En 2007, plus de 12 200 permis de frontaliers ont été accordés à Genève, ce qui représente une augmentation de plus de 32% par rapport à l’année précédente.
A l’inverse, le canton a enregistré plus de 8500 départs de travailleurs frontaliers (plus de 130% par rapport à 2006). Selon l’Office cantonal de la Statistique, ces départ correspondrait à l’échéance des premiers permis G d’une durée de validité de 5 ans : comme les départs de frontaliers ne sont pas comptabilisés, on a pu déduire que ceux qui n’avaient pas renouvelé leur permis étaient partis. Simple, non ?
Bref, ce qu’il faut retenir, c’est que si la hausse de permis est forte, c’est notamment dû à la fin de la zone frontalière pour les ressortissants de l’Union européenne et de l’AELE (les pays « historiques » du moins). Et ça c’est plutôt une bonne nouvelle pour tout le monde.
Toujours selon ses statistiques, le frontalier « moyen » travaillant à Genève a le profil suivant :
- c’est plutôt un homme
- il habite en Haute-Savoie (principalement vers St-Julien-en-Genevois)
- il est de nationalité française
- il travaille dans la banque, l’assurance, le commerce ou l’hôtellerie.
Consultez l’étude de l’OCSTAT sur les frontaliers à Genève.
Les suisses en ont un peu raz le bol de tous ces français qui viennent leur piquer leur boulot.
Je crois que c’est important de préciser que la Suisse a voté majoritairement pour l’UDC, parti ouvertement hostile à l’afflux massif d’étrangers, notamment de travailleurs français.
Ce serait irresponsable de ne pas le préciser sur un tel blog, ne serait ce que pour se préparer à une future ambiance de travail…
Attention, ce n’est pas une majorité de Suisse qui a voté UDC : le parti a réalisé près de 30% aux dernières élections fédérales, ce qui en fait le parti le plus représenté. Tous les suisses ne votent pas UDC, fort heureusement. L’UDC n’est visiblement pas plus hostile aux français qu’aux autres nationalités. La démocratie, c’est ça aussi.
Pour Genève (qui n’est de loin pas représentative de la Suisse…) la problématique semble être un peu différente : près de 50 000 frontaliers français y travaillent, et forcément ce n’est pas tout à fait neutre dans le paysage économique.
Globalement, si vous posez la question aux chefs d’entreprises suisses, beaucoup vous diront que la Suisse a besoin des étrangers pour se développer économiquement : la commission chargée de faire le bilan des accords bialtéraux est arrivé à la même conclusion.
Non, je pense qu’il est possible d’aborder la question sans émotion et de dire que tout le monde y trouve son compte. Personne ne pique le boulot de personne…
Salut David,
Tout d’abord permet moi de te remercier pour le sujet que tu as abordé.
Malheureusement, je pense que la question ne peut être abordé sans sentiment ni émