La Suisse est un pays très ouvert sur l’international, et les recruteurs sont également potentiellement de toutes les nationalités. Toutefois, il existe ici des habitudes de recrutement et une manière d’aborder le marché du travail qu’il faut savoir respecter si vous êtes étranger. Si vous vous voulez augmenter l’efficacité de votre candidature, c’est une posture indispensable à adopter.
Pour vous assurer d’avoir un CV efficace et aux « normes » suisses, nous ne pouvons d’ailleurs que vous conseiller de passer par notre service de rédaction de CV en Suisse.
Récemment, un candidat français me confiait qu’il n’avait pas compris tout de suite qu’il existait une manière particulière de faire un CV en Suisse, et que cela lui avait fait perdre un temps précieux (plusieurs mois). Dès lors qu’il avait adapté son CV, il a obtenu très rapidement beaucoup plus d’entretiens, jusqu’à se trouver dans une situation où il avait le choix entre plusieurs propositions.
Si la plupart des recruteurs n’ont pas de réticence à recruter des étrangers, il existe toutefois une frange de candidats étrangers et notamment français qui ne font franchement aucun effort (et envoient un bon CV bien franco-français), et ça, les recruteurs ne peuvent que le constater…. et parfois le sanctionner. A ce titre, plus la compétition est rude, plus l’entreprise a le choix et plus elle sera sensible à cet effort d’adaptation culturelle.
Alors pourquoi les candidats français font-ils de telles erreurs ? Parce qu’en Suisse romande notamment on pense que beaucoup de choses sont comme en France. Grossière erreur…
Je propose de vous présenter les 5 détails les plus fréquents qui trahissent les candidats français. A éviter donc pour la suite.
#1 – La mention « Permis B » dans le CV
En France, le permis voiture est appelé permis B. En Suisse, c’est un permis de travail. Aussi, un candidat qui n’a jamais travaillé en Suisse et qui indique « permis B » montrera aux recruteurs 2 choses :
- qu’il n’a pas fait beaucoup d’effort pour se renseigner sur la Suisse car il aurait immédiatement vu ce « détail » (notamment s’il avait consulté notre page « CV suisse« )
- qu’il n’est pas très pragmatique, car ici on suppose qu’un candidat qui postule pour un poste nécessitant éventuellement d’utiliser un véhicule aura bien évidemment le permis de conduire : c’est un détail qu’on ne fait jamais apparaître dans un CV (alors qu’en France on le mentionne systématiquement, allez savoir pourquoi).
#2 – La mise en avant des diplômes dans le CV
La France est un pays qui porte très haut la valeur des diplômes, ce qui n’est pas le cas de la Suisse. Ici, on accorde beaucoup plus d’importance au savoir-faire, à l’apprentissage et à l’expérience qu’aux diplômes. Un diplômé, même d’une grande école, ne vaut pas grand chose tant qu’il n’a pas fait ses preuves en entreprise. En France, la seule mention d’un diplôme « prestigieux » dans un CV ouvre naturellement des portes et rend crédible des candidats alors même qu’ils n’ont rien prouvé de concret. Du coup, beaucoup de candidats français mettent naturellement en avant dans leur CV leur formation ou leurs diplômes. Certes, ces formations sont en général reconnues et de valeur (ils n’ont pas à en rougir), mais vu du côté Suisse, c’est quelque chose d’assez étonnant. Du moins, le recruteur se dit : « Tiens, un Français qui postule« …
#3 – Le CV qui tient sur une seule page, quelle que soit l’expérience
En France, la manière de faire un CV est dogmatique : on répète à l’envi qu’un CV en France doit faire une page maximum. Du coup, nous voyons parfois des CV de candidats français qui postulent en Suisse avec 10 à 15 ans d’expérience, parfois plus, tenir sur une seule page. Je vous laisse imaginer la lisibilité…
En Suisse, on a au contraire besoin d’un peu plus d’informations, et tout particulièrement pour les CV techniques. Un CV en Suisse, peut tenir entre 1 et 4 pages. Selon nous, il est préférable de faire un CV plutôt court (2 pages maximum), mais certains recruteurs voudront davantage. En fait, il est indispensable d’adapter le nombre de pages d’un CV à l’expérience et au profil (technique ou non).
