Le PIB (Produit Intérieur Brut, qui est une mesure de la richesse produite dans un pays en une année) de la Suisse devrait augmenter de manière significative en septembre prochain, et celui de la France en mai . Pour la Suisse, on s’attend à une hausse de 3% du PIB, et pour la France, ce sera une hausse comprise entre 2 et 3%. Non, ne criez pas au miracle économique, car c’est le changement d’un simple règle de calcul qui a pour conséquence cette augmentation significative. En effet, les nouvelles normes internationales de calcul (SEC 2010) du PIB vont changer, et inclure désormais les investissements en Recherche et Développement (R&D) et en armement, auparavant considérés comme des dépenses.
Côté suisse, on reste assez pragmatique : ce changement – qui n’en est pas un – n’est qu’une méthode de calcul de plus pour mesurer quelque chose de réel : la création de richesse d’un pays.
La France se désendette sans rien faire !
Pour la France et les pays endettés en général (c’est-à-dire pratiquement tous les pays de la zone euro), cela va changer pas mal de choses au contraire, et notamment sur le plan politique : en effet, les critères de Maastricht, qui contraignent les pays à contrôler leur dette, sont basés sur 2 indicateurs qui incluent chacun dans leur calcul le PIB :
- une dette publique qui ne doit pas dépasser 60% du PIB, alors qu’elle est pour la France de plus de 90,2% actuellement
- un déficit budgétaire de 3% maximum qui est actuellement de 4,8% pour la France.
Avec ce simple changement de calcul, le déficit budgétaire français devrait donc mécaniquement baisser, et perdre quelques 0,2 à 0,3 points. Pour la dette publique en France, ce changement ne permettra pas d’atteindre les critères de Maastricht (la marche est bien trop haute – ou basse suivant de quel côté on se place), mais tout de même, cela permettra d’améliorer les indicateurs économiques et les « promesses » de désendettement des politiques français.
Voilà donc un changement qui permettra artificiellement à la France de baisser son déficit budgétaire, et aux politiques probablement de pavoiser, alors que rien n’aura réellement changé sur le plan économique. Espérons seulement qu’ils ne profiteront pas de cette « baisse » du désendettement pour endetter un peu plus la France. Le 1er Ministre français semble au contraire avoir pris de bonnes décisions, mais espérons que les députés suivent, ce qui est loin d’être acquis…
Et en attendant en Suisse, on fait des affaires et on désendette le pays (la dette publique de la Suisse est de 34,9% pour la Suisse, contre 90,2% pour la France)…
Oui j’ai fait le même constat que vous. Français immigré en Suisse il y a 13 ans je ne reviendrai jamais en France ce pays va tout droit au mur. Je suis impressionné par la faculté de la Suisse à innover, à travailler… Les Suisse sont pragmatiques et savent ce qui est bon pour l’économie et donc pour eux indirectement. Si la Suisse continue a se désendetter comme elle le fait depuis 14 ans on devrait être a 20% de dette sur PIB en 2020 soit le plus bas taux des pays industrialisés avec l’Australie.
Savez-vous que la Suisse a le taux de chômage le plus bas au monde ?
Savez-vous que la Suisse est le pays qui exporte le plus par habitant au monde ? (loin devant l’Allemagne et le Japon).
Savez-vous que la Suisse a la ponction fiscale la plus basse au monde des pays industrialisé a égalité avec le Japon et les US ?
Savez-vous que la Suisse est le pays qui compte le plus grand nombre de chercheurs et prix nobel au monde par habitant ?
Savez-vous que la Suisse est le pays qui innove le plus au monde ?
Savez-vous que la Suisse est le pays selon l’OCDE où on est le mieux soigné au monde ?
Savez-vous que la Suisse compte les meilleures écoles au monde (ETHZ classé 8ième en ingénierie et IT, EPFL 15ième au monde en ingénierie et IT, IMD dans le top 3 au monde pour les MBA, EHL la meilleur école hôtelière au monde…) ?
Savez-vous que la Suisse a été classé a plusieurs reprises comme le pays au monde ayant la meilleure qualité de vie ?
Savez que la Suisse compte la plus grande concentration au monde de Biotech/pharma/medtech avec 110’000 chercheurs/ingénieurs qui travaillent dans le secteur privé battant même les cluster comme Boston ou San Francisco Bay aera
Oui je suis Français mais deviens chaque jours de plus en plus Suisse. Vive la Suisse.
