Cette semaine, la Suisse a fait trembler le Sénat américain à Washington.
Avec plus de 90 millions de dollars versés à des sociétés de lobbying et pour les campagnes présidentielles américaines depuis l’année 2001, les deux multinationales Roche et Novartis sont parmi les entreprises suisses les plus « actives ». Il faut dire que le marché américain est juteux : les prix des médicaments sont plus élevés (parfois jusqu’à 60%) et la population est nombreuse.
Le lobby pharmaceutique : un influenceur de lois
Pour ceux qui ne le sauraient pas, les lobbyistes sont les hommes de l’ombre qui influencent les parlementaires qui s’apprêtent à voter telle ou telle loi, l’objectif étant de les influencer dans leurs choix en leur soumettant par exemple des rapports qui pourraient les inciter à voter telle ou telle loi ou à en abandonner une autre. Bref, c’est un peu l’économie qui s’invite à la table de la politique, de manière discrète. Et presque tous les grands groupes y ont recours, dans tous les pays développés.
Plus de 40 sénateurs influencés par le laboratoire pharmaceutique
Mais cette semaine, cette belle machine à influencer s’est grippée : le New-York Times a repris les argumentaires préparés par le laboratoire Roche, et le compte rendu officiel des débats au Sénat : plus de 40 sénateurs ont repris les argumentaires du géant pharmaceutique, parfois au mot près. La filiale de Roche, Genentech, a même été citée par les sénateurs, ce qui est rare car cela se fait en général de manière assez discrète, sans qu’on puisse remonter la source. Malaise dans la classe politique américaine.
La décision de Barrack Obama de réformer le système de santé américain vient-il des labo pharma suisses ?
Moi, ce qui m’amuse, c’est de voir qu’un pays comme la Suisse, grand comme une ville de taille moyenne aux États-Unis, est capable d’influencer une telle puissance jusqu’au plus haut niveau : on peut en effet se demander jusqu’à quel point Barrack Obama, qui a décider de réformer le système de santé aux Etats-Unis, ne l’a pas été par la Suisse.
Quand je vous disais que les Suisses étaient malins en affaires…
Et vous ? Que pensez-vous de cette affaire ?
source : Le Temps
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Pour nous libertariens, cela montre bien ce qui se passe quand l’Etat déborde de sa fonction primitive de maintien de l’ordre et de garant du droit (« monopole de la violence » selon Max Weber). Il n’est plus alors qu’une machine à arbitrer entre des droits contradictoires, à la merci des politiciens et de leur clientèle, ce qui nous mène soit à la simple démagogie, soit au lobbying. Que les Suisses en profitent est tout à fait naturel, ce n’est pas le lobbyiste qui est à blâmer, c’est celui qui subit son influence (de même que le corrupteur n’est pas à blâmer, mais le corrompu).