En ce moment, c’est la saison des conférences. Ces derniers, jours j’en ai donné quelques unes sur l’emploi, et précisément sur le CV en Suisse.
Et je me suis rendu compte que beaucoup d’entre-vous n’étaient pas au clair sur le nombre de pages qu’un CV en Suisse devait avoir.
C’est, pour certains, un peu notre faute, car dans le modèle de CV que nous avons mis en ligne sur le site Travailler-en-Suisse.ch, nous avons présenté le CV d’un profil senior, justement pour avoir plus de choses à dire. Seulement, le CV fait 4 pages (dont une page de garde), ce qui est rare et réservé à une catégorie particulière de candidat. Et beaucoup d’entre-vous ont pris ce modèle, même avec des profils par forcément senior. Alors rectifions le tir dès maintenant.
La longueur du CV en Suisse dépend principalement de votre expérience
Même s’il est toujours difficile, quand on parle de CV, de proposer une règle universelle, voici toutefois une règle simple :
- Vous avez moins de 5 ans d’expérience : votre CV devra idéalement tenir sur une page
- Vous avez entre 5 et 10 ans d’expérience : votre CV devra idéalement tenir sur 2 pages au maximum (3 si vous utilisez une page de garde)
- Vous avez plus de 10 ans d’expérience : votre CV devra idéalement tenir sur 3 pages au maximum (4 si vous utilisez une page de garde)
Attention : je suis un adepte des CV courts, et cette règle n’est de loin pas universelle. Personnellement, je n’aime en effet pas les CV trop longs, et à partir de 3 pages, si le CV n’est pas parfaitement organisé, on s’y perd. Et les recruteurs n’aiment pas ça, et n’aiment pas en général les CV trop longs.
Vous aurez également noté que j’ai écrit « au maximum » : selon ce que vous avez à dire, selon votre profil, vous pourrez écrire un CV plus court, même si vous pourriez en écrire un de 4 pages dans le cas où vous êtes un professionnel expérimenté.
5 bonnes raisons de faire un CV suisse pas trop long
Pas tout à fait convaincu de raccourcir votre CV ? Voici quelques raisons supplémentaires qui militent pour un CV court (du moins pas trop long) :
- Si vous êtes dans un secteur très concurrentiel, où les candidats sont nombreux, les recruteurs chercheront non pas spontanément à sélectionner les bons CV mais plutôt à écarter ceux qui ne vont pas (mode élimination). Un CV trop long peut être un facteur d’élimination.
- Votre CV tombera entre les mains de plusieurs personnes. Les professionnels RH prendront éventuellement le temps de le regarder (et encore). Le professionnel business (votre potentiel supérieur) appréciera un CV pas trop long, et s’il l’est, il devra être parfaitement organisé. Si votre CV doit passer entre les mains d’un membre de la Direction générale (ce qui peut être le cas de nombreux cadres ou cadres supérieurs), un CV trop long posera un problème à ces profils très intuitifs qui veulent les informations essentielles.
- Un CV trop long risque de dissoudre l’efficacité de votre démarche : plus vous en mettez, moins les recruteurs ont de chance de tomber sur les informations importantes.
- En Suisse, on trouve de nombreux profils d’entreprises et de recruteurs : entre une multinationale, une grande entreprise suisse, une PME ou une entreprise française implantée en Suisse, les attentes ne seront pas les mêmes sur le CV, et certains recruteurs sanctionneront durement des CV trop longs (ce qui peut notamment être le cas des recruteurs français, de plus en plus présents dans le canton de Genève).
- Pour vous même, le fait de faire un CV court va vous obliger à rechercher dans votre profil l’essentiel, ce qui intéresse vraiment le recruteur. Et comme je le dis souvent, le CV doit contenir uniquement ce qui est intéressant pour l’entreprise, le reste est à garder pour vous.