Il faut se méfier des fanatiques. Aucun pays n’est exemplaire en tout. Certes il y en Suisse des bons côtés mais il faut aussi citer les défauts : le manque de protection sociale, les atteintes aux droits humains, les discriminations dont sont victimes les étrangers, la xénophobie latente d’une partie des politiciens (UDC, MCG), l’argent gagné sur les juifs pendant la 2e guerre et l’attitude double de ses citoyens ou politiciens pendant cette période (la France n’a pas fait mieux, il est vrai), l’argent gagné par les banques grâce à l’évasion fiscale de contribuables des autres pays, l’argent louche des mafiosi de toute la planète recyclé en Suisse, l’argent gagné sur la spéculation des matières premières par des grosses entreprises internationales installées en Suisse. Par ailleurs, s’il y a de l’innovation en Suisse (ce qui reste à prouver scientifiquement) ce ne serait pas parce que les Suisses sont plus inventifs mais parce que les grandes quantités d’argent que draine la Suisse permettent de financer des programmes de recherches couteux et donc d’attirer des chercheurs de renom. Enfin on peut regretter l’esprit de clocher (pour les minarets ce n’est plus possible) avec 26 cantons pour 8 millions d’habitants (il suffit d’imaginer la région parisienne avec 28 départements avec chacun une fiscalité différente). Il faut rappeler aussi que la Suisse n’a pas adhéré au BIT et que le taux de chômage de 3.2 % est douteux. Il s’explique en partie du fait que les étrangers qui se retrouvent au chômage après avoir travaillé en Suisse finissent par retourner au pays. Sinon, à part ça, les Suisses sont gentils.
Gilles,
Merci pour ce feedback et ce point de vue très « tranché ». Je ne partage pas votre avis sur quelques points :
– La protection sociale : elle est, à mon avis et à bien des égards, bien meilleure que dans la plupart des pays (dont la France), exception faite de la partie « maladie » qui est à la charge intégrale des salariés. Que ce soit le chômage, les allocations familiales ou la retraite, les prestations suisses sont meilleures, voire bien meilleures. Un exercice comparatif serait intéressant d’ailleurs, je vais voir si je peux faire quelque chose dans ce sens.
– l’argent gagné sur les juifs et l’attitude des politiques : l’argent est un facteur qui a certes permis à l’Allemagne de prolonger son effort de guerre. Mais comme vous le dites, la France n’a pas été mieux. A mon sens, c’est même probablement pire car la traitrise est venue de l’intérieur avec la collaboration. Mais bon, c’est un sujet sensible, lointain, sur lequel je préfère ne pas m’appesantir. J’en parle dans ce billet.
– le racisme : pour le MCG, je suis d’accord. C’est du populisme de base. S’en est même ridicule. Pour l’UDC, même si je ne partage absolument pas leurs idées, je ne les mettrai absolument pas au même niveau que le FN, parti qui veut nous faire croire qu’il n’est plus fasciste ni raciste, mais je les qualifierai plutôt comme un parti très conservateur. Là aussi, nous n’avons rien de mieux chez nous.
– l’argent des banques suisses : historiquement, la France et les pays d’Europe en sont indirectement à l’origine. Et pour être clair, la France ne fait pas mieux avec l’argent des dictateurs africains (les biens mal acquis). Je pense que sur ce dossier, le fait que le secret bancaire ait aujourd’hui disparu est une excellente chose pour l’image de la Suisse. C’est un argument qui ne fonctionne plus aujourd’hui.
– Concernant l’innovation et la recherche, elle est certes concentrées sur quelques grosses entreprises pharma et chimiques d’un point de vue des montants. D’un point de vue de la diversité, il y a en Suisse quelque chose qui a du mal à se développer en France : un esprit de recherche et d’innovation au service des entreprise. En France, entreprises et instituts de recherche ont travaillé pendant des années chacun de leur côté. Résultat : de la recherche, mais pas forcément appliquée pour les entreprises. En Suisse, il y a totale concomitance, et surtout la recherche est principalement privée, contrairement à ce qui se passe en France : cela aide à être plus efficace, plus malin, plus inventif. Quand on regarde simplement ce que fait l’EPFL pour ne citer que cet exemple (d’un point de vue des trouvailles et de l’écosystème), on comprend rapidement qu’on est dans un autre monde, et au « next level ». Je pense que ce sur ce sujet (et comme d’autres), la France aurait beaucoup à apprendre de la Suisse. J’en parle ici et là.
– L’organisation territoriale : étonnamment, malgré une organisation en 3 niveaux (fédéral, cantonal et communal), on n’a pas en Suisse ce fameux millefeuille administratif qu’on a en France. Les rôles sont assez clairs et distribués. La Suisse est d’ailleurs réputée pour la simplicité administrative des démarches, notamment pour les entreprises. Concernant le coût, il suffit de voir l’endettement du pays pour se rendre compte que les affaires et les coûts sont bien mieux maîtrisés en Suisse qu’en France, ce qui n’était pas gagné d’avance car la taille du pays étant plus réduite, l’impact financier d’une telle organisation devrait être, sur le papier, plus
handicapante que pour un pays ayant une taille plus importante.
– Concernant le taux de chômage : l’OCDE publie les chiffres harmonisés de la Suisse. On n’est pas à 3,2%, mais plutôt à 4,3% (la France est à 11,6%)… Il est vrai toutefois que la Suisse exporte d’une certaine manière une partie de son chômage avec les frontaliers qui ne sont pas comptabilisés. Sinon, sur le fond, le mode de calcul suisse est fait de telle sorte que le taux annoncé MAJORE le taux réel (j’ai fait un article là-dessus il y a 3 ou 4 ans mais je n’arrive plus à le retrouver).
En conclusion, pour ma part, si j’avais quelques billets à miser sur un cheval, je mettrai aujourd’hui bien plus sur le cheval suisse que sur le cheval français…