Pas une conférence, pas une discussion avec un futur ou potentiel travailleur étranger en Suisse sans que je lui vante la sécurité de la Suisse.
Quand je regarde les informations de ces derniers jours, je m’interroge tout de même :
– Le 7 janvier 2008, un homme tue sa femme avec un pistolet militaire à la Chaux-de-Fonds. Voir l’article complet sur le site de Swissinfo.ch.
– Le 6 janvier, c’est un sniper dans les rues de Lausanne que la police a arrêté : Rien de très grave, il ne tirait qu’avec une carabine à air comprimé (…). L’article de presse précise tout de même qu’il a réussi à blesser 3 personnes, dont une femme enceinte.
– La soirée du 31 au Palais de Beaulieu : on sent tout de même dans le montage vidéo ci-dessous que l’auteur (un peu fâché avec l’orthographe) est un peu… amer. Moi qui connais les qualités d’organisations des événements et autres fêtes en Suisse, je pense que cette soirée a dû être un sacré cauchemar… Il n’y a eu « que » des vestes volées, de la casse, et quelques arrestations de biens tristes sirs.
– Le 23 novembre 2007, une recrue (un jeune suisse qui faisait son service militaire) a abattu avec son arme militaire à Zürich une jeune fille de 16 ans.
Malgré tout ceci, je suis prêt à prendre le pari que les statistiques des agressions par habitant sont au moins 5 fois plus élevéee dans certains pays de l’Union européenne qu’en Suisse… Si vous avez des chiffres sur le sujet, je suis preneur !
antonio says
Sujet très intéressant mais à traiter avec de grosses pincettes!
La presse diffuse en caractères gras les plus importantes infractions au code pénal, voire les plus spectaculaires, mais tait généralement les situations de…sérénité.
Quoi qu’il en soit, je suis passé consulter quelques indices.
Vous avez cité:
1) l’homicide intentionnel par arme à feu
2) le crime de compassion
3) les lésions corporelles
4) le brigandage
L’indice qui se rapproche le plus de cette criminalité me semble être le « taux d’infractions au code pénal ».
Ce taux regroupe les catégories citées ci-dessus, ainsi que les agressions sexuelles (viols compris).
A première vue, nous sommes dans ce que vous exprimez comme « les agressions par habitant ».
Ce taux est bien entendu régulièrement mis à jour par l’office fédéral de la statistique.
J’ai ensuite repris ce même taux dans des bases de données européennes.
Les chiffres ci-dessous représentent le nombre d’infractions au code pénal pour 1’000 habitants, par pays, en 2004:
1. Suède 139
2. Royaume Uni**** 98
3. Belgique 96
4. Finlande*** 90
5. Danemark*** 90
6. Pays-Bas*** 85
7. Allemagne 80
8. Autriche 79
9. France 64
10. Luxembourg 60
11. Italie 42
12. Portugal 40
13. Suisse 38*
14. Grèce 37
15. Irlande** 29
16. Espagne 21
*: chiffres 2006
**: chiffres 2002
***: chiffres 2003
****: chiffres 2001
Bien entendu, il est possible d’aller plus avant dans ce taux en se concentrant sur le nombre d’agressions sexuelles ou les homicides par arme à feu.
A cet égard, la Suisse se distingue tout particulièrement par un taux très élevé dans certaines catégories:
1) trafic de stupéfiants (4ème position sur 24 pays européens)
2) cambriolage (8ème position sur 25 pays européens)
3) viols (16ème position sur 36 pays recensés)
Un pari que vous pourriez prendre avec un peu moins de risque serait de deviner le classement de la Suisse sur le thème « impact de la presse nationale sur le sentiment d’insécurité des suisses », là je vous suivrai éventuellement jusqu’au 3ème rang 😉
(challenge pour les curieux: pourquoi la Suède est-elle classée en première position?)
sources:
– chiffres-clés 2006, office fédéral de la statistique (Suisse)
– chiffres-clés 2006, institut national de la statistique et des études économiques (France)
– La criminalité en Suisse dans un contexte européen, Institut de criminologie et de droit pénal, 2005
– Rapport mondial sur la violence et la santé, Organisation mondiale de la santé, 2002
David Talerman says
Cher antonio,
C’est ce qu’on appelle une contribution documentée 😉
Les chiffres sont vraiment très intéressants.
Mon but n’était – de loin pas – de susciter l’inquiétude ou la peur.
Mais il est vrai que j’ai pu remarquer parmis mes amis suisses que le sentiment d’insécurité n’avait pas les mêmes limites que nous autres français.
Question d’habitudes, appuyées par vos chiffres d’ailleurs !
A très bientôt.
David
antonio says
Oui, c’est vrai, il me semble parfois qu’il en faut bien peu pour que nous nous sentions en « insécurité ».
Un parti politique tentait récemment d’ailleurs de nous faire croire que nous avions vraiment atteint une situation critique 😉