Après le témoignage de Maxime l’an passé, nous reprenons notre série de témoignages d’expatriés en Suisse, avec celui d’une infirmière qui s’est installée avec son mari dans le canton de Berne. Ce témoignage me tient à coeur car il va à l’encontre de tous les clichés qu’on peut avoir sur les expatriés français en Suisse.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Sandra (note : les prénoms ont été changés), j’ai 52 ans, vit en couple, et j’ai un enfant qui est resté en France. Je suis de formation infirmière, et formation supérieure à Paris d’infirmière cheffe. Tout au long de ma carrière en France, j’ai exercé plutôt dans le public.
Mon mari a 52 ans, originaire de Paris, et est comptable de formation.
Comment es-tu arrivée en Suisse ?
Nous sommes arrivés en Suisse en 2013, mon mari quelques mois avant moi.
La Suisse, c’était un projet de vie pour nous. Nous étions fatigués de la France : l’environnement, la politique, c’était plein de choses qui ne nous plaisaient plus, nous avions tous les deux envie de changer d’air et de pays.
Nous avions envisagé en couple le Canada, la Belgique ou la Suisse.
Au Canada, j’ai de la famille. Mais c’est loin, surtout pour la famille qui reste en France. Le Canada c’était aussi un peu compliqué. Je ne voulais pas la Belgique. Il restait la Suisse. C’était central au niveau de l’Europe, il y avait une partie francophone. Je connaissais des professionnels qui étaient partis. Nous n’avions jamais mis les pieds dans le pays, mais mon mari et moi en avions une bonne image.
On ne savait pas trop comment faire ni par quoi commencer. Mais l’histoire s’est accélérée après un événement. Mon ami est revenu d’un congrès à Genève, et il a rencontré un Suisse qui possédait une fiduciaire. Ils ont sympathisé, et ils sont restés en contact. Mon mari lui avait parlé de nos souhaits de départ. 6 mois après, il a rappelé mon mari, et lui a dit : « Si tu veux venir travailler en Suisse, je t’embauche. »
On n’a pas hésité une seconde, on est partis. Nous avons pris notre décision en avril, et mon mari est parti en Juillet. Pour ma part, je suis resté en France, car étant fonctionnaire, j’ai dû faire une demande de disponibilité. Toutes les démarches de mon côté ont mis 6 mois, et je suis donc arrivée en Suisse sans travail, en novembre. Heureusement, on avait un peu d’argent de côté pour s’installer.
Nous ne voulions pas être frontaliers, c’était important pour nous d’être sur place. C’était une volonté de s’investir et de s’installer dans le pays.
Comment s’est passé ton recrutement ?
Dès mon arrivée en Suisse, j’ai commencé à chercher activement un poste. Je voulais un poste de manager, proche de ce que je faisais en France, et je me suis rendu assez vitre rendu compte que ce serait très difficile.
J’ai quand même eu beaucoup d’entretiens. J’ai finalement cherché un poste d’infirmière, et j’ai trouvé au bout de 5 mois. Je suis aujourd’hui occupée à 60%, depuis mai 2014.
Je suis donc repartie de la base, dans un secteur qui n’était pas forcément celui dans lequel j’avais l’habitude d’évoluer (un EMS (home) pour personnes âgées).
Dans la région, je n’ai pas eu de proposition pour travailler en tant qu’infirmière dans les hôpitaux .
Et pour finir, dans mon établissement, l’infirmière cheffe est partie, j’ai posé ma candidature pour le poste, et ça a fonctionné.
Je constate que les établissements para-médicaux ont beaucoup fermé les postes aux français ces derniers mois, et particulièrement les frontaliers. Dans mon EMS, il y a 50% de suisses, 30% de frontaliers, et 20% de français installés en Suisse.
Dans les villes plus proches de la frontière, les collègues qui ont postulé me disent que c’est ouvert aux suisses, peu aux frontaliers.
Décris moi ton métier au quotidien ?
Ce que j’aime bien, c’est le management d’équipe. Il y a des exigences, il faut répondre à de la qualité, à de l’humain.
Par rapport à la population concernée, c’est très différent compte tenu du fait que le secteur est différent. Avant, je faisais des soins aigus, pas de gériatrie. Aujourd’hui je mets mes connaissances au service des personnes âgées. Vu mon expérience, c’est logique de terminer par ce métier et ce secteur. C’est très agréable de travailler avec les personnes âgées.
Pour les soins, j’ai 25 personnes sous ma responsabilité (45 quand j’étais à Paris).
J’ai des piquets, je peux donc travailler à tout moment, notamment la nuit, et ce n’est pas simple à gérer mais cela fait partie du job.
Ce que j’ai remarqué en Suisse, c’est que l’expérience a une grande importance, et l’âge joue un rôle dans mon métier. Quand vous avez fait beaucoup de choses, que vous vous êtes investi, c’est important pour les Suisses, et ils sont reconnaissants. L’âge est moins handicapant qu’en France par exemple. Surtout pour un poste de manager, un peu moins en revanche pour les infirmières.
Concernant le management, là où je suis, les suisses sont plus respectueux de la hiérarchie, et sont plus disciplinés que les équipes que j’avais quand j’étais en France. Mon management est sensiblement le même. Si vous expliquez et faites les choses en bonne intelligence, ça passe assez bien. Ici en Suisse, c’est plus facile de diriger les équipes je trouve.
Sur le plan du salaire, j’avais en France un poste beaucoup plus difficile, et j’étais très mal payée. Après une expérience de 10 ans en tant que manager, 45 personnes sous ma responsabilité, j’étais payée 2500 euros net par mois.
En Suisse, j’encadre 23 soignants, je suis à 60%, et mon salaire est de 4500 CHF… Soit à peu près 2,5 fois le salaire en France. En Suisse, dans mon métier, tu es rémunérée à hauteur de ton expérience.
Avec 3 ans de recul, avec tout ce qu’on avait à payer, avec ce qui nous restait à la fin du moins, on vivait moins bien en France. Maintenant en Suisse, et même si la vie est chère, on vit quand même mieux et il nous en reste plus à la fin du mois.
Comment s’est passée ton installation ?
Comme mon mari est parti avant, la fiduciaire nous a loué un appartement, ce qui était très pratique pour bien s’installer. Avec du recul, on a eu des coups de pouces incroyables… et de la chance. En effet, en face de notre appartement, une maison était à vendre. On l’a visité et nous l’avons acheté tout de suite. En juin 2014, on emménageait dans la maison en face de la fiduciaire. Pour mon mari, c’est parfait car il est juste à côté. Pour moi, c’est un peu plus compliqué car j’ai des trajets.
Si tu devais donner quelques conseils à tes compatriotes, quels seraient-ils ?
– Ne pas arriver conquérant, et écouter les personnes et l’environnement. Il faut beaucoup écouter, ça apporte beaucoup.
– Je conseille de lire le livre « La Suisse romande vue par un expat français » de Dominique Poirier . A 90% c’est notre histoire, le même ressenti, la même expérience. J’aime bien ce qui est écrit car c’est assez pondéré.
– Nous nous sommes investis dans la vie locale. On va a beaucoup de manifestations : c’est très importants pour les Suisses de montrer que tu participes à la vie de la communauté.
– Au bout de 3 ans, les effets sur notre famille restée en France sont assez compliqués, et on ne l’avait pas mesuré. Ce n’est pas facile car ils trouvent que maintenant on rejette la France, et qu’on est très dur dans notre jugement. Comme ils sont restés en France, ils se sentent délaissés au profit de la Suisse, c’est un peu comme si on les avait abandonnés dans une situation difficile. Il faut qu’on fasse attention à ce qu’on dit pour ceux qui sont restés.
Quel est ton ressenti sur l’accueil de la Suisse ?
Je ne suis pas heurtée au grand cliché « français VS suisses ». Je pense que c’est un comportement qu’on a (ou qu’on n’a pas) qui fait qu’on déclenche telles ou telles réactions. Il faut bien comprendre que c’est à nous de nous adapter, et pas le contraire, car ce sont nous les étrangers ici. Alors forcément, nous concernant mon mari et moi, on n’est pas rentrés dans ce que les suisses décrivent comme le côté arrogant. On n’est pas comme ça. Comme il y a plein de choses qu’on ne connaît pas, on se remet en question. Au final, c’est un échange, notre vie ici se passe en bonne intelligence.
Personnellement, je n’ai jamais été confrontée à ma nationalité, même si on me fait remarquer parfois que je suis française par rapport à notre accent.