Christophe Remy says
Bonjour,
La page de garde est fortement déconseillée. Paperasserie inutile, allez directement à l’essentiel. Dans les secteurs bancaires et IT, on lit rarement autre chose que la première page du CV parce que quand on recrute on se fait innonder 30 fois par les mêmes dossiers des mêmes candidats par les agences de placement. Pas le temps ni l’envie de relire 30 fois la même chose. Certaines entreprises refusent carrément les dossiers transmis par plusieurs agences de recrutement (c’est vrai que ça fait franchement pas sérieux). Peu importe l’expérience, évitez de vous étendre, 2 pages c’est un grand maximum. Et ayez de bonnes références, c’est encore ça qui fonctionne le mieux (attention on vérifie de plus en plus souvent les références et les diplômes obtenus, sourtout avec la tendance très française à tricher sur le CV).
Serge says
Bonjour
Je suis venu d’Alsace vendredi dernier pour suivre les conférences du forum transfrontalier. J’ai naturellement suivis vos conférences.
Je suis dans un phase de changement de poste, j’ai eu de nombreux contact téléphonique avec des agences de placement. Et au fur et à mesure des entretiens durant les quel j’expliquais mon parcours, j’ai eu beaucoup de réflexion dans le genre » Mais pourquoi vous ne l’avez pas mis dans votre CV? ».
A force de rajouter dans le Cv ce que me demandais les recruteurs, j’ai finis avec un CV de 4 pages. J’ai retravaillé mon CV pour qu’il ne tienne que sur 3 pages et je n’ai que 4 ans de pratique + 2 ans de freelance en parallèle. Je suis dans le domaine de l’informatique et la partie qui me prends le plus de place est les compétence technique.
Est ce que je dois garder cette section sur mon cv ?
David Talerman says
Serge,
3 pages pour une expérience de 4 ans + 2 ans, c’est beaucoup trop ! Réduisez à 2 pages, allez à l’essentiel. Sélectionnez les compétences, tout ne doit pas être écrit dans un CV.
Expat says
Heureusement que je tombe sur votre article ! J’étais prête à envoyer mon Cv de …7 pages (8 ans d’expérience) en Suisse, l’ayant basé sur celui du livre.
Il faut que je recommence tout !!
David Talerman says
!!! Je ne conseille à aucun moment d’envoyer un CV si long dans le livre 🙂
Pas besoin de tout recommencer, il suffit, je pense, de simplifier (plus simple dans ce sens).
C’est d’ailleurs une des méthodes de travail que j’utilise parfois : demander aux candidats de faire un CV où on écrit tout (c’est ce que j’appelle le proto-cv dans le livre), ce qui permet ensuite de sélectionner les bonnes informations.
Allez, au boulot !
HADJI says
VOUS ETE VRAIMENT FORT MERCI MERCI
Nicolas Schorderet says
Bonjour,
J’étais vendredi à votre conférence au forum de l’emploi transfrontalier et je vous avais effectivement questionné sur ce point (en référence à l’exemple de votre livre) qui ne me semblait pas cohérent avec mon vécu, et avec les autres de vos propos. Merci donc pour les précisions de votre article de ce jour qui me semblent tout à fait pertinents (j’ai 23 ans d’expérience dont 14 en Suisse, j’ai travaillé dans 4 entreprises avec à chaque fois des postes et responsabilités différentes… et mon CV tient quand même sur 2 pages…)
David Talerman says
Merci pour le feedback. Sur LinkedIn, sur ce sujet, les discussions divergent quelque peu. C’est ce qui fait la difficulté du sujet : expliquer au plus grand nombre un sujet qui est parfois très spécifique et très différent selon les personnes.
Olivier says
Bonjour,
Cela dépend de l’expérience, du niveau des postes occupés et pour ma part de la complexité des projets que j’ai gérés.
Le mien fait 5 pages. La 1ère page donne les indications élémentaires (adresse, nb enfants etc..), les écoles suivies, les certifications professionnelles, le niveau des langues étrangères et le plus importants, 5 phrases clés (mes atouts) qui correspondent aux critères du poste et qui doivent donner envie de lire la suite du CV.
Les pages 2 et 4 décrivent les différents postes occupés par ordre chronologique inverse et les projets les plus importants toujours en fonction du profil recherche.
Pour moi le plus important, c’est de retravailler le CV pour chaque offre d’emploi et de cibler le type de poste recherché.
Mes statiques sont de 3 rendez-vous pour 4 offres et 3 offres d’emploi pour une dizaine d’offre.
Bonnes chances à tous.
