Chaque frontalier est payé en francs suisses et doit faire face à des dépenses en euros. Cela signifie un passage obligatoire par la case « change », la plupart du temps tous les mois. Pour beaucoup de frontaliers, c’est une obligation, un rituel, une opération qu’on fait machinalement, que ce soit au bureau de change, au guichet de sa banque, ou devant son ordinateur. Et les frontaliers ont bien tort de ne pas accorder plus d’importance à ce geste machinal, car en le rationalisant un peu, il pourrait leur permettre d’économiser pas mal d’argent.
Le change de devise EUR CHF : une activité peu transparente
Ce que peu de frontaliers savent, c’est que le change de devise EUR CHF est activité relativement opaque : les banques et des bureaux de change ne communiquent en effet en général pas sur 3 informations essentielles : le taux de change interbancaire (le taux de change réel qui est commun à tous les établissements à un instant t), les marges qu’ils appliquent à leurs clients frontaliers (et qui sont propres à chaque établissement financiers), et les frais qu’ils prennent (qui sont également spécifiques aux établissements). Pour faire simple : les bureaux de change et les banques « achètent » le taux de change interbancaire à prix coutant, et se rémunèrent sur les marges, et éventuellement les frais. La plupart du temps, un établissement bancaire ou un intermédiaire communique sur un taux de change qui combine ces 3 paramètres, et on comprend donc aisément que le taux de change n’est pas identique partout.
3 acteurs pour le change de devises : les banques, les bureaux de change, les sociétés spécialisées du Web
Depuis que cette activité de change de devises existe, des acteurs « alternatifs » sont apparus. Les 1er à concurrencer les banques ont été les bureaux de change, avec le Change Migros et le Change Coop notamment, très populaires auprès des frontaliers. Puis vinrent au début des années 2000 des sociétés du Web, dédiées à l’activité de change, et totalement spécialisées dans ce domaine. Les différences entre ces acteurs sont importantes quand on parle des frais de change : les frais de change sont en moyenne 70% moins importants dans les sociétés du Web que dans les banques (les bureaux de change se trouvant au milieu).Vous pouvez par exemple faire ici une simulation sur le change EUR CHF.
Pour beaucoup de frontaliers, cela ne signifie peut-être pas grand chose, car les seuls frontaliers qui pourraient s’apercevoir de quelque chose, seraient ceux qui feraient une opération de change au même moment, et du même montant, auprès d’intermédiaires financiers différents. Ce que personne ne fait jamais.
Alors pour fixer les idées, rien de mieux que quelques chiffres : un frontalier qui souhaite changer CHF 5’000 tous les mois pendant un an recevra, à la fin de l’année, entre 500 et 600 EUR de plus avec une société spécialisée dans le change de devise en ligne qu’en passant par sa banque. La différence, c’est tout simplement la marge. Certaines banques sont plus raisonnables que d’autres (elles sont rares !), mais dans l’ensemble elles appliquent des frais très élevés. Quant aux bureaux de change, certains jouissent d’une image de change bon marché, bien qu’ils soient également plus chers que ces services spécialisés du Web.
Les services de change spécialisés : des avantages tarifaires et sécuritaires, et quelques inconvénients
Ces établissements spécialisés dans le change de devises en ligne ne sont en général pas des banques, ont pas ou peu de structures physiques, et ne font que du change de devises : ceci leur permet de pratiquer des tarifs bas, voire relativement bas (qui, au passage, leur permettent également de s’assurer une marge). Forcément, ces sociétés ne sont pas soumises aux mêmes contraintes de coûts que les banques et bureaux de change. Autre avantage : les frontaliers n’ont pas besoin de changer de banque, ces services venant simplement se « greffer » à leur fonctionnement bancaire habituel. Enfin, l’utilisation de tels service permet de s’affranchir du problème de la manipulation de l’argent dans le cas d’un retrait en cash au guichet de banque ou dans un bureau de change.
Ces services ont toutefois des inconvénients : on peut s’interroger sur la sécurité des fonds, et sur la sécurité des transferts. L’inscription peut également être, pour certains de ces établissements, compliquée, voire très compliquée selon les règlementations en vigueur dans le pays. Et puis changer ses habitudes peut être un problème, notamment si vous avez opté pour un prélèvement automatique de votre salaire en francs suisses, proposé par certaines banques françaises. Enfin, ces sociétés du Web sont par nature, dans le monde entier : Royaume Uni, Irlande, Australie… Ce qui ne rassurera pas tout le monde, même si on trouve au moins un acteur local en Suisse.
Les principaux services de change de devises
Je suis tellement persuadé de l’intérêt de ces nouveaux services de change que j’en utilise un à titre personnel et professionnel. Voici, selon moi, 3 acteurs très intéressants :
- Wise (ex Transferwise) : c’est l’un des leader du secteur, très médiatisé. Le siège de la société est en Belgique.
- b-Sharpe : j’en ai déjà parlé plusieurs fois, c’est le local de l’étape puisque la société est à Genève. Leur service est simple et rapide, et le moins que l’on puisse dire, c’est que je les connais bien .-). Facteur rassurant : Migros Genève a investi dans la société en rentrant au capital et en signant une alliance stratégique.
- Currencyfair : c’est l’autre poids lourd du secteur. Le siège de la société est en Irlande.