Nous n’avons eu aucun problème avec l’environnement et les voisins (nous vivons dans le canton de Berne). Nous sommes discrets, j’ai du mal à décrire car pour nous c’est normal. On n’a pas de souci avec nos voisins car nous faisons attention, nous sommes respectueux des habitudes, c’est normal on est chez eux, il faut respecter ça ! Si on ne fait pas ça, on tombe dans les clichés. En faisant attention à tout ça, en tant que résident en Suisse, on est mieux perçu et c’est plus facile pour tout le monde.
A ce jour, quel regard portes-tu sur ton installation en Suisse ?
On ne regrette rien, tout ce qui nous est arrivés jusqu’à présent est très positif, et tant qu’on est actif on souhaite rester ici. La France ne nous manque pas, mais j’aime mon pays, et j’y vais souvent en tant que touriste. Ici, dans le canton de Berne et dans notre commune, on est bien intégrés, on se plaît.
NBL says
C’est très important ce que vous racontez sur la Suisse, franchement j »ai eu pas mal d’idées sur le pays.je compte moi aussi m’installer en suisse, et grâce à vous, je suis entrain de découvrir le pays petit à petit. Merci infiniment
David Talerman says
Merci pour votre commentaire !
C’est un plaisir.
aGils says
Les cantons sont tous différents les uns des autres. Je suis dans la même situation que Sandra (donc expatrié). Ayant vécu en Valais et en Vaud, ayant des amis en Berne, Fribourg, Genève, j’ai ressenti des différences notables provenant de l’ambiance de vie générale dans ces cantons. C’est en Valais que l’on m’a demandé sans détour « pourquoi j’étais venu en Suisse ». Quelques mots rugueux (« frouze » le plus fréquemment) utilisés par ci par là sont à classer dans le registre des exceptions mal embouchées. Pour le reste, l’accessibilité, la politesse et l’amabilité sont de mise…ce qui n’est franchement pas pour déplaire.
Braibant says
Bonjour ,
Infirmier avec 25 années expériences en psychiatrie ,francophone (Belge). J’ai obtenu 2 entretiens il y a 3 ans , ça ne m’a pas sourit .
Il y a 2 semaines me suis déplacé à nouveau pour un entretien (CHUV) et échec !
Investissement financier ,moral, mal récompensé .
Je vais ranger mon rêve Suisse au placard !
Bastien says
Je remarque que les français qui s’installent en suisse sont très différents des français frontalier qui ne sont ici que pour le fric. Vous devriez interviewer quelques uns pour montrer que les français ne sont pas tous pareils. Ily a une majorité de profiteurs certes, mais ceux qui s’installent ici sont très sympathiques. Bravo pour cette initiative.
David Talerman says
Cher Bastien,
J’ai longtemps hésité avant de publier votre commentaire et puis allez, je me suis dis que si.
En fait votre commentaire m’a fortement perturbé, car, voyez-vous, je suis moi-même français et frontalier… Mais j’ai aussi été résident en Suisse pendant presque 10 ans.
Et je me suis rendu compte avec horreur que du jour où je m’étais installé en France, j’étais devenu un profiteur. C’est horrible car je ne m’en était absolument pas rendu compte. Grâce à vous je vois enfin la réalité en face, merci !
Plus sérieusement : depuis plusieurs années, les partisans de partis identitaires, populistes, voire pour certains fascistes et violents, font un travail de sape méthodique sur les forums et blog comme le mien pour laisser un message simple : les étrangers, dehors !
Comme je modère a priori, ces interventions sont en général non publiées. Alors un petit Bastien arrive, avec un email jetable et anonyme pour ne pas être reconnu, et fait un commentaire un peu plus finaud que d’habitude (mais bon pas trop quand même, il ne faut pas exagérer).
Alors je voulais très sincèrement vous féliciter pour cet effort qui a dû, j’en suis persuadé, vous coûter (comme en général tout se résumait à une phrase avec 3 insultes au milieu, la construction d’un paragraphe entier, n’est, j’en suis sûr, pas simple pour vous).
