Il y a des livres que vous adorez. Il y a aussi ceux que vous détestez (mais en général, ceux-là, vous ne le finissez pas). Et il y a ceux que vous adorez et qui vous dérangent. Et c’est le cas du livre de Marie Maurisse que je viens de finir. « Bienvenue au paradis », c’est une incursion profonde dans les relations franco-suisses. « Bienvenue au paradis », c’est une photographie sociale de tous ces français, expatriés et frontaliers, qui ont décidé de faire un bout de chemin en Suisse, et des Suisses qui les côtoient.
C’est aussi une description, sans complaisance, de ce qui se passe dans les coulisses des relations franco-suisses, mais dans la vie de Monsieur et Madame tout le monde.
Une toulousaine dans le canton de Vaud
Son auteur, Marie Maurisse, est journaliste et correspondante du Monde. Elle vit en Suisse dans le canton de Vaud, et je me rappelle encore notre 1ère rencontre, dans un petit restaurant à Lausanne, qui devait plus ou moins coïncider avec son arrivée en Suisse. C’était en 2008, et dès lors nous sommes restés en contact. J’avais d’ailleurs, à l’époque, fait une interview d’elle sur mon blog. Il faut dire que Marie a un franc parler que j’adore. Marie, la toulousaine qui a toujours conservé son joli accent malgré les années passées en Suisse (ce qui lui a visiblement été parfois reproché !), a eu le temps d’observer, de regarder, de s’immerger dans le monde compliqué des relations franco-suisses. « Bienvenue au Paradis » est visiblement le fruit de cette observation, agrémentée de témoignages de professionnels d’horizons divers et de connaisseurs des relations franco-suisses. Pas étonnant qu’elle ait fait un tel livre, et il vaut le détour.
Un livre sur les relations plus ou moins faciles des expatriés et frontaliers avec les suisses et la Suisse
Les histoires et anecdotes de « Bienvenue au Paradis » sont parfois étonnantes, souvent dérangeantes. Dans « Bienvenue au Paradis », il est question d’Eldorado, mais aussi de la gueule de bois que les expatriés et frontaliers ont parfois après quelques années en Suisse. Ceux que Marie Maurisse a interviewé sont de tous poils : les évadés fiscaux richissimes côtoient les frontalières coiffeuses, avec au milieu les femmes d’expatriés qui s’ennuient ferme dans leur cage dorée. Leur point commun : la Suisse, et des relations plus ou moins faciles avec le pays et les autochtones.
Un livre qui se lit simplement et qui fait réfléchir
Ce que j’ai adoré dans le livre de Marie, c’est qu’il vient en contrepied de pas mal d’idées reçues sur la Suisse, et qu’il donne la parole à toute le monde. Il met le doigt là où ça fait mal, il ne fait pas de compromis, et explique à quel point les choses ont changé ce 5 dernières années. On y trouve à la fois une approche très anecdotiques de certaines situations, et des analyses très fines. Certaines d’ailleurs, alors que je crois connaître un peu la Suisse, m’ont franchement fait réfléchir et m’ont ouvert d’autres horizons. « Bienvenue au Paradis » se lit facilement, et c’est probablement en cela qu’il est dérangeant : Marie Maurisse, au fil du livre, positionne doucement ses pions, calmement, sans hâte, pour nous emmener dans un chemin qui ne nous montre pas le plus joli des paysages helvétiques.
Un ami suisse me disait il y a quelques temps, en parlant de l’immigration en Suisse, que ce qui comptait, ce n’était pas tant la réalité des chiffres mais la réalité des personnes, ce que les gens vivaient au quotidien, et comment ils le ressentaient. A n’en point douter, « Bienvenue au Paradis » a saisi un bout de cette réalité. Merci à toi Marie, car la Suisse c’est aussi cette réalité que tu décris et qu’il faut comprendre.
