59% des salariés suisses ont été confrontés au harcèlement moral au travail

Les cas de harcèlement moral au travail (ou mobbing) en Suisse concernent près de 60% des salariés suisses. Ce constat, issu d’une étude du jobboard Monster.ch, propose d’autres résultats que je vous propose de partager. En particulier :

– 18% des personnes interrogées dans l’étude considère que le climat de travail au sein de l’entreprise où elles travaillent est agréable et n’ont pas été victimes de mobbing ou harcèlement moral.

– 23% de ces personnes, bien que non concernées directement, connaissent au moins un collègue qui en a été victime.

Je trouve ces résultats étonnants : en effet, le droit du travail en Suisse est plutôt souple pour les entreprises, et permet de se séparer de collaborateurs sans grande difficulté. Dans un pays comme la France, où licencier un salarié peut coûter très cher, le harcèlement moral est parfois un des moyens utilisés pour faire en sorte qu’un collaborateur démissionne par exemple. Du coup, le harcèlement pourrait plus « s’expliquer ». En Suisse, on peut donc se poser les questions de la motivation des personnes qui harcèlent. Mais sur ce sujet, l’étude reste muette.

En comparaison internationale (l’étude a été menée également en Allemagne et en Autriche), il semblerait que les cas de harcèlement moral dans les entreprises en Allemagne soient un peu plus nombreux (75% des salariés ont été concernés au moins une fois par un cas de mobbing). En Autriche, la situation semble meilleure puisque seulement 42% des salariés sont dans le même cas).

Comment savoir si vous êtes victime de mobbing ?

Attention, toutes les situations conflictuelles au travail ne sont pas pour autant des cas de mobbing. Le SECO, dans une excellente brochure « Mobbing – description et aspects légaux » le définit de la manière suivante :
Le mobbing est « l’enchaînement, sur une longue période, de propos et/ou d’agissements hostiles, exprimés ou manifestés par une ou plusieurs personnes envers une tierce personne transformée en cible« .

D’après la même étude, il semblerait qu’il existe souvent entre la victime et le harceleur un lien hiérarchique (dans plus de 50% des cas, c’est le supérieur qui harcèle, et dans 16% ce sont les collègues).

Quelques exemples de situation pouvant être qualifiées de harcèlement moral

– Demander de faire quelque chose, de manière régulière, qui est très largement inférieur (ou supérieur) à vos qualification

– Demander de faire des tâches inutiles ou absurdes

– Critiquer la provenance sociale, se moquer de l’apparence physique

– Menacer, propager des rumeurs pouvant nuire à la réputation

– Supprimer les moyens de communication (téléphone, email…), ne plus transmettre d’informations…

Les conséquences du mobbing

Sans rentrer dans le détail, les conséquences du mobbing peuvent être lourdes, à la fois pour la personne qui est en victime (stress, détresse psychologique…), mais également pour l’entreprise. En effet, on a remarqué que le harcèlement moral au travail avait pour conséquence une diminution de la productivité des collaborateurs (et pas seulement ceux qui sont victimes), et avaient bien sûr une influence particulièrement néfaste sur les conditions de travail en entreprise. Pour l’entreprise, on parle également d’une augmentation de l’absentéisme dû à la maladie.

Comment réagir lorsqu’on est victime de harcèlement ?

La première chose à faire, à mon sens, est de s’assurer qu’on est bien dans un cas de mobbing (aidez-vous pour cela du document du SECO par exemple). Ensuite, je vous conseille de prendre contact avec votre supérieur pour lui demander son avis sur le sujet. Si c’est votre supérieur qui vous harcèle, alors le service des Ressources Humaines est normalement compétent. En la matière, il est toujours très important de venir avec des arguments concrets. Les RH devraient normalement tenir compte de votre requête, et tenter une conciliation afin que la situation s’arrête.

Si vous ne souhaitez pas impliquer votre boss ou la DRH (ou s’il n’y a pas de département RH dans votre entreprise), l’idéal est de discuter avec la personne qui vous harcèle, et de lui indiquer de manière courtoise que ceci n’est pas acceptable et que la situation doit changer (vous pouvez aussi le faire avant d’aller voir les RH d’ailleurs).

Idéalement, cette discussion devrait être suivie d’un compte rendu objectif, à transmettre à la personne en question (suivant la situation, ceci peut être très délicat, attention dans tous les cas à ne pas diffamer la personne). L’intérêt de l’écrit est qu’il permet de formaliser le problème et de le dater.

Si aucune solution n’est trouvée à l’amiable, il est toujours possible de saisir les tribunaux (soit seul, soit avec l’aide des syndicats). Cependant, je vous le déconseille pour une raison majeure : toutes les décisions de justice dans ce domaine ne seront pas tournées vers le harceleur mais vers l’employeur.

Enfin, si vous êtes cadre et que vous constatez un cas de mobbing, vous avez, à mon sens, l’obligation dénoncer cette situation et de prévenir immédiatement les personnes compétentes dans votre entreprises afin de le faire cesser.

Voilà en quelques mots ce qu’on peut dire sur l’attitude à adopter en cas de harcèlement. Il aurait plus à dire, et ce que j’ai indiqué est probablement incomplet, mais c’est déjà çà.

Enfin, dernière solution plus positive si vous le pouvez : se tourner vers une entreprise suisse qui traite bien ses employés.

Pour plus d’informations, téléchargez :

– l’étude Monster.ch sur le mobbing (pdf)

– le fascicule du SECO « Mobbing – description et aspects légaux » (pdf), vraiment très bien fait.

Et vous, avez-vous été victime de mobbing dans votre entreprise ? Des personnes de votre entourage l’ont-elles été ?

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crédit photo : iStockPhoto