Vous avez toutefois oublié de mentionner dans votre commentaire, l’odeur des frontaliers, probablement plus forte (on le sait bien, les frontaliers se lavent aussi moins souvent que les Français qui s’installent en Suisse). Et si vous aviez voulu être totalement complet, il aurait aussi fallu parler du fait que nous sommes tous des voleurs. Je vous invite enfin à analyser avec la même finesse le cas des Suisses qui s’installent en France et deviennent frontaliers : deviennent-ils du jour au lendemain intéressés par le fric ? Deviennent-ils subitement des profiteurs ? Ne risquent-ils pas de contaminer les autres bons suisses et bons résidents suisses qui sont restés au pays ? La simple évocation de ces questions doit probablement vous donner une sacrée migraine. Alors bon courage !
julien says
Je suis Français installé en Suisse depuis 2001 et suis assez d’accord avec bastien. Je n’ ai jamais compris comment on peut vouloir travailler dans un pays sans y vivre. Je trouve que c’est un manque de respect pour le pays qui donne un travail. Je différencie bien sûr les vrais frontaliers (qui sont nés de l’autre coté de la frontière) de ceux qui viennent de Marseille , Paris… et s’installent a Annemasse pour profiter de salaires attractifs suisses. Ces derniers sont en générales très mal vu dans les entreprises . Perso même en étant Français je n’ai aucun respect pour eux.
Quand je suis arrivé de Poitiers en 2001 pour la région Genevoise j’ai d’abord habiter 6 mois a St genis pouilly le temps de trouver un logement en Suisse. Vous pouvez conseillez a vos lecteurs de vivre en Suisse plutôt que d’être frontalier. Un Français habitant en Suisse sera très bien accueillit dans le pays contrairement a un frontalier. Pour moi il n y a que des avantages a vivre en Suisse. Perso, je ne regrette pas du tout mon choix. Mes amis Français sur Lausanne ont plus ou moins le même point de vue.
David Talerman says
Julien,
Quand je me suis installé dans le canton de Vaud, j’ai fait le même choix. Dès la 1ère édition de mon livre, en 2007, je conseillais déjà de vivre dans le pays pour tout un tas de raisons. Toutefois, dire qu’on n’a pas de respect pour les frontaliers me semble très fort. En effet, bon nombre de personnes qui viennent travailler sur Genève n’ont simplement pas les moyens de trouver un logement ici. D’ailleurs, pas mal de Suisses s’installent eux-même en France pour les mêmes raisons.
Ce que je veux dire par là c’est qu’être frontalier peut être un choix, mais aussi une nécessité.
Un exemple simple : une personne qui travaille dans le secteur de l’hôtellerie restauration ou le commerce de détail où les salaires sont en général faibles n’a a priori pas les moyens de s’installer dans le canton (trouvera-t-elle d’ailleurs une régie qui lui louera quelque choe ?).
A titre personnel, en 2013, j’étais frontalier et ai souhaité revenir m’installer avec ma famille en Suisse (avec 3 enfants). Impossible de trouver un appartement à des prix raisonnables et dans des endroits pas trop éloignés.
Enfin, je ne suis pas certain qu’on puisse dire avec certitude qu’un Français vivant en Suisse sera mieux ou moins bien accueilli qu’un frontalier. Cela dépend de beaucoup de paramètres, et particulièrement du lieu où vous vous installez (ville VS campagnes), et j’ai vu autant de cas d’échecs dans les deux cas. A cet égard, le commentaire de l’infirmière interviewée est intéressant sur l’aspect de l’implication locale : les Suisses valorisent et reconnaissent l’implication locale, ce que peuvent difficilement faire les frontaliers par ailleurs.
julien says
Sauf que pour le logement la roue tourne. Par exemple, dans le canton de vaud on passe d’une longue période de pénurie a un équilibre (taux de vacance autour de 1,1% en juin dans le canton de vaud) a une suroffre d’ici 2 ans d’après plusieurs études (plus de 2%). Fribourg, valais, Neuchâtel et jura on s’approche aussi de la surroffre. Genève, c’est le seul canton ou l’on a encore une sousoffre. Mais la situation s’améliore. On devrait avoir une situation qui s’approche de l’équilibre d’ici 2-3 ans d’après les experts.
Donc maintenant il n y a plus aucune raison de ne pas vivre en Suisse a cause du manque logement. Les loyers sont même en baisses depuis 2 ans. A Lausanne il y a près de 200 logements (rien que sur ces 5 dernières constructions) tout juste construit qui n’arrivent pas a trouver preneur
http://www.lesfichesnord.ch/louer
http://www.la-croisee.ch/fr/louer.php
http://www.enjonchets.ch/fr/main/details
http://www.bernard-nicod.ch/fr/ItemDetails/NewDev/78C4672A-D13C-43AA-B309-A9AD6BB32259
http://www.lesbosquets-location.ch/fr/main/details
Vous pouvez donc maintenant venir habiter en Suisse sans aucun problème.