Bienvenue au paradis ! est édité chez Stock
Bonjour,
J’étais un fervent lecteur du blog de Mme Maurisse, mais j’ai très souvent été très déçu par la vision très franco-française qu’elle avait de la Suisse. Je trouvais qu’elle n’avait pas le recule nécessaire pour une analyse impartiale.
Ca lui a d’ailleurs été très souvent reproché dans les commentaires de ses articles.
Pas sur dès lors que je sois très motivé à lire son livre ni à prendre ses dire trop au sérieux.
Bonne journée,
Walky
Bonjour,
L’auteur devrait d’abord regarder sa France qui excele dans le racisme a tous les niveaux considérant les binationaux comme des francais de seconde zone. Que les Suisses ne supportent pas l’arrogance des francais ne me surprend pas.
Je dirai qu’elle subie ce qu’un franco-magrebin, noir ou autres subies en France alors qu’elle ne fasse pas la choque!
A bon entendeur
Bonjour,
Je ne comprends pas franchement le raisonnement : puisqu’en France de tels ressentiments existent, elle n’aurait pas le droit d’en parler ? Pardon, mais dans ce cas, personne n’a le droit de dire quoi que ce soit sur ce point car ces pratiques existent dans tous les pays, sans aucune exception.
Ah je vois que mon commentaire plutôt critique envers Mme Maurisse n’a pas passé la validation 🙂 Est-ce que si j’avais été plus positif envers ses analyses mon commentaire aurait été validé ? Mystère …
Bonsoir Walky,
Non, rien à voir avec tout ça, c’est juste que j’ai raté votre commentaire dans le flot. Chacun est libre de donner son avis sur ce blog tant qu’il y a du respect.
De toute manière, les français et le françaises ont une habitude morbide de se plaindre de tout, à propos de tout: de leur président de la République, de leur premier-ministre, de leurs ministres, des retards de leurs trains, de leur nourriture, de leur service de santé, de leurs services de sécurité, de leur sécurité sociale, etc. !
Donc venant de leur par, tout ce qu’ils peuvent débiter sur un peuple ou un pays voisin est à comprendre comme un compliment, un contrepoint à tout ce qui ne fonctionne pas dans leur Hexagone …
C’est comme cela que comprends le livre de Madame de Toulouse, avec sont délicieux accent et ses anecdotes sur les fromages.
Cette journaliste française -ou mieux typiquement parisienne style Gauche Caviard-n’a manifestement rien compris à la mentalité helvétique…Si,en France,pour réussir il faut jouer la « grande gueule » et rouler les mécaniques, se croire encore au « Siècle de Louis XIV »…la réalité est toute autre en Suisse,surtout pour un étranger….Il convient de respecter deux règles « basiques »:-se montrer modeste;-faire ses preuves au jour le jour…
Ce livre est à l’image de son auteur:inconsistant,vide…A oublier!
Bonjour Bernard,
Je ne crois pas que le livre de Marie Maurisse soit une charge contre la Suisse. Pour ma part, je l’ai plus pris comme une tranche de vie, une photographie de la société à un moment donné. Nier aujourd’hui qu’il y a du racisme en Suisse ou un sentiment anti-frontaliers ou anti-expat serait nier la réalité. Pour ma part, je ne crois pas que ce soit une tendance lourde, mais c’est probablement beaucoup plus fréquent aujourd’hui qu’il y a 4 ou 5 ans. Je ne pense pas qu’elle dise autre-chose.
Bonjour,
je voudrais répondre à Bernard. Je pense que c’est vous qui n’avez rien compris et qui restez sur des clichés toujours rabâchés sur les Français et leur grandes gueules, leur façon de travailler qui n’est pas prise au sérieux etc. En tant que française établie à Lausanne depuis plus de 30 ans j’ai souvent été victime du fameux racisme anti-français. Je trouve cela d’autant plus choquant que certains suisses osent se permettrent de critiquer ouvertement ou non les Français et qu’ils n’osent pas le faire vis-à-vis d’un Chilien, d’un Africain d’un Kosovars ou d’autres personnes de différentes nationnalité. Donc il faut arrêter de nier l’évidence, les Suisses (pas tous heureusement) mais la majorité ont un sérieux problème avec les Français principalement et il faudrait qu’ils se remettent sérieusement en question à ce sujet-là !
