Une étude très complète sur les performances des systèmes éducatifs des pays de l’OCDE vient de sortir (étude PISA). Elle permet de comparer les performances des différents systèmes éducatifs sur plusieurs critères : la lecture, l’écriture, la maîtrise des mathématiques, la maîtrise des sciences etc…
La question de la qualité de l’enseignement en Suisse revient très souvent, notamment pour les expatriés qui ne savent pas s’il est préférable de mettre leurs enfants dans des écoles suisses ou dans les écoles françaises en Suisse. Bien sûr, il n’y a, dans ce choix, pas qu’une question de qualité d’enseignement, mais ce paramètre entre forcément en ligne de compte.
L’étude dont je vais vous présenter les principales lignes montre indiscutablement que le système éducatif suisse est souvent plus performant que le système éducatif français.
L’éducation en Suisse plus performante dans la plupart des domaines
Le système éducatif suisse, très différent du système éducatif français, tire bien son épingle du jeu, et surclasse même la France dans pratiquement tous les domaines :
– la compréhension de l’écrit : le score de la Suisse est de 501, au dessus de la moyenne des pays des l’OCDE. Il est de 496 pour la France, dans la moyenne
– pour la culture mathématique, les élèves suisses sont également mieux positionnés : 534 pour la Suisse (largement au dessus de la moyenne), contre 497 pour la France
– même chose pour la culture scientifique, avec 517 points pour la Suisse, au-dessus de la moyenne, contre 498 pour la France.
Les élèves en Suisse lisent mieux, plus et plus facilement qu’en France
Alors qu’en Suisse 54% des jeunes élèves lisent par plaisir des livres de fiction, des livres documentaires ou au moins des magazines et des journaux, ils ne sont que 46% en France, à peine au dessus de la moyenne (45%). On pourrait faire un lien entre le fait que les Suisses sont parmi les lecteurs de la presse les plus assidus au monde (ceci est mon avis et n’est pas clairement indiqué dans l’étude PISA).
En revanche, l’écart entre les filles (qui lisent tels qu’indiqué ci-dessus) et les garçons est 10 fois plus important en Suisse qu’en France, où cet écart est minime (1%) : les filles suisses sont donc potentiellement de moins bonnes lectrices que les garçons.
Un lien entre le milieu socio-professionnel et les performances en lecture plus important en France qu’en Suisse
L’étude PISA mesure par ailleurs si les enseignements donnent la même chance à tout le monde, quelle que soit l’origine sociale de l’élève. Il semblerait qu’en France, vous avez plus de chance de mieux lire si vous êtes issus des classes aisées qu’en Suisse. En d’autres termes, le système suisse donnerait de meilleures chances aux élèves les plus défavorisés (score proche de la moyenne des pays de l’OCDE).
Le taux d’immigration ne fait pas baisser les performances du système éducatif
En Suisse, entre 20 et 25% des élèves sont issus de l’immigration. L’étude de l’OCDE a montré un résultat très intéressant, puisqu’elle établit qu’il n’y a pas de lien entre un nombre important d’élèves issus de l’immigration et l’écart entre les performances des locaux et de ces élèves issus de l’immigration. En clair, ce n’est pas parce qu’il y un nombre important d’élèves issus de l’immigration en Suisse que pour autant les performances du système sont mauvaises.
L’évolution de la compréhension de l’écrit en Suisse est positive, alors qu’il est en général négatif en France
Alors qu’en Suisse l’évolution des performances en compréhension de l’écrit est positive entre 2000 et 2009 (+6 pour tous les élèves, évolution négative des élèves ayant un mauvais niveau), c’est exactement l’inverse en France pendant la même période : (-9% pour tous les élèves, évolution positive et importante des élèves ayant un mauvais niveau).
Les Français sont très fiers de leur système éducatif, et preuve est faite, en comparaison internationale, qu’il ne l’est pas tant que cela, et qu’il ne surclasse pas le système éducatif suisse. Ceci dit, si vous regardez les résultats de l’étude PISA (pdf) pour les autres pays, vous remarquerez que les meilleurs systèmes éducatifs viennent d’Asie, et que même si le système suisse est meilleur qu’en France, il reste pour autant loin, en termes de performances, des systèmes éducatifs d’Asie.
Et vous ? Que pensez-vous du système éducatif suisse ? Du système éducatif français ?
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Bonjour,
Ce billet de blog oublie de parler de la « sélectivité » des écoles suisses, qui élimine bien rapidement les enfants les moins performants (notamment ceux qui ont un handicap… voire qui seront simplement classés dans les « hyperactifs », classement pratique et à la mode). Pour être valable, toute comparaison doit se baser sur un échantillonnage correct… ce qui est difficilement atteint dans ces conditions.
