Vous êtes un professionnel de la finance, de la banque ou des métiers de la comptabilité et de l’audit, et vous voulez travailler en Suisse ou vous y travaillez déjà ?
La plus grande difficulté à laquelle vous serez confronté est de savoir ce que votre profil vaut localement. Et cette tâche est encore plus dure pour ceux d’entre-vous qui n’ont jamais travaillé en Suisse.
Pour vous aider, j’ai déniché pour vous une très belle étude sur les salaires de ces métiers en Suisse réalisée par le cabinet Michael Page.
L’étude propose de nombreuses informations par métier, et très précises : principales tâches, profil en général recherché pour ce type de poste, perspectives de carrière, à qui il reporte, et vous trouverez les tranches de salaires en fonction de l’expérience, les salaires moyens, maximum et minimum, ainsi que les salaires en fonction de l’entreprise (multinationale, petite entreprise, fiduciaire…).
Voici quelques exemples :
Business / Financial Analyst
Salaire moyen brut annuel dans une multinationale en Suisse, avec 5 à 10 ans d’expérience : 140 000 francs suisses
Auditeur interne
Salaire moyen dans une multinationale en Suisse, moins de 5 ans d’expérience : 110 000 francs suisses
Comptable
Salaire moyen dans une entreprise de taille moyenne, profil junior (moins de 5 ans d’expérience) : 95 000 francs suisses
Spécialiste Sarbanes-Oxley (SOX)
Salaire moyen dans une fiduciaire ou dans un cabinet d’avocat, entre 2 et 10 ans d’expérience : plus de 105 000 francs suisses
Salaire moyen dans une multinationale, entre 6 et 10 ans d’expérience : 150 000 francs suisses
J’en parlerai plus longuement dans la rubrique « Salaire suisse » du site Travailler-en-Suisse.ch, qui vous donne déjà pas mal d’informations sur les salaires en Suisse (des calculateurs de salaires, des salaires par fonction, par secteur…).
En attendant, vous pouvez télécharger l’étude Michael Page sur les salaires dans la banque et la finance en Suisse en 2010 (document pdf).
D’autres informations et services sur les salaires en Suisse très utiles
Une fois que vous aurez déterminé ce salaire, vous aurez peut-être envie de savoir combien vous toucherez en net, et quelle tête aura votre bulletin de salaire en Suisse. Vous trouverez un service gratuit qui calcule votre salaire net en fonction du brut et vous permet de visualiser votre futur feuille de salaire suisse.
Et pour finir, n’oubliez pas les conseils que nous vous donnons pour négocier votre salaire (et particulièrement si vous êtes un nouveau travailleur étranger) dans les livres « Travailler et vivre en Suisse » et « Décrocher un emploi en Suisse« .
Si vous êtes un professionnel de ce secteur, avez-vous trouvé cette étude sur les salaires utile ?
SC says
Nous sommes dans le secteur de la comptabilité, les sommes que vous avez énuméré sont vraiment beaucoup dans un pays comme le nôtre (rajout du modérateur : Madagascar). Mais les informations resteront des informations qu’on ne peut pas prendre en compte, les comparaisons sont impossibles.
Casanova says
Bonjour David,
Je visite souvent votre site et le trouve intéressant. Toutefois, il m’arrive de conseiller aussi des amis ou connaissances quant à leur future installation en Suisse ou simplement leur nouvelle activité professionnelle. Un constat me paraît important, il est très différent de venir en Suisse dans le cadre d’une expatriation que dans le cadre d’une recherche d’emploi simple lorsque l’un des conjoints travaille déjà en Suisse, comme ce fût mon cas. En effet, les différences culturelles sont plus marquées dans le deuxième cas.
Dans le contexte de l’expatriation un ensemble de service existe et est à la disposition du cadre et son expérience dans une unité à l’étranger est souvent assez bien valorisée. Certaines aides pour le logement existent surtout en Suisse il me semble, et pour les cadres le choix de la taxation dans le pays de rattachement peut s’avérer judicieux (même si un moratoire existe).
Alors qu’un cadre en France qui déciderait par ses propres moyens de s’installer en Suisse avec sa famille n’aura pas du tout la même reconnaissance qu’en France de son parcours surtout dans des environnements très spécifiques et où existent des parcours normés : gestion de fortune, management dans l’assurance, private banking ect…
Cela par contre ne sera presque pas le cas dans l’audit, l’informatique, la santé, la recherche, le marketing, les ressources humaines, ect…
En effet, dans ces domaines d’activités se sont des compétences que l’on recherche et l’international peut être un sérieux atout.
Dans la banque et l’assurance au front office, ces domaines d’activités sont très sensibles à certaines caractéristiques : existence d’un réseau, d’un portefeuille, d’une expérience ou bien d’une formation suisse.