Je pourrai raconter bcp d’anectodes pas très agréables que j’ai vécues personnellement, simplement par le simple fait d’être française alors que je n’ai pas du tout le profil de »grande gueule » et suis au contraire très respectueuse d’autrui d’ou qu’il vienne. Mais l’évènement qui m’a le plus choqué c’est lors du concert de Sromae au Paléo lorsque celui-ci à évoqué les français nombreux en Suisse et que la foule a sifflé et hué ses propos en défaveur des français. J’ai ressenti un malaise pour moi bien sûr en tant que française (franco-suisse plus exactement) mais pour les Suisses eux-mêmes car cela traduit un problème d’identité et de malveillance vis-à-vis de ses voisins les plus proches, partageant une culture francophone assez semblable!
Je précise encore qu’il faut faire une différence entre les frontaliers et les personnes installées en Suisse car les comportements ne sont à l’évidence pas les mêmes !
A méditer !!!
Martine
Merci David d’avoir mentionné dans votre article de ce mois-ci, ce livre que je vais essayer de trouver et lire.
Il doit y avoir de belles vérités mais aussi des interprétations que chacun peut avoir soit vécues réellement ou connues par personnes interposées ou simplement une interprétation personnelle (celle de l’auteur).
Je suis frontalier (travaillant sur Genève) et ma famille est venue s’installer sur Annecy l’été dernier (2015) mais très franchement, ma femme à du mal après avoir quitté ses ami(e)s.
On ne baisse pas les bras pour autant…
Je suis français, habitant Suisse depuis plusieurs années et je ne lierai pas ce livre car il m’est tout simplement inconcevable que l’on puisse se plaindre de quoi que ce soit en habitant ici.
J’invite l’auteur à passer quelques semaines, dans les rues populaires (et moins sympathiques que la Suisse) de Noida, banlieue de New Delhi, en Inde. Comme je l’ai fait.
Ceci l’aidera peut être à prendre du recul sur « les relations plus ou moins faciles des expatriés et frontaliers », sur la « gueule de bois que les expatriés et frontaliers ont », ou encore sur « les femmes d’expatriés qui s’ennuient ferme ».
Bien à vous.
Bonjour a tous. Je suis d’origine portugaise et j’ai vécu en France jusqu’à l’âge de 17 ans, je peut dire que c’est en France que j’ai le plus senti le racisme et la différence dans le traitement et opportunités entre nationaux et personnes d’origines étrangères. L’image d’une suisse raciste n’est pas une image tout à fait parfaite, la suisse est (et à mon avis très bien) protectionniste envers sa manière de vivre et son identité locale. Il n’y a qu’a voir une certaine « rivalité » entre cantons, pour pouvoir affirmer ses produits et ses meurs, pour comprendre que tout expatrier doit faire sa place en parient sur l’intégration souple, et comme le disait une autre personne sur la modestie. Parfois les français que je vois arriver en suisse sont très « cowboy » avec des idées préconçus sur la suisse et cela se sent et se voit. Comme je dit souvent une action entraîne une réaction, dans ce cas une réaction en chaîne qui s’est étendu très vite ces dernières années. D’autre part les personnes qui choisisses d’être frontalier ne sont pas, à mon avis, loyaux envers la suisse vu que beaucoup viennent seulement chercher l’argent et n’essayent pas de s’intégrer dans les équipes professionnels et dans la vie locale, démontrant une lacune d’intégration sociale du groupe de travail. Je n’en veut pas pour autant nier qu’il existe du racisme pur et dur, il existe comme dans tous les pays du monde, pas plus pas moins.
Bonjour depuis deux mois en Suisse pour suivre mon mari que les suisses sont venus chercher je retrouve tout un tas de situations que je vis actuellement dans ce pays ….
