuancer votre propos.
Issu moi même du système éducatif français, je suis d’accord avec votre analyse.
Les statistiques concernant les grandes écoles françaises sont claires en terme de promotion sociale. Grosso modo, si vous êtes issu d’un milieu modeste ou défavorisé, vous n’avez quasiment aucune chance. (http://www.agroparistech.fr/-L-egalite-sociale-.html) Ce qui démontre que malgré la gratuité de l’école, le système est extrêmement élitiste. Dans le lien ci dessus on apprend par exemple que 9% des élèves de HEC ou de l’ENA dans les annés 90 sont d’origine modeste contre 29% dans les années 50.
En ce qui concerne les patrons du CAC 40, petit tableau: http://www.journaldunet.com/management/0601/0601118patrons-diplomes-tableau.shtml
Et puis quelques statisques de l’OFS concernant la situation suisse pour votre appréciation. Intéressant également. Pour résumer entre 10 et 15% des étudiants suisses sont d’origine modeste. (http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/15/06/dos/blank/06/07_00.html)
Concernant les universités françaises http://www.inegalites.fr/spip.php?article54&id_mot=28
Voilà pour nourrir le débat!
gabchem,
C’est ce qu’on appelle se documenter 😉 Merci beaucoup pour ces informations qui font, pour certaines, froid dans le dos.
Je remets les liens que vous venez de donner en « dur » pour qu’ils soient accessibles :
Formation des patrons du CAC40, sur le journal du net
Situation sociale des étudiants en Suisse en 2005, OFS
Origine sociale des étudiants en France, Observatoire des inégalités
Autre commentaire : en tant qu’étranger travaillant en Suisse, j’ai parfois été confronté à ce « mur » qui fait que malheureusement, on a parfois l’impression que notre nationalité ne joue pas en notre faveur pour le développement au sein de l’entreprise. Cela reste vrai dans certaines entreprises, il ne faut pas le cacher, mais dans d’autres l’ouverture est vraiment réelle, et laisse aussi de belles opportunités.
Je déplace légèrement le débat, mais c’est aussi une réalité.
A bientôt.