Il en existe d’autres. Les différences fondamentales entre tous ces acteurs sont parfois très minces : tous proposent du change de devises avec des frais de change très bas, ce qui les positionne tous plus ou moins dans les mêmes tarifs (si vous comparez les différences de coûts entre les 3 ou 4 plus intéressants, on parle en général de 5 ou 5 francs de différences pour le change de plusieurs milliers de francs suisses en euros). Il existe entre ces acteurs des différences de frais selon les volumes échangés. Ce qui va en revanche changer de manière significative, c’est la facilité / difficulté d’inscription au service la 1ère fois (certains pays sont très souples, d’autres plutôt regardant et demandent de nombreuses pièces), la rapidité des transferts (pour les sociétés basées en Angleterre, les transferts sont beaucoup plus longs que les sociétés locales), les garanties associées au service (et notamment l’assurance que les montants que vous allez envoyer électroniquement sont assurés contre la fraude, le vol etc.), et la présence locale de la société dans le pays, qui peut être un facteur rassurant.
Crédit photo : Fotolia © Pavel Ignatov
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Bertholon says
Merci pour l’article.
Comme b-sharpe, il y a en local Telexoo que j’utilise personnellement.
UBS est revenu vers moi avec une nouvelle offre qui a un taux plus intéressant encore que Telexoo, qui est toujours plus intéressant que Migros change.
Comme quoi, les banques classiques aussi commencent à réagir.
N.B. says
Bonjour,
J’utilise transferwise à titre personnel depuis mars environ. J’avais eu deux conflits avec ma banque française sur le taux de change pratiqué juste après l’abandon du taux plancher. Ils se sont défendus en me communiquant leurs taux interbancaires de ces jours là mais c’était n’importe quoi : prix d’achat très loin au dessus du plus haut de la journée. Je savais bien que les frais étaient sous ce taux, mais tout de même…
J’avais regardé b-sharpe sur lequel un article commercial avait été publié mais je n’avais pas osé, certificat https pas bon à l’époque et pas de retour sur le web. Pas confiance.
Transferwise parfait en tout cas, je conseille vraiment.
Ca vaut vraiment le coup de passer le cap, c’est super économique et on fait son ou ses virements quand on veut !
Xavier de Villoutreys says
Bonjour N.B.
Pour répondre à vos interrogations concernant notre site web, le problème de certificat – dû à une migration de notre hébergement – a été résolu depuis maintenant de nombreux mois.
Quant au manque de visibilité de notre service à destintation des particuliers, vous avez totalement raison. Notre service était initialement plus orienté PME Mais grâce à la technologie que nous avons développée, qui nous permet de traiter un grand nombre de demandes simultanément, nous avons pû étendre en janvier 2015 les conditions « corporate » que nous pratiquons, aux particuliers. Depuis maintenant presqu’un an nous accumulons les retours positifs, que ce soit sur le web ou dans la presse écrite. Aujourd’hui nous avons plusieurs centaines de clients frontaliers qui nous font confiance de mois en mois pour changer leur salaire.
Enfin, Transferwise est effectivement un excellent service (surtout pour les devises exotiques) même si légèrement plus cher que b-Sharpe. Le seul point qu’on pourrait leur reprocher est que leur marge n’est pas dégressive en fonction du montant (ie ils vous prennent le même pourcentage pour changer CHF 500 ou CHF 50’000). Un autre aspect absent de la politique de Transferwise concerne la sécurité de vos fonds: s’il y a un détournement ou une fraude sur leurs comptes de transfert, rien n’est apparemment prévu pour le rembousement des clients. b-Sharpe couvre les fonds de ses clients jusqu’à un CHF 1 million par jour.
Je serais heureux de discuter avec vous, notamment sur les questions de temps de traitement de vos transactions et de service client. Deux aspects qui nous semblent être le pillier de notre succès, au-delà de notre politique tarifaire imbattable.
Bien cordialement,
Xavier de Villoutreys
Deputy CEO – b-Sharpe SA
Veronique says
Bonjour,
Merci pour cet article. J’ai aussi entendu parler de Telexoo et Moneytis, sans les avoir utilisés moi-même.
David Talerman says
Bonjour Véronique,
Merci pour ces précisions.
Moneytis n’est pas à proprement parler un service de change en ligne, mais plutôt un comparateur.
Jean-Michel Fontaine says
Merci David pour cette précision. Moneytis est effectivement un comparateur (mais pas que), ce qui permet d’avoir a priori les tarifs les plus bas selon la transaction souhaitée. Le fondateur et la plupart des membres de l’équipe sont des anciens collègues et amis, donc mon avis est bien évidemment totalement neutre. 🙂
Philippe says
Bonjour,
contrairement à ce qui est prétendu plus haut, il semble qu’il y aie toujours un problème de sécurité avec le site internet de B-Sharpe SA.
L’adresse du site lorsque j’y accède est précédée d’un cadenas avec une croix rouge et la mention https barrée de rouge, ce que j’interprète comme un niveau de sécurité faible..
David Talerman says
Bonjour Philippe,
Désolé pour le délai de réponse, et merci pour ce feedback.
L’équipe a effectivement confirmé cela. Ce que vous mentionnez concerne 2 failles de sécurité visiblement mineures et courantes, et cela ne concerne que les inscriptions, pas les transactions.
Toutefois, les techniciens vont définitivement éradiquer ce problème dans les jours qui viennent.
Delpeche says
Je vous salue,et vous felicite pour ce travail.Mais j’aimerais avoir une bourse d’etude en Suisse,Quel serait le processus?
David Talerman says
Bonjour,
Il faut jeter un oeil sur ce site.
dari says
Bonjour,
J’ai recherché pendant 2 ans à travailler en Suisse. J’ai envoyé mon cv partout. Il y a des personnes, des sociétés de placement ou autres sociétés de services très peu scrupuleuses, qui m’ont entièrement dégoûtés. Les pratiques en Suisse sont encore plus insigneuses et hypocriques qu’en France, parce que probablement elles se sentent intouchables.
Il faut aussi parler cette image de la Suisse.
Merci.
Cordialement