Il est vrai que kes genevois en ont marre de la circulation à Genève et ils râlent continuellement contre les plaques française! Mais dire qu’on ne les aime pas, c’est aller trop loin! Les frontaliers travaillent dans nos hôpitaux avec compétence et gentillesse!
Merci pour ce commentaire apaisant que je partage bien volontiers !
Rien de plus qu’une belle histoire commerciale. Quelques exemples et en faire des généralités c’est lamentable. Si on vient chez nous avec le regard de son pays alors oui ! Je comprends. De plus on confond racisme avec xénophobie. le racisme se rapporte aux races, or jusqu’à nouvel avis les français sont de mêmes races. C’est très français de créer la polémique….et vouloir, parce que l’on parle français, croire que nous sommes pareils et avoir les mêmes attentes que dans son pays. C’est une grande erreur. Chaque pays a ses bons et mauvais côtés. C’est à nous de nous adapter. Je trouve qu’elle devrait faire un livre sur l’intégration des étrangers en France….et à écouter son interview sur le plateau d’une TV suisse, elle n’a fait que dire que nous ne dirions pas la même chose des Kosovars…elle l’a répété au moins 5 fois. Ou est son problème, dites-moi ? Quelle arrogance.
Mon mari et moi avons acheté un restaurant proche de Beaune (Côte d’Or) en 1998 je peux vous dire qu’on en a entendu des blagues et méchancetés de mauvais goûts surtout de la part de gens pauvres et bêtes on a tenu 3 ans et finalement on est revenu en Suisse ,donc si Mme Maurice ne se plaît pas en Suisse il faut qu’elle retourne en France, bien sûr le salaire ne sera pas le même !
Bonjour Madame Maurisse,
Bi national né en France et depuis plus de 45 ans en Suisse dont 10 ans à Zurich.
Heureusement que j’ai lu le livre de François Garçon avant le vôtre car je n’aurais plus rien compris à ce pays.
Je me suis senti blessé par votre analyse peu objective. Quant on émigre dans un pays on s’adapte et on apprend d’abord à le connaître.
les clichés que vous mettez en avant ne sont pas représentatifs de la société en général.
Bonsoir,
Je n’ai pas lu le livre et n’ai pas l’intention de le faire. Je ne peux donc m’exprimer que relativement aux échos que la presse en a fait et aux interviews que Mme Maurisse a données.
Je ne nie pas qu’il existe un fort sentiment anti-français (au départ, surtout anti-frontaliers) en Suisse limitrophe et cela me navre, d’autant que parfois, je le partage, à mon corps défendant (on a tous vécu des situations qui malheureusement font tache d’huile). Oui, la circulation à Genève et dans le canton de VD est d’autant plus difficile que les voitures sont beaucoup plus nombreuses sur les routes, Suisses et Français réunis. Les moeurs au volant sont différents : vitesse, dépassements par la droite, parcages sauvages, non-arrêt pour les piétons, etc. Ce n’est pas que le fait de Français, mais en proportion, il y a beaucoup de non-respect des règles par les 74 et les 01. Et oui, parfois, les frontaliers français ne dont pas beaucoup d’efforts pour s’intégrer, étant donné qu’ils ne vivent pas sur place. Ils peuvent être très conquérants, donnent une image peu agréable d’eux-mêmes. Lorsqu’un frontalier arrive à un poste-clé, il engage parfois des compatriotes en quasi-exclusivité, recréant un microcosme où il se sent plus à l’aise (je conçois qu’il puisse y avoir des profils français intéressants, mais ce n’est de loin pas la seule explication)… Je discute régulièrement avec des patrons, et les avis sont très partagés : dans la restauration, dans la santé, on loue parfois leur savoir-faire. Mais j’ai aussi des exemples où l’arrivée d’un frontalier français, avec des méthodes de travail radicalement différentes, déstabilise toute une équipe qui fonctionnait bien. Il y a des licenciements pour ce motif.
Bref, c’est un sujet éminemment émotionnel, car les Suisses pensent (sans doute à raison en partie) que si les frontaliers viennent, c’est que l’économie va mal chez eux. Economie dont ils font partie. Et qu’ils viennent profiter d’un contexte plus facile qu’ils n’ont pas contribué à créer.
Quant à dire qu’il n’existe pas de sentiment anti-bosniaque, anti-serbe, anti-macédonien, anti-albanais, anti-kosovar, voire anti-portugais, c’est faux.
J’ai de nombreux amis français, dont quelques frontaliers. Tout est possible, dès lors que celui qui vient essaie de s’adapter. Question de savoir-être. Quant aux Suisses, ils devraient être moins frileux : l’économie va bien, avec les frontaliers et même grâce à eux, en partie.
Frédérique,
Merci pour ce commentaire tout en nuance que j’approuve.
Merci Fredérique pour cette analyse, toute en finesse et pleine de bon-sens
bonjour,
je suis à part égale française et suissesse ; je me permets de vous écrire car toutes les fois o’u j’ai entendu Mme Maurisse parler , je l’ai trouvée pleine de suffisance ; elle n’a rien voulu voir de la Suisse sinon les plaintes des éternels mécontents-habituels -raleurs, ce qui lui permet d’écrire un livre et de faire parler d’elle`!
je n’achèterais donc pas son livre et surtout ne le lierais pas !
Mais là où je la rejoins avec force , oui la Suisse est un vrai paradis où on est heureux de vivre On aime :la beauté du pays , la propreté , la population qui se sent citoyenne et qui prend soin de son pays , la politique où chaque citoyen peut décider de l’avenir de son pays :::où trouve-t-on cela au monde?
et sinon pourquoi les français tremblent-ils de trouver un travail en Suisse et ne sont pas pressés de repartir ? et aussi qu’ils essayent de trouver du boulot à leurs potes ?
ouvrez donc les bons yeux Mme Maurisse et découvrez la vrai Suisse , celle donc on est si fiers !
bonsoir
je vois que mon commentaires n’a pas été publié!!! c’est beau la démocratie à un sens !¨¨ bravo de filtrer ce qui vous convient et de censurer le reste : il n’y a que la vérité qui peut déranger :
c’était bien ce que je pensais : dans ce livre il n’y a que la version des raleurs-mécontents -habituels !¨¨ c’en est la preuve maintenant
Bonjour Marie-France,
La vérité est plus simple que ça : la modération est manuelle, et cela prend un peu de temps… Si vous consultez les différents commentaires de cette page, vous pourrez voir par vous même qu’il y a de tout. Je n’ai aucun problème avec ça, et seuls les commentaires insultants, haineux ou déplacés ne sont pas publié… et parfois ceux qui tombent dans notre boîte de spam. Bonne soirée.
Personne n’est obligé de venir en Suisse et y travailler. Bien sûr que les petits Suisses font des complexes commt tous les petits, regarder Derder avec les Suisses alémaniques! Il est évident que le complexe d’inferiorité existe, la Suisse alémanique est plus grande que la Suisse romande et alors! Le poly de Zurich et nettement mieux classé que l’EPFL et alors c’est comme ça, certaine diront que c’est du racissme…
J’encourage la journaliste à l’accent cassoulet de retourner chez elle, nous ne voulons pas de son malheur et nous ne sommes pas prêt à être colonialisé.
Que la petite dame journaliste étudie l’histoire française, en particulier l’accueil dans des camps de concentration, dans son beau coin de France des espagnols fuiant leurs pays en 1938-1939!
J’ai eu l’occasion de voir comment les colons Français traitaient en afrique les habitants. Ma petite dame, venant du pays des droits de l’homme, une honte absolue. Alors venir nous donner des leçons est pour le moins déplacé et arrogant.
Lettre ouverte à Madame Marie Maurisse, auteur de l’ouvrage « BIENVENUE AU PARADIS ! Enquête sur le vie des Français en Suisse »
Préambule à ma lettre, le 10 juin 2016
Madame,
Les lignes que vous pourrez éventuellement lire ci –dessous sont déjà relativement anciennes. Elles sont nées en début mai, d’un mouvement émotionnel de me part, qui s’est ensuite tempéré. J’avais donc finalement renoncé à vous les envoyer.