Le canton de Zug et de Zurich sont les cantons ou il y a le moins de frontaliers (presque pas) mais cela n’empêche pas qu’ils connaissent la plus forte croissance démographique de Suisse sur les 10 dernières années. A la différence de Genève, les étrangers ne peuvent pas être frontalier car trop loin de la frontière. Les étrangers vont donc y habiter au lieu d’être frontalier (même ceux qui travaillent dans hôtellerie où les salaires sont bas…). A Genève la frontière est trop proche ce qui n’incite pas les Français a y habiter et faire des efforts d’intégration. Les frontaliers Genevois pourraient facilement trouver un logement vers Nyon/Gland/morges pas trop de loin de la gare là ou il y a pas mal de logements disponibles et les loyers sont plus abordables. Concernant les autres cantons romands (vaud, neuch, fribourg, valais, jura) il est désormais très facile d’y trouver un logement et de plus en plus abordable.
Je pense que vous devriez plus insister dans vos postes et vos livres sur le fait qu’il est préférable de vivre en Suisse plutôt que d’être frontalier. Dans les amis Suisses que j’ai, ils ont un beaucoup plus grand respect pour les Français de Suisse que les Français frontalier. Croyez moi on est mieux intégrer en vivant dans le pays. Je ne parle même pas de la discrimination a l’embauche que subissent les frontaliers par rapport aux résidents Suisses (Suisse ou étrangers).
David Talerman says
Julien,
La détente du locatif est une bonne chose et cela facilite probablement les choses pour s’installer.
Mais une partie non négligeable de frontaliers ne pourront jamais se payer de tels loyers, notamment ceux qui vivent seuls dans les métiers que j’ai cité.
Pour ceux qui me lisent depuis longtemps et qui ont lu mon livre, mon point de vue est clair : ma préférence va au statut de résident, mais visiblement je ne le mentionne pas suffisamment 🙂 D’ailleurs, j’ai rédigé dans mon livre un chapitre spécifique sur ce sujet !
Clément says
Je suis un petit peu en retard sur vos posts mais je trouve le débat intéressant. Pour ma part, je suis frontalier, originaire d’un village à proximité d’Annemasse. Je travaille dans une entreprise familiale de taille relativement importante (100-150 personnes). Ma mère a été frontalière toute sa vie, j’ai donc grandi avec cette culture transversale. Je me trouve très intégré au sein de ma Société et ne vois aucune raison de venir en Suisse, ayant ma famille et mes amis à Annemasse et dans la vallée verte.
Pour travailler dans un service composé de trois français avec des parcours d’intégration en Suisse très différents, je pense que le maître mot reste l’intégration culturelle. Les mentalités (au sens culture) françaises et suisses sont significativement différentes tant sur des aspects sociaux (« syndicalistes » mal vus), sur des éléments de langage (septante, nonante, natel, accent, etc.), sur des éléments culturels divers (culte de la confidentialité, certain résistance au changement, etc.).
Il y a de multiples autres aspects où l’adaptation du frontalier est nécessaire pour pleinement s’intégrer dans son environnement. Cet effort semble non seulement indispensable mais marque également d’une forme de respect pour la Société et le pays qui t’emploie. Bien que cela semble évident en théorie, dans les faits, je dénombre une certaine nonchalance de certains français à leur arrivé. Ce manque de respect et d’humilité me choque souvent autant que mes collègues Suisses.
La problématique salariale vis-à-vis du logement Suisse reste probablement véridique dans certaines professions mais reste un « faux » problème selon moi.
David Talerman says
Bonjour Clément,
Un grand merci pour ce commentaire.
Je n’aurais pas dit mieux.
A bientôt sur notre blog.
Burtin Hammani says
Bonjour,
Merci pour ce blog très intéressant et bien étoffé.
Je le suis de près depuis plusieurs années.
Si besoin est, je suis ouverte pour partager mon expérience , installée en Suisse depuis 2012 , je serai ravie de communiquer autour de cela.
David Talerman says
Bonjour,
Merci et avec plaisir, je prends contact avec vous directement.
SACLIER says
Bonjour David,
j’ai lu votre livre et il est précieux en ce qui concerne les éléments de base. Il y a bien sûr toujours à approfondir mais votre ouvrage pose les bases.
