Depuis quelques années, l’EPFL (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne) attire massivement les bacheliers français, jusqu’à représenter plus de 30% des candidatures totales pour une admission en Bachelor. Les raisons ne sont plus à démontrer : l’EPFL est dans beaucoup de classements mondiaux mieux positionnée que la plupart des universités et écoles d’ingénieurs françaises, y compris les plus prestigieuses comme Polytechnique en France. Le titre d’ingénieur de l’EPFL est par ailleurs reconnu par la Commission française des titres d’ingénieurs, ce qui est probablement rassurant pour un candidat français qui souhaiterait ensuite revenir en France. Enfin, et ce n’est pas la moindre des raisons, les opportunités de l’emploi offertes sur le marché suisse sont réelles et probablement meilleures avec un diplôme de l’EPFL (le taux de chômage en Suisse est depuis plusieurs années inférieur à 5%), et le niveau de salaire plus élevé (un ingénieur débutant démarre en moyenne à 70 000 CHF par an). Mais ne rentre pas à l’EPFL qui veut : un niveau « minimum » est exigé, et c’est de cela dont il est question ici…
Pour être admis à l’EPFL, il faut à présent une mention « Très Bien »
Pour qu’un bachelier français puisse intégrer l’EPFL au niveau Bachelor, il doit aujourd’hui se prévaloir d’une mention « Très Bien » (au moins 16/20 de moyenne). En 2013, une mention « Assez Bien » suffisait (au moins 12/20). La question est de savoir pourquoi le niveau a été ainsi relevé ? Plusieurs hypothèses sont possibles : la plus simple consiste à se dire que la demande ayant fortement augmenté (plus de 20% de candidats français ces dernières années), une sélection plus forte doit être exercée en amont. Une autre pourrait trouver une explication dans une baisse du niveau du baccalauréat français, accélérée par le gonflement quasi institutionnalisé des notes du bac en France et qui a incité l’EPFL à ajuster ses critères. Il y a probablement un peu des deux.
Des meilleurs résultats pour les candidats suisses alors qu’ils n’ont aucune condition d’admission
Mais c’est la suite qui suscite le plus de questions : en 2015, seuls 38% des bacheliers français ayant eu une mention « Très bien » et admis en première année à l’EPFL ont réussi à passer en 2ème année, contre 43% des étudiants ayant un diplôme suisse. Or, les étudiants suisses au bénéfice d’une maturité gymnasiale suisse (équivalent du baccalauréat français) sont admis à l’EPFL… sans aucune condition de niveau. En théorie, on pourrait donc supposer que le niveau des bacheliers français admis à l’EPFL est supérieur à celui des étudiants suisses, ce qui ne semble pas être le cas à en croire les chiffres.
Le niveau du baccalauréat français en question
Les fervents défenseurs du baccalauréat en France trouveront probablement une montagne de chiffres et d’études pour prouver qu’au contraire, le niveau du baccalauréat s’améliore. La réalité concernant l’évolution du niveau du baccalauréat se trouve vraisemblablement dans les critères d’admission et les statistiques de réussite à l’EPFL. Ou quand un pays étranger vous renvoie une réalité difficile à mesurer dans son propre pays, par manque de repères.
Delphine says
Mon fils est scolarisé dans le canton de Vaud, en Suisse.
Pour avoir « la moyenne », c’est-à-dire 4 sur 6, puisque les notes sont sur 6 en Suisse, il faut 75% de bonnes réponses au test. Soit 15 sur 20 en France.
Donc oui, pour aller à l’EPFL, il n’y a pas d’autres condition, mais la sélection se fait avant…
Emilie says
Article très intéressant ! Je pense néanmoins qu’il faut chercher une partie de l’explication dans le fait qu’on parle de jeunes de 18 ans qui étaient bien au chaud chez papa et maman et qui se retrouvent seuls dans un pays étranger qui a beaucoup de règles, chose à laquelle les français sont peu habitués…Avez-vous les chiffres au delà de la première année?
Fellay says
Bonjour
Article partial et biaisé. Il y a de nombreux classements qui ne classent pas merveilleusement l’EPF spécialement de Lausanne .
Les notes du bacalauréat sont probablement de plus en plus gonflées en France. Il était exceptionnel il y a 20 ans d’avoir un 16 /20 au bac scientifique. Cela justifiait à l’époque une admission à l’EPFL sur mention bien ou très bien. Que les critères de notes du bac soient à revoir pour l’admission à l’EPFL est donc une chose tout à fait légitime.
Mais que votre article commence par expliquer que l’EPFL est meilleure que les meilleures écoles d’ingénieurs en France, en oubliant les années de classe préparatoire avant l’admission sur concours, c’est une méconnaissance du système français. Ces étudiants qui se présentent à l’EPFL sont ceux qui n’ont pas été admis en classes préparatoires ou veulent échapper aux concours. Un étudiant français qui serait admis à la fois à l’EPFLausanne et à l’Ecole Polytchnique de Paris (impossible dans le temps) , son choix serait vite fait je peux vous dire > la deuxième école.
Que l’EPFL soit présentée quasiment parmi les tops du monde, convoitée par les étudiants français, ça aussi c’est gonfler la situation réelle.
Cette arrogance suisse est un détail qui me tue.
Meilleures salutations