Le mercredi soir 8 juin, j’ai évidemment été un auditeur attentif de l’émission de la TSR « Infra-rouge » qui m’a conduit à penser que mon texte valait finalement bien autant que certains propos entendus ! Le voici donc !
Si vous avez le temps et la curiosité de me lire, j’en serais tout à fait honoré ; dans le cas contraire, tempi !
Yverdon, le 10 mai 2016
Chère Madame,
Impossible pour moi d’échapper à votre ouvrage « Bienvenue au paradis…» et à l’envie de partager avec vous quelques-unes des réflexions qu’il provoque. Je suppose qu’un courrier nombreux vous arrive et j’ose espérer que dans sa masse, le mien pourra se frayer un petit chemin.
Parmi ce que vous recevrez, vous trouverez évidemment des réactions réprobatrices et j’espère que mes lignes pourront trouver place dans un autre registre, et retenir votre attention. Elles se veulent aussi objectives que possibles. Certes, je ne suis pas dupe qu’elles pourront être teintées ici ou là d’accents émotionnels ! Comment faire autrement ?
Avant d’en dire d’avantage, je dois me présenter : Suisse, né en Suisse en 1942, j’ai toujours été en relation avec la France et les français. Enraciné dans le terreau jurassien neuchâtelois de La Chaux-de-Fonds, je fais partie de cette micro-identité régionale des riverains du Doubs. Ces derniers, (*) sont liés, par une amitié particulière née de cette étonnante rivière frontalière.
A l’inverse de vous, j’ai été un émigré suisse en France dès 1964. Jeunes mariés, mon épouse et moi- même sommes arrivés en région parisienne pour des études. Après celles-ci, notre parcourt français ne faisait que commencer. Les raisons professionnelles nous conduisirent dans plusieurs régions : Le Gard, Paris, la Haute Savoie, Béziers et Bordeaux. Nous vécurent donc une trentaine d’années dans ce pays que nous aimons assez profondément pour en avoir pris, en famille, la nationalité au début des années soixante-dix. De retour en Suisse, depuis le début des années quatre-vingt-dix (encore pour des raisons professionnelles et sans enthousiasme), je reste personnellement fermement attaché à cette double nationalité.
Bien que véritablement suisse par mes origines et mon éducation, je me sens aussi profondément français et je ne saurais dire aujourd’hui si l’une de ces identités prévaut sur l’autre ? Viscéralement et héréditairement suisse, j’aime à dire que j’ai l’avantage d’être devenu français par choix, et très au clair sur ce qui m’attache à cette particularité nationale. Je suis par conséquent, très sensible et intéressé à tout ce qui se rapporte aux relations franco-suisses et à cette très particulière dualité, à nulle autre pareille.
J’ai donc un large vécu de part et d’autre de la frontière franco-suisse. Vous exposer mon vécu de « petit suisse » devenu « frouze » serait long, mais le sujet continue de me titiller fortement ! J’aurais aussi, et bien évidemment des masses de choses à dire ! Comme jeune romand en quittant mon pays, je simplifiais les choses, me disant qu’en traversant la frontière je restais dans une culture identique ! A ma grande surprise, j’ai dû apprendre qu’omis la langue, (et encore !) le contraste culturel est étonnement important. Dans mes premières années parisiennes, j’avoue avoir été entrainé, et même happé par le piège des comparaisons et par le besoin de transposer mes références et habitudes suisses.
A l’évidence, cette habitude ne m’a pas été profitable, et elle n’a heureusement pas trop duré ! J’ai critiqué et discrètement piqué de petites colères dans ce nouvel environnement de vie, avec ma manie de considérer mon helvétisme comme un modèle de référence. Une manière d’être qui me coupait radicalement des enrichissements personnels que la France pouvait m’offrir.