#4 – Les diplômes et formations incompréhensibles
Beaucoup de candidats étrangers pensent que tout le monde connaît leurs diplômes. En France, peut-être (et encore, on pourrait discuter cette affirmation). En Suisse, parfois. Et si le recruteur ne comprend pas le contenu de votre formation, votre candidature perdra de son efficacité, et ce d’autant que les écoles françaises sont particulièrement efficaces pour attribuer des acronymes totalement incompréhensibles aux diplômes et autres formations. A vous donc de faire l’effort d’expliquer le contenu de votre formation.
#5 – L’absence de contexte culturel
Un certain nombre d’informations sont nécessaires au recruteur en Suisse s’il veut se faire une idée de votre profil professionnel : type d’entreprise dans laquelle vous avez travaillé, lieu, nationalité, références… Je ne rentrerai pas dans le détail ici mais il existe plusieurs informations qui, si elles ne sont pas explicitement indiquées dans votre CV, vont rendre la lecture de votre profil très difficile, et particulièrement parce que votre contexte culturel n’est pas le contexte culturel suisse. Pour ne citer qu’un seul exemple – le plus simple – , si tout le monde connaît Nestlé (et particulièrement en Suisse d’ailleurs), peu de recruteurs connaîtront la petite PME bretonne, peu connue internationalement : si vous n’expliquez pas a minima ce que fait cette entreprise, le recruteur ne comprendra pas. Et un recruteur suisse qui ne comprend pas est un recruteur qui n’appelle pas pour un entretien. Les CV des candidats français sont truffés de ces « oublis » et décalages culturels qui handicapent les candidatures parfois de manière significative.
En conclusion
Vous l’aurez compris, un CV suisse est très différent d’un CV français (ou britannique…). Et il est important de connaître les règles du jeu locales. Certains candidats se vantent parfois d’avoir fait un bon CV bien français et qu’ils ont eu quand même le job. Cela arrive, notamment pour les cas où on recherche un candidat depuis longtemps. La Suisse étant très attractive pour les candidats, ce type de situation est de moins en fréquent…
Si vous vous retrouvez dans l’une de ces situations, et si vous voulez vous assurer que votre dossier de candidature est adapté et efficace, jetez un oeil sur ce que disent les personnes que nous avon accompagnées sur notre page services de rédaction de CV (voir la rubrique « Avis »).
Et ceux qui ont peu, voir aucune expérience, le CV tient forcément sur une page.
Qu’en pense les recruteurs dans ce cas ?
Bonjour Alex,
Bonne remarque. Ce n’est pas un problème, pour un débutant, d’avoir un CV en Suisse de 1 page 1/2 par exemple, car certains profils un peu techniques nécessitent qu’on en dise un peu plus. Mais attention à ne pas sombrer dans la facilité : si votre CV tient en une page, c’st très bien !
Sauf qu’ECOPOP va passer. Premier sondage parue aujourd’hui donne une victoire a ECOPOP avec 53%. Ca veut dire que d’ici un an il n’y aura plus aucune immigration
http://www.24heures.ch/suisse/moitie-suisses-dirait-oui-ecopop/story/21624797
Désormais seul les Suisses seront autorisés a retourner dans leur pays. Et Ecopop veut aussi stopper net les frontalier. Ca va faire mal.
Le problème c’est que cette année ils estiment un record du nombre d’immigrés entre 90’000 à 100’000 (estimation du bureau d’immigration). Un record historique. Beaucoup de Suisse pensent que les entreprises se foutent d’eux (ils recrutent plus à l’étranger après l’initiative du 9 février qu’avant). Mais en se foutant du peuple Suisse ils vont perdre la partie car ils font le jeu d’ECOPOP.
le 30 novembre va être une bombe pour la Suisse 🙁 je dois dire que ça me fait peur (vais voter contre ECOPOP).
C’est effectivement une votation à haut risque, mais les quotas demandés sont totalement en décalage avec la réalité économique de la Suisse (limitation à 16’000 immigrés par an).
Cette proposition réduirait à néant le développement économique des entreprises suisses. Même l’UDC est contre ! Il faut toutefois prendre cette votation au sérieux, ce que feront, je le souhaite, les Suisses.
16’000 immigrés exact. Sauf ce que ce chiffre correspond plus ou moins au nombre de réfugiés et solde (in-out) de Suisses revenant au Pays. Donc ca veut dire 0 immigration pour les entreprises.
Ca va être une bombe. Il faut convaincre autour de nous des Suisses du désastre que ça engendre….
Pour info aujourd’hui la Suisse a été classé comme la destination dans le monde préférée des expatriés.Ce qui explique pourquoi on a la plus forte immigration d’Europe.
http://www.rts.ch/info/suisse/6242209-la-suisse-destination-preferee-des-expatries.html
Commentaire très juste !
