Les grands chefs cuisiniers vous diront tous la même chose : le dessert doit être parfait car c’est le dernier souvenir que les clients auront en sortant du restaurant.
C’est la même chose pour la fin de contrat entre un collaborateur et son employeur : il est indispensable que cette fin se passe du mieux possible, quelles que soient les conditions. Et je vais vous expliquer maintenant pourquoi c’est encore plus vrai en Suisse, et pourquoi il est très important que la fin de la relation avec son employeur soit toujours positive car c’est en réalité l’enjeu de la recherche d’emploi en Suisse de votre prochain poste dont-il est question.
Le monde du travail en Suisse est tout petit
Dans certains pays, on n’envisage pas qu’une fin de contrat se fasse sans heurts, sans rapport de force. En Suisse, c’est exactement le contraire. C’est avant tout une question de culture.
Alors pour dire les choses de manière très directe : si vous quittez votre emploi dans de mauvaises conditions, vous ne pourrez que vous attirer des ennuis, car cela vous suivra. Le monde du travail ici est petit, tout se sait.
Dans un conflit qui vous oppose à votre employeur, la question n’est pas de savoir qui a raison ou qui a tort. Ce n’est pas le sujet.
Il faut évacuer toute passion, tout sentiment dans cette rupture, et ce quelles qu’en soient les raisons.
Vous avez été écarté comme un malpropre ? Faites-vous une raison et analysez pour les prochaines fois ce que vous pouvez améliorer de votre côté.
Vous avez l’impression d’avoir beaucoup donné et vous vivez ce remerciement professionnel comme une trahison ? Passez à autre chose.
Votre futur employeur ne veut pas recruter un procédurier
Mais plaçons nous un instant d’un point de vue de votre futur employeur.
L’important, pour lui, c’est de s’assurer certes que vous remplissez bien le cahier des charges du poste, que vous avez les bonnes compétences et que vous saurez faire ce qu’on vous demande, mais il veut également s’assurer vous vous intégrerez bien dans la société, et que vous ne sèmerez pas la zizanie au sein de l’équipe.
Et ce qui est sûr, c’est qu’aucun employeur ne voudra recruter un râleur et encore moins un procédurier.
Le problème du certificat en Suisse
Si la fin de votre contrat se passe mal, vous aurez également très probablement un mauvais certificat de travail ou du moins pas le meilleur certificat possible. Et même si on peut discuter du bien fondé de ces certificats, ils restent néanmoins courants et regardés par les recruteurs en Suisse.
Pour ceux qui ne le savent pas, le certificat de travail en Suisse est un document qui porte un jugement qualitatif et quantitatif sur votre travail.
Ce document est normé, avec un certain code rédactionnel qui permet aux recruteurs de savoir si oui ou non vous êtes, selon lui, un bon élément. Par exemple, les recruteurs pourront savoir si vous avez été remercié alors que pour un néophyte, rien n’apparaîtra à la lecture de ce document.
Un mauvais certificat, c’est l’assurance d’avoir une mauvaise opinion du recruteur sur votre candidature, même si vous avez un bon dossier ou effectué une belle prestation en entretien.
Mauvais départ, mauvaises références
Par ailleurs, et c’est probablement cela le pire, si vous quittez votre employeur dans de mauvaises conditions, il vous sera difficile d’avoir de bonnes références.
Une bonne référence, c’est par exemple un supérieur hiérarchique en mesure de parler de vous de manière positive. Et quand un futur employeur fait une prise de référence, la personne que vous avez mise en référence est appelée, et on lui pose pas mal de questions….
Et il y a en notamment une qui ne laisse aucune place à l’ambiguïté quant à la nature de votre relation : “Si vous deviez recruter de nouveau M. ou Mme, le feriez-vous ?”
Et si vous n’avez pas de référence “solide” à proposer, et particulièrement aucune référence d’un supérieur hiérarchique, c’est forcément louche.
Mettre de côté ses émotions
Dans une fin de contrat, il est donc indispensable de mettre de côté ses émotions, même si ce n’est pas toujours simple. En Suisse, la culture est discrète, on n’aime pas les conflits, alors faites ce qu’il faut pour les éviter. Et achetez-vous un peu de quiétude pour vos prochaines postulations et la suite de votre carrière.
Pour finir, mon message ne veut pas pour autant dire qu’il faut tout accepter, car tout n’est pas acceptable : c’est une question de forme. Dans le cas d’abus, il existe bien sûr des solutions plus “dures” comme les Prud’hommes, mais sachez qu’il est très largement préférable de trouver un mauvais accord plutôt que de traîner son employeur aux Prud’hommes. Vous y gagnerez en quiétude à tous les niveaux.
Valais says
« En Suisse, la culture est discrète, on n’aime pas les conflits, alors faites ce qu’il faut pour les éviter. »
Non seulement la culture en Suisse est discrète, mais le mobbing, le harcèlement moral, les licenciements abusifs deviennent de plus en plus bien répandus dans les entreprises suisses. Est-ce que les collaborateurs – victimes des comportements susmentionnés, doivent-t-ils donc porter des poids de tout cela ? Même si leur travail était impeccable, mais leurs managers ont décidé de s’en séparer en leur donnant une mauvaise évaluation à la fin de l’année ?
Les gens qui travaillent, ont tout-à-fait le droit d’annoncer le comportement abusif de leurs supérieurs aux syndicats et au Prud’hommes. On ne peut plus justifier « la liberté contractuelle » dans les entreprises suisses.
David Talerman says
Merci pour votre commentaire ! En effet, il ne faut pas accepter l’inacceptable et c’est toute la difficulté de l’exercice. En cas de conflit, mon conseil est toujours de chercher à trouver un compromis, une entente, mais si ce n’est pas possible, alors il existe la solution des Prud’hommes et heureusement. Mais d’expérience, ni le collaborateur ni l’employeur n’ont intérêt, pour des raisons différentes, à le faire.