Un beau matin, prenant conscience du venin toxique que j’absorbais ainsi, je me suis engagé à stopper radicalement ce fonctionnement! J’ai alors commencé à devenir français et j’ai fait miennes les richesses culturelles et autres modes de fonctionnement de mon pays d’adoption. Devenu pleinement heureux, je me suis fait une joie de cultiver mon équilibre personnel avec ces deux identités distinctes et complémentaires.
Aujourd’hui certes, je vois avec une certaine tristesse l’écart existant, en dépit des apparences, entre ces deux réalités qui m’habitent. J’ai moi aussi fort souvent ressenti les désagréments des aprioris, clichés, préjugés et malentendus, de la part des uns comme des autres. Pour mon apaisement, J’ai pris le parti de taire ma « suissitude » en France et de taire avec la même vigilance ma « francitude » en Suisse. Ainsi vont, la vie et les humains… !
Votre livre expose les aspects du malaise d’un français en Suisse ; mais je constate qu’il n’entre pas dans les désagréments parallèles d’un suisses en France, qui, croyez-moi, existent eux aussi ! Certes, les vexations des français à l’égard des suisses ont un tout autre style, ce qui est très normal, et qui d’ailleurs ne fait que souligner leur différence ! Répertorier ici les propos et clichés qu’on colle en France sur les « petits suisses » et sur leur pays, n’est pas mon sujet. Je m’interdis un sujet aussi stérile ! Je me contente de dire que cette réalité parallèle existe, parfois même dans des propos cinglants !
La relation franco-suisse est un sujet récurent de mes réflexions. Voici deux peuples extrêmement proches et pourtant séparé d’une frontière culturelle très dense. Dans votre interview du 9 mai à la TSR vous affirmiez que les suisses parlent des français d’une manière qu’ils ne se permettraient pas pour des Kosovars ou autres nationalités. Je confirme votre constat sur certains points, tout en récusant vigoureusement votre affirmation de racisme hors de propos !
De mon point de vue, il ne suffit pas de mentionner cette tension comme un simple fait à dénoncer. Elle est infiniment plus profonde et plus complexe que cela ! Nous sommes en présence d’une démonstration flagrante d’un phénomène très spécifique à la relation franco-suisse. Le cas est unique, il ne peut se comparer à aucun autre et se révèle difficilement analysable. Plutôt que d’en faire superficiellement un simple constat, ce que vous avez fait selon moi, je trouverais intéressant de creuser le sens et les causes de cette étonnante incompréhension réciproque.
On a parfois parlé d’une forme de jalousie des français face à la prospérité et la stabilité politiques suisse. Du côté suisse on a aussi parlé des résurgences d’un comportement colonialiste et d’un complexe de supériorité des français qui admettent mal que la Suisse Romande ne soit pas intégrée à l’Hexagone. Il y a probablement quelque chose d’intéressant dans ces exemples mais ils ne touchent pas à l’essentiel ! Même s’ils recouvrent une certaine réalité, ils ne sont, pour moi, que symptômes d’autres racines cachées résidant ailleurs et très vraisemblablement dans l’histoire…. ?
(A suivre)
Ici ma lettre à souffert une Interruption involontaire de ma part.
Reprise le 14 mai
Arrivant à ce point de mon propos, je suis obligé de prendre un virage ! En effet, dans la lecture de votre livre j’étais arrivé au niveau des chapitres 4 et 5, fort intéressé par la finesse de votre présentation. Encouragé par votre relatif irénisme, Je me préparais donc à poursuivre mon propo en partageant avec vous quelques réflexions d’ordre historique et sociologiques. De plus j’étais très intéressé par l’intention que je supputais de votre part, de renforcer et de promouvoir l’amitié franco-suisse.
Poursuivant ma lecture j’en suis arrivé progressivement à me demander quel est le véritable objet de vos lignes ? Parti naïvement avec l’idée plaisante de tenir entre mes mains un livre soucieux de consolider l’amitié entre nos peuples, j’ai dû hélas, déchanter sérieusement !