Concernant l’étude HSBC, nous avons d’ailleurs rédigé un article sur ce point.
Moi on m a conseillé de pas mettre sur mon cv que j étais francaise !!!
Bonjour,
Je ne sais pas qui vous a dit ça, mais je pense que c’est une très mauvaise idée et je vais vous dire pourquoi :
1 – supposons que vous ayez un nom à connaissance « exotique » (par exemple pays du Maghreb ou d’Asie) : le recruteur pourrait imaginer que vous n’êtes pas ressortissant UE, et effectivement, dans ce cas, sauf si vous êtes un profil très recherché, c’est élimination directe (car très difficile d’obtenir le permis de travail, on sort du cadre des accords bilatéraux)
2 – le recruteur n’est pas un jambon : il comprendra très rapidement que vous n’êtes pas suisse, ou le découvrira tardivement. Dans ce cas, si le recruteur avait décidé de ne pas recruter d’étranger (quelles que soient ses motivations, cela peut être un critère de recrutement dans certains cas), il ne vous recrutera de toute façon pas, même si vous êtes un candidat hors pair. En clair, vous ne pourrez pas le cacher, et vous risquez de lui faire perdre son temps (et de perdre le vôtre).
3 – cacher sa nationalité, c’est faire un aveux de faiblesse : tout comme les seniors, assumez cette « caractéristique » qui n’est pas dissociable, et les entreprises qui ne veulent pas de vous parce que vous êtes étranger, alors il ne faut clairement pas travailler pour elles !
Pour finir, croyez moi, il n’y a pas de honte à être Français (ou tout autre nationalité d’ailleurs), et il y a bien assez d’entreprises en Suisse qui n’ont pas d’a priori pour se concentrer sur celles-ci et laisser celles qui sont dans l’état d’esprit que vous décrivez.
merci pour votre article sur les CV, il confirme tout à fait ce que je dis en général aux gens qui me demandent de les aider pour faire leur CV en allemand pour postuler pour un emploi en Suisse. Souvent, ils ont du mal à croire que c’est ce que je leur conseille reflète la réalité en Suisse et la différence culturelle.
J’apprécie les infos et articles sur votre site, elles sont très intéressantes. Bonjour d’Alsace!
Bonjour Evelyne,
Merci beaucoup pour ce feedback qui me fait très plaisir. Je suis toujours étonné de voir la défiance des candidats, et parfois ce refus d’admettre qu’on peut (doit) faire différemment ailleurs…
Ceci dit, la sanction est souvent immédiate ! Donc…
Bonjour David,
Mon epouse est mutee a Geneve debut 2015 et du fait du rapprochement familial, je devrais obtenir le permis B (les RH de sa societe s’occupent des demarches).
En reference au #1, doit-je tout de meme mentionner le permis B sur mon CV alors que je n’ai jamais travaille en Suisse ? Dois-je apporter une precision ?
Merci
Francois
Bonjour François,
Oui, vous avez ce qu’on appelle un permis B pour non actif, mais pour les entreprises c’est une simple formalité. Indiquez-le.
Bonjour,
Et merci de nous renseigner sur le marché du travail suisse. Malheureusement à travers vos expériences, vos interventions, nous voyons transparaitre la mentalité suisse que je me garderai bien de critiquer tant la mentalité française peut avoir ses immenses failles. Mais le tableau que vous nous dressez à travers votre expérience et les expériences racontées par de nombreux français (objectifs?) est quand-même assez déroutante pour rester poli… Rassurez-vous, mon avis sur la France est assez nuancé et j’aimerai bien voir du côté des autres pays périphériques (Allemagne, Espagne, Portugal, pays du nord, etc…) si l’herbe est plus verte ailleurs (sans que le salaire soit le principal critère).
Bonjour,
Qu’est-ce que vous entendez par déroutant ? Ce que les personnes veulent bien dire est parfois très polarisé (on est très content ou très mécontent). Il est vrai que dans la plupart des cas, tout se passe bien. Pour ma part, je préfère que les personnes soient prévenues au risque qu’il y ait de la déception. La Suisse propose de belles opportunités, mais il faut les voir avec un oeil suisse, pas avec un oeil étranger, et c’est souvent là le problème !
Par exemple, lorsqu’on parle de la limitation de l’immigration, on oublie simplement de dire que beaucoup de pays la pratiquent (Etats-Unis, Canada notamment)… Cela ne me choque pas.