Ces derniers temps, plusieurs études et réflexions sont sorties autour de la pénurie de spécialistes, de talents ou simplement de certaines catégories professionnelles en Suisse : la dernière en date, une étude sur la pénurie de professeurs dans les hautes écoles suisses (celles qui forment notamment des ingénieurs), fait état de 1 400 à 2 200 emplois équivalent plein temps qu’il va falloir recruter d’ici à 2019, avec, pour certaines écoles, le recrutement de plus de 260 professeurs par an entre 2011 et 2014). Récemment encore, une étude officielle mettant en avant la pénurie de spécialistes en informatique et techniques en Suisse.
Dans toutes ces études, l’accent a été mis sur le fait que ces ressources humaines sont majeures pour le développement de la Suisse. On le sait, tout ceci représente bien sûr d’excellentes opportunités d’emploi, notamment pour les travailleurs étrangers qui sont intéressés par la Suisse.
Sans spécialistes, pas de développement de l’économie suisse
Une autre étude, menée par le cabinet d’audit Ernst & Young aborde le sujet d’un point de vue un peu plus négatif, en indiquant que cette pénurie de spécialistes, dont on a vu qu’elle durait depuis des années (notamment en Recherche & Développements), était considérée comme « critique » pour le développement de l’entreprise pour plus de 40% des entreprises interrogées. Comme le souligne fort justement l’un des analystes de l’étude, la Suisse est un pays qui n’a pas de richesses naturelles et qui dépend du savoir et des compétences de spécialistes, qu’ils soient suisses ou étrangers. De fait, sans ces spécialistes, l’innovation est réduite, ainsi que la compétitivité. Sur le plan mondial, cela peut être un très gros problème sur le plan concurrentiel, et représenter un gros handicap pour le développement économique du pays.
Plus de la moitié des entreprises suisses ont recours aux candidats étrangers pour la R&D
Pour 54% des entreprises interrogée, la plus grosse pénurie enregistrée concerne le domaine de la R&D. Pour y remédier, 58% des entreprises interrogées ont déclaré avoir recours à des candidats étrangers de manière significative puisque les profils qualifiés étrangers représentent plus de la moitié des effectifs de spécialistes. Selon l’étude, les spécialistes allemands sont particulièrement appréciés en Suisse, mais l’ensemble des entreprises interrogées dans le monde indiquent que les meilleurs talents des années à venir viendront de la Chine, des Etats-Unis et de l’Inde.
La Suisse est 7ème mondiale pour ce qui concerne les technologies de pointe
Sur l’ensemble des 1200 entreprises interrogées dans le monde, seules 10% des entreprises pensent que la Suisse est dans le « top 3 des pays des sites en matière de technologie de pointe« . A contrario, 68% des entreprises interrogées et ayant leur siège en Suisse pensent que l’accès aux technologies avancées en Suisse est bon, voire très bon.
Les technologies que les entreprises suisses sur(et sous)-estiment
Les énergies renouvelables, le micro et les nanotechnologies sont les technologies pour lesquelles les entreprises suisses perçoivent un potentiel plus important que les entreprises des autres pays du monde. A l’inverse, les technologies de l’information et la communication ont un potentiel qui semble sous-estimé par les entreprises suisses, en comparaison des autres pays.
Malgré ces résultats parfois en demi-teinte, n’oublions pas que la Suisse place 4 entreprises dans le top 100 des entreprises qui investissent le plus au monde, dont une occupe la 3ème place.
Et vous, avez-vous observé ce phénomène dans votre entreprise ?
David says
Bonjour David, et merci pour cet article.
Habitant et travaillant en France, je fais partie des gens qui souhaiteraient s’expatrier en Suisse. Suivant quotidiennement le marché de l’emploi local, je constate effectivement une forte demande depuis des mois.
A ce jour, j’ai pu établir un certain nombre de contacts intéressants, mais je trouve les process de recrutement assez longs et donnant peu de vision au candidat.
Je trouve cela dommage, dans le sens où le candidat ne sait pas trop s’il doit répondre à une sollicitation rapide, ou bien se mettre en stand-by pour une société ou un poste qui lui conviendrait mieux.
Dans ce contexte de pénurie de compétences, les sociétés Suisses n’auraient-elles pas un intérêt à trouver le moyen d’accélérer leur process de recrutement, tout en conservant leur culture de la qualité?
De mon point de vue, cela pourrait simplement passer par un suivi du candidat plus régulier et plus clair, une sorte d’optimisation par la communication…