Je suis contente de trouver le témoignage d’une infirmière. Je comprends très bien tout ce qu’exprime cette collègue, tant au niveau social que professionnel sur les raisons de son choix. Je suis moi-même infirmière. Interpelée par des offres d’emploi suisses sur les sites spécialisés en France, j’ai fait toute la procédure pour légitimer mon choix d’y répondre. En effet, les conditions de prise en soin des personnes là-bas sont très nettement meilleures qu’en France. Mais au final, c’est très compliqué. J’ai 59 ans, je suis proche de la retraite et je suis en but au même problème qu’en restant en France : je coûte trop cher ! A cause de mon expérience. Alors en France, je ne trouve pas de travail en CDI, que des remplacements ponctuels et c’est ce qui risque de m’arriver aussi côté helvète. Bien consciente de ce qui est évoqué au niveau du choix de la résidence, je ne pourrais donc pas envisager d’y vivre, car pas d’emploi sûr. La procédure est valide deux ans pour travailler sur Genève, aussi je ne me décourage pas. Je vais aller rencontrer les gens et leur proposer mes services dans le cadre de missions ponctuelles. J’ai tout à gagner en termes de conditions de travail, car là-bas, au lieu d’être seule pour un service de 60 personnes, les infirmières sont référentes d’un groupe de dix au maximum donc la prise en charge peut être de qualité. Je pense que la Suisse est un beau pays au sens relationnel justement car le respect existe. Après tout ce qui se dit sur les frontaliers existe sûrement, il n’y pas de fumée sans feu. Mais en effet, il y a aussi de plus en plus de suisses qui viennent vivre du côté français. pour des raisons identiques, c’est-à-dire matérielles. Après tout, pourquoi se tirer dans les pattes si tout le monde y trouve son compte ? On ne construit rien sur la jalousie et le jugement négatif.
julien says
« Après tout ce qui se dit sur les frontaliers existe sûrement, il n’y pas de fumée sans feu. Mais en effet, il y a aussi de plus en plus de suisses qui viennent vivre du côté français. pour des raisons identiques, c’est-à-dire matérielles. Après tout, pourquoi se tirer dans les pattes si tout le monde y trouve son compte ? »
Population Suisse 8.5 millions d’habitants
Nombre de frontaliers Français travaillant en Suisse : 170’000
Nombre de Français résidant en Suisse : 230’000 (ce chiffre inclue les Français et les Franco-Suisse (ces derniers, des Français devenus Suisse sont souvent exclus des chiffres officiels).
Nombre de Suisse résidant en France et travaillant en Suisse : environ 30’000.
Donc le nombre de Suisse vivant en France et travaillant en Suisse sont une goutte d’eau par rapport au 8.5MM d’habitants que compte la Suisse et par rapport au nombre de frontalier Français. A noter que près de 60% des Français travaillant en Suisse ont choisi de résider en Suisse contre 40% qui ont choisi d’être résident.
D’après des sources que j’ai dans le milieu immobilier il y aurait récemment une baisse de nombre de Suisses frontaliers. En effet Genève et Vaud construisent de plus en plus, il est donc plus facile de trouver un logement depuis quelques mois, ce qui expliquerait que ses Suisses frontaliers commencent a revenir en Suisse (Beaucoup ont été chassé de Genève a cause de la pénurie de logement passé).
Louis CHARDIGNY says
Je ne sais pas où vit cette dame à Berne. De mon coté j’ai vécu 2 ans à Bienne et effectivement dans cet environnement très multiculturel où les francophones sont minoritaires, les français sont accueillis les bras ouverts en comparaison avec les immigrés d’origine des pays de l’est bien plus nombreux et ayant un mode de vie bien différents. Je ne suis pas sur qu’à Vaud ou dans le Valais ce soit le même cas.
Thomas says
Je souhaite partager avec vous mon experience avec des francais….
4 licenciements abusifs, harcelement moral, mobbing, mauvais certificats de travail alors que performances exceptionnelles, etc……
Joshua says
Il faudrait prendre en compte qu’une famille avec 3 enfants et un seul revenu, pour se loger à Genève, Gland ou autre, cela revient extrêmement cher.
Il faut compter un 5 pièces, et une assurance maladie par personne, cela représente un fort coût qu’il n’est peut être pas possible pour une famille de supporter.
C’est bien de dire, « il existe des logements », la question à se poser est » ont il les moyens de se loger »
FAB says
bonjour : en quoi cela peut vous gèner que les français vivent en france et travaillent en suisse ? Tout le monde a besoin d’argent pour vivre mieux ,et posez vous la question monsieur jaloux si les suisses recrutent des français , c’est qu’il manque des infirmière et autres soignants chez eux , alors arrétez de critiquer a tout va .