On oublie aussi de parler de la discrimination des femmes, bien supérieure en Suisse à celle des autres pays (à peine évoquée sur le résultat pour la lecture). C’est une honte de la Suisse, qu’on essaie de masquer sous de beaux discours…
Comme pour tout, l’hétérogénéité entre cantons est à bien prendre en compte…
Les indices d’égalité des chances ne sont pas non plus les mêmes selon ce qu’on considère: les études de la Confédération montrent très clairement combien l’avenir des enfants (pas seulement leurs résultats aux tests PISA) est fortement déterminé par leur origine… (ce qui n’est pas trop étonnant vu le prix des formations).
http://www.google.ch/url?sa=t&source=web&cd=7&ved=0CEsQFjAG&url=http%3A%2F%2Fwww.ibe.unesco.org%2FInternational%2FICE47%2FEnglish%2FNatreps%2Freports%2Fswitzerland.pdf&ei=OEo6TrnrK9GLswb9gt0g&usg=AFQjCNHb54_sIpqX3Rygg9g3NAYpkUHNtw
http://www.reiso.org/revue/spip.php?breve697
http://www.oecd.org/dataoecd/11/4/38011707.pdf
Autre « détail »: on parle d’immigration, mais en Suisse, c’est mettre dans le même panier les immigrants pauvres et peu éduqués et la grosse masse salariale qualifiée importée des pays voisins à moindre coût (formation financée par les voisins…), dont les enfants s’en sortent en fait mieux à l’école que les Suisses eux-même.
Un des avantages incontestables en Suisse, c’est le fait que les classes sont moins chargées, avec des enseignants bien payés et des moyens corrects…
La qualité de l’enseignement n’est pas à remettre en question non plus (avec une vision plus pragmatique qu’en France, moins axées sur la culture générale: ce qu’on peut déplorer ou apprécier, c’est selon… ).
Malgré l’excellence des universités Suisses, peu de suisses y vont, et beaucoup d’étrangers y étudient (ce qui ne plaît d’ailleurs pas à l’UDC…): la formation suisse n’est pas optimisée pour ça (et les responsables d’uni regrettent que les étudiants suisses ne soient pas plus « compétitifs » par rapport aux étrangers).
Côté français… modernisation et n’importe quoi se mélangent au fil des réformes… mais de là à apposer ce titre polémique à cet article de comparaison, il faut pas pousser (ou alors il faudra m’expliquer pourquoi de nombreux suisses vont en France pour faire des formations qui y sont plus réputées que l’équivalent suisse… quand il y en a un!).
K.
@ Ki : merci pour toutes ces précisions et votre point de vue. Le titre se positionne sur le simple classement de l’étude. Pour ma part, il est vrai que bon nombre de formations françaises sont appréciées en Suisse. Ce que l’étude pointe du doigt, c’est probablement plus le problème du déterminisme social qu’autre chose. Et ceci est, au-delà des moyens et autres performances, terrible, car cela ne laisse aucune place au rêve, et peu de chance aux personnes qui se trouvent du mauvais côté de la barrière.
Je suis d’accord avec vous. Ne comparons pas l’incomparable !
La France est un grand pays et en terme d’éducation, cela ne peut pas être géré de la même façon qu’en Suisse.
La Suisse Romande est de la taille d’une province française et c’est normal que les résultats puissent paraître être mieux. En province aussi, les résultats sont très bons et les enfants généralement bien élevés.
Je travaille avec des Suisses et je peux affirmer que leur niveau oral ou écrit en français n’est pas meilleur qu’en France. Il y a beaucoup d’expressions locales (comme dans toutes les provinces de France) que la Suisse Romande se doit de préserver car ceci ajoute beaucoup de charme même si parfois la langue française en est un peu déformée.
@Charlotte : au risque de vous bousculer un peu, je retrouve dans vos propos quelque chose qui fait bien rire beaucoup de pays : l’impérieuse nécessité de se sentir différent, ce qu’on appelle « l’exception française ».
En quoi la France est-elle différente ? Avec cet argument, seuls 2 ou 3 pays sont comparables entre-eux !
Avec de tels propos, vous remettez en cause une étude faite par des dizaines d’analystes de l’OCDE (…) qui ont justement pris soin de faire en sorte que les choses soient comparables : c’est probablement difficile à lire, mais oui le système éducatif français est un des moins performants des pays de l’OCDE, oui le système éducatif français est l’un des plus chers. Et oui le système suisse est plus performant.
Arrêtons de croire que nous sommes tellement uniques que nous ne pouvons nous comparer à personne.
Par ailleurs, je ne vous rejoins pas forcément sur le fait qu’en Province les résultats soient meilleurs. Je pense que c’est une croyance.
Bonjour, je suis français, mais travaille en Suisse. J’engage de nombreuses personnes dans mon établissement. Je peux témoigner que la formation en Suisse est bien meilleure qu’en France. L’éducation est en bien meilleure santé qu’en France. En Suisse dans la région francophone, la seule que je connaisse, il n’y a pas de concours comme en France. La maturité fédérale (1 année après le bac), les diplômes universitaires suisses sont de valeur, par chance pour les Français , il y a du travail dans les zones frontalières et on peut engager des Français malgré des diplômes français moins performants pour du travail en Suisse. J’ai des collègues suisses qui râlent d’ailleurs… car ils trouvent injuste que pour le même travail on engage des Français qui ont eu des diplômes en moins d’années d’études et inférieurs en certification qui de plus vivent en France pour payer moins cher loyer et assurance maladie.
Mais chez nous en France on s’imagine toujours être les meilleurs!