Ouvrant les chapitres 6 ou 7, et suivants, et m’imprégnant peu à peu du changement de ton, Je me suis retrouvé en présence d’exemples trop particuliers, montés en épingle et généralisés à tous les habitants de ce petit pays « détestable ! ». Entouré moi-même de véritables helvètes ordinaires, Je peux vous assurer que bien peu d’entre eux se retrouveraient dans les affirmations acerbes et les comportements simplificateurs que vous leur attribuez. Faudrait-il vraiment vous apprendre que tous les suisses ne sont pas UDC, UCG, ou banquiers ou je ne sais quoi d’autre encore… ? …Comme d’ailleurs tous les français ne sont pas FN… ou racistes !…
J’estime que rien n’existe sans cause ou par le simple fait du hasard. Votre pseudo-analyse qui ne se donne pas la peine de creuser un peu du côté des racines, perd son intérêt à mes yeux. Sur la base de vos premiers chapitres, j’aurais eu plaisir à partager avec vous, sur nombre des sujets historiques, culturels et sociologiques qui peuvent mettre en lumière des choses capitales et passionnantes concernant ces deux peuples, au demeurant si proches. J’ai évidemment renoncé à cela !
Si vous persistiez, malgré toute votre hargne à rester en Suisse, je vous encouragerais vivement à aller à la véritable découverte des habitants de ce paradis « infernal ». Vous sauriez alors qu’un certain nombre d’entre eux ne se classent pas dans vos catégories montées en épingle !
Hélas, et croyez que je le regrette sincèrement, parmi ces nombreux « petits suisses », il en est peu qui sortiront de votre lecture plus amicaux vis-à-vis de leur voisins français. De même que parmi les français de Suisse (et de l’Hexagone) qui vous liront, il s’en trouvera fort peu pour essayer de franchir amicalement la zone des incompréhensions. Je me demande d’ailleurs comment vous parvenez vous-même à tenir dans ce « paradis » qui, sous votre plume, fait plutôt pensé à un sombre purgatoire ! J’espère que vous avez la sagesse et la décence de dissuader vos compatriote qui auraient d’éventuels regards vers la Suisse, d’abdiquer de leur velléités envieuses !
Après vos premiers chapitres qui me semblaient poser un regard objectif et constructif sur le sujet, j’ai dû me rendre à l’évidence que l’amitié franco-suisse n’était pas votre objectif. Mon souhait personnel de promouvoir cette amitié est donc mis à plat par votre ouvrage et j’en suis sincèrement attristé. J’espère au moins pour vous-même, qu’en écrivant ainsi, vous aurez pu régler vos comptes et que vous en retirerez quelques apaisements ?
Rassurez-vous, je ne crois pas avoir moi-même un regard complaisant sur la Suisse ; je pourrais même me mettre à votre diapason en ajoutant quelques pensées cinglantes à certains des sujets dont vous semblez vous délecter. Mais permettez-moi de vous le dire tout net ; l’édition, de plus totalement unilatérale, d’un tel réquisitoire me semble contreproductif et malsain. Si votre écrit avait la délicatesse de mettre aussi, ici ou là, l’accent sur ce qui uni nos peuples, plutôt que sur ce qui les dressent l’un contre l’autre, je me serais fait une joie de le lire.
Pour ce qui me concerne, j’aime et je suis fortement attaché à ces deux nations, pour leurs forces et les valeurs, sans être dupe de leurs faiblesses. Si j’avais votre compétence d’écrivain, (que je salue d’ailleurs en passant !) je me ferais un devoir et un plaisir d’en faire moi-même un livre apaisant. C’est donc bien à regret que je mets fin ici à mon message.
Je garde espoir que vous essayerez de porter une petite attention à mes lignes, et je vous adresse mes meilleures salutations.
Pierre Mathys
*Un reportage télévisuel franco-suisse, diffusé par la TSR leur est consacré, et que je ne saurais trop vous le recommander.