Olivier
Christophe Remy says
Décrivez plutôt vos réalisations et projets sur un document annexe au CV, que vous pourrez donner à votre interlocuteur si il le demande.
David Talerman says
Attention ! Je pense qu’il serait très dangereux d’exclure ces informations de son CV, et tout particulièrement les résultats : ce sont clairement les « déclencheurs » d’achat, après les compétences.
Ceci dit, l’idée est plutôt bonne d’annexer une liste complète à son dossier de candidature, puisqu’il serait problématique de tout mettre dans son CV. Merci pour cette suggestion.
Julie says
Bonjour,
Pour ma part, je suis jeune diplomée et me destine à une carrière en Suisse.
En effet, je parle français, anglais et chinois mandarin. Je pense (j’espère) que ma formation soit suffisamment peu courante pour y trouver un emploi.
Quand il s’agit d’un CV jeune diplômé, pensez vous qu’une page suffit?et en deuxième page, une lettre de recommandation de mon dernier employeur?
David Talerman says
1 page pour un jeune diplômé, c’est en général suffisant. Deux sont possible, cela dépend vraiment de la richesse de vos compétences, et surtout tout dépend comment vous présentez les choses.
Le dossier de candidature en Suisse c’est de manière obligatoire : un CV et une lettre de motivation. En sus, et selon le mode d’envoi (mail ou courrier), cela peut être des certificats… Par ailleurs, si une annonce demande expressément tel ou tel document, il faut bien sûr l’inclure dans le dossier. Les lettres de recommandation… Pourquoi pas, mais les recruteurs suisses n’y sont pas habitués, ce n’est pas une pratique courante ici, étant donné qu’il y a les certificats.
Garcia Sonia-Rose says
Bonjour,
Pourquoi sommes-nous obligés en tant que français de joindre des Lettres de recommandation de nos précédents employeurs, tout simplement parce que en France les certificats de travail ne contiennent pas comme en Suisse des propos relatifs à l’appréciation générale du salarié, nos certificats sont hyper-synthétiques, ils ne relatent que la date de début et de fin de contrat, résultat, quand un employeur suisse a en main notre certificat, il se demande, limite, si on est un bon élément ????
En conséquence, merci de rappeler que nos us et coutumes diffèrent en matière de certificat de travail, l’extrème dénuement ne signifie pas « le poil dans la main »…..
Merci pour votre bouquin.
salutations,
SG
David Talerman says
Bonjour,
Nous ne sommes absolument pas obligé de joindre de lettres de recommandation, et au contraire je ne pense pas que ce soit une bonne idée, précisément pour la raison que vous avez évoquée (les habitudes sont différentes, et les recruteurs suisses ne s’attendent pas à ce qu’elles remplacent des certificats). Pourquoi ne pas les joindre dans le dossier, mais cela vaudra ce que cela vaudra, et surtout, rien n’est obligatoire. En revanche, les certificats de travail le sont.
Frédérique says
Personnellement, je recommanderais, en parlant de la longueur d’un CV : 1 page, maximum 2 quand on a plusieurs années d’expérience. Les CV à 3 pages et plus sont souvent rédhibitoires… Pour avoir travaillé de nombreuses années dans un ORP (équivalent d’un Pôle Emploi en France), j’ai vu passer des milliers de CV, et en ai tiré quelques conclusions : succinct, clair, factuel, voire « exemplatif », c’est mieux, sans tomber dans le « j’ai augmenté le CA de l’entreprise de 10% » à toutes les lignes, c’est narcissique en diable et contre-productif (sauf dans certains milieux qui se regardent le nombril). Sobre, avec au maximum une couleur. Sinon, il y a des CV pour tous les goûts et des mises en page magnifiques qui peuvent faire la différence. Noter TOUTES ses compétences est illusoire et pas utile. La tendance est d’adapter son CV à chaque offre d’emploi ou chaque envoi spontané, afin de coller, tout comme la lettre de motivation, à la réalité de la cible.
Certaines annotations sont inutiles, comme le lieu de naissance ou – en bas de page – la date où le CV a été fait (généralement, les gens l’oublient et postent des CV datés d’il y a 2 ans…).
Il y a tellement de choses à dire…
Merci à David de tenter un débroussaillage.