Le bac+5 type DESS de gestion de patrimoine ou fiscalité n’aura presque aucun impact sur la carrière ni aucune reconnaissance à court et moyen terme et on demandera au candidat français une expérience suisse réussie. Toutefois, il devra faire ses preuves et pourra à terme évoluer assez bien et à condition de s’adapter et de commencer souvent par le bas, mais là rien de gagner. Surtout lorsque dans les assurances à peine 17% des salariés sont universitaires et moins de 30% dans la banque. L’essentiel des cadres sont des montagnards et non des diplômés universitaires comme en France.
Je connais autours de moi des anciens cadres banquiers français dans le domaine de la gestion de patrimoine (bac+5 en France) à qui on a vu proposer des postes de conseillers de bases en Suisse. Ils sont repartis dès leurs premières années. Ceux qui sont restés ont dû tout reprendre de zéro à 35 ans sans que leur expérience française ne soit revalorisée. Avec 100’000.– frs brut annuel dans le meilleur des cas ! Mais surtout une considération de leur parcours différente. L’inverse aurait était identique de Suisse à France.
Français en Suisse depuis 5 ans, j’effectue un constat simple : les suisses ne jugent pas les gens en fonction de leur diplôme mais plus en fonction de leur expérience et de leur réalisation (côté très pragmatique), moins de tension dans le travail, une confiance plus grande est accordée en général, une certaine marge de manoeuvre et la possibilité de se former via des brevets par exemple encouragée. Une grande humilité est nécessaire et une certaine discrétion demeure appréciée.
Par contre deux points négatifs : le manque de convivialité et d’empathie associé à un matérialisme ainsi qu’un conformisme assez important sans parler d’une pesanteur intellectuelle qui se dégage de la vie en Suisse, on le ressent très très fortement lorsque l’on est français et cela peut parfois user. Le niveau intellectuel du middle management est assez faible surtout dans l’assurance, bien que l’on trouve d’excellents cadres. Le manque d’ouverture d’esprit parfois et une prise de risque plus limitée qu’en France peuvent être ressenties. Ils ne faut pas l’oublier les suisses sont beaucoup moins à l’aise que nous à l’oral et manifestent leur sentiment différemment que les français. Chose aussi très différente, le système scolaire et l’organisation des études supérieures qui en disent long sur l’approche sociétale suisse (raccourci un peu facile mais instructif). Je dirai que si l’efficacité du système est meilleure en Suisse car le taux de chômage et celui des jeunes reste très bas comparativement à la France et aux pays du sud, il n’en demeure pas moins différent. On observe un développement de l’apprentissage précoce et un assez bon système d’orientation chargé d’effectuer le tri. On ne peut pas dire qu’en Suisse on pousse les enfants à étudier à l’université ni à progresser. Par contre le corps enseignant est beaucoup plus disponible qu’en France. Seul les élèves les plus motivés et capables auront une chance de réussir l’université. Des passerelles existent mais beaucoup plus rigides qu’en France (pas de VAE, de Fongecif…). D’autres formes d’aides existent mais cela reste quant même plus faible que dans l’hexagone. Moins d’université mais plus homogènes qu’en France en terme de moyen et une plus grande séléctivité (30% de bachelier au maximum contre près de 60% en France) constituent les éléments différenciateurs.
Mais aussi un sentiment de sécurité plus grand. Tout est vraiment différent ! Les artistes, les créateurs seront sans doute dans la majorité des cas beaucoup plus heureux en France (pays de grande culture, même si en Suisse il existe des tas d’expositions et d’activités culturelles), c’est surtout une approche sensiblement différente qui leur est proposée, plus distante, moins conviviale en général côté helvétique.
Honnêtement, je ne crois pas du tout que la qualité de vie soit meilleure en Suisse qu’en France et un cadre gagnant correctement sa vie en France ne sera pas forcément tenté de vivre et travailler en Suisse.
Si c’était à refaire, j’aurais quant même tenté le voyage et ne regrette pas d’être venu en Suisse mais cela m’a coûté assez cher (gestion de carrière plus délicate et aspect pécuniaire), car on apprend beaucoup en vivant à l’étranger sur les autres et sur soi-même aussi. Mais financièrement cela peut vite être dispendieux jusqu’à devenir un véritable gouffre ! Avec l’assurance maladie, les charges salariales, le loyer à Genève ou sur la côte ainsi que les impôts à la source cela représente pour des revenus de 200’000.– brut annuel environ 70% du salaire brut (couple avec 3 adolescents). Franchement avantage très très net pour les frontaliers. Le quotient familial est nettement plus avantageux en France et la question du choix de vie ne se pose pas ! Avantage France.
Lorsque vous dites qu’il faut évaluer le pour et le contre entre la vie frontalière ou la vie en Suisse, je réponds oui bien sûr mais tout dépend du revenu car en dehors du loyer tout est globalement moins cher en France. Une récente étude de l’OCDE je crois montrait que globalement un produit vendu en Suisse était 30% à 40% plus cher que dans le reste de l’Europe sans que cela ne puisse se justifier ! Les suisses ne se manifesteront pas d’aussi tôt pour réclamer des prix plus attractifs.
Donc pour conclure, vivre en Suisse du côté de Genève ou sur Lausanne n’est attractif pour une famille que si les salaires sont suffisants car apprécier la vie suisse représente un coût non négligeable.
David Talerman says
C’est ce que j’appelle un feedback détaillé ! Merci d’avoir pris la peine de nous faire part de votre expérience, c’est très intéressant.
J’ai quelques commentaire :
– concernant la valorisation du savoir-faire plutôt que celle des diplômes : c’est clairement un plus en Suisse, en ce sens qu’il est possible, même en n’étant pas diplômé d’une école prestigieuse, d’avoir des postes à responsabilité ou intéressant, pour autant qu’on soit dans les valeurs « travail » et qu’on soit reconnu sur le plan professionnel. En France, on a tué le rêve avec un système de diplômes qui sanctionnent une forme d’instruction, pas forcément une aptitude à vivre en entreprise.
– le système scolaire suisse est basé sur ce principe, et l’apprentissage est valorisé. En France, c’est presque une honte. Et sur les 60% de bacheliers en France, combien sortiront du système sans aucun diplôme ? Combien feront des formation Bac+5 qui ne leurs permettront pas de travailler ou d’avoir un poste en relation ? Je ne connais pas les chiffres, mais je sais écouter. Et je sais qu’il y a un, sur ces 2 points, un TRES gros problème en France. Et puis une étude de l’OCDE a montré la plus grande efficacité du système suisse par rapport au système français.
– Qualité de vie : effectivement, pour un employé ou un cadre gagnant très bien sa vie (les 200 000 CHF que vous avancez, c’est pour moi plus que gagner correctement sa vie), la différence n’est peut-être pas aussi nette en termes de qualité de vie, entre la Suisse et la France. Lorsque vous avancez le chiffre de 70% du salaire brut pour les dépenses, je pense que ces chiffres sont sur Genève (et donc des loyers dispendieux), et qu’ils incluent également la nourriture. Il serait intéressant de faire le calcul (pour les frontaliers payant leurs impôts en France, ce qui n’est pas le cas des frontaliers à Genève), mais les impôts payés par des frontaliers ou des résidents avec ce niveau de revenu ne me semblent pas aller à l’avantage du système français.
– Coût de la vie : je n’ai pas vu cette étude, mais globalement le différentiel (en terme de coût de la vie, incluant notamment les loyers) n’est pas aussi important entre la France et la Suisse : il est d’environ 15%. Dans le détail, certains produits sont beaucoup plus chers (logement, produits alimentaires, santé), et pour d’autres comme les transports, les produits technologiques ou l’ameublement, le différentiel est infime, voire à l’avantage de la Suisse si on tient compte de la TVA.
Ce qui est également certain, c’est que la Suisse est la destination préférée des managers et dirigeants français.
Pour finir je retiens une chose : les Suisses eux-même avouent, dans une très large majorité, être très satisfaits de leurs revenus et de leur condition de vie. Pas sûr que 75% des Français disent la même chose…
serge says
Bonjour et merci pour tout ce que vous faites.
je voudrais avoir quelques conseils sur ma recherche d’emploi en suisse.
Depuis 3 mois, je suis à la recherche d’un poste de comptable en Suisse, sachant que j’ai un diplôme de niveau 3 en France( BTS en comptabilité de gestion en apprentissage +4 ans d’expérience en cabinet d’expertise comptable en France) . Appart un entretien avec ADECCO finance à Genève, qui n’a en tout cas pour le moment déboucher sur rien, je n’ai reçu que des réponses négatives notamment sur jobup et sur plusieurs sites d’agence d’intérim.
Mes questions sont les suivantes:
– est il possible de trouver du travail avec mon diplôme de BTS en comptabilité en Suisse?
– les postes liées à la finance sont- elles réservées en priorité aux Suisses ?
– Avez vous souvent connu des comptables français qui sont allés travailler en Suisse?
Merci pour votre écoute et j’espère vous lire bientôt.
David Talerman says
Bonjour Serge,
Les normes comptables sont différentes en Suisse et en France, ce qui explique peut-être votre manque de réussite. Toutefois, votre problème se trouve peut-être dans votre CV ou votre lettre.
Les postes ne sont pas réservés aux Suisses, mais il est naturel d’employer des personnes qui ont déjà de l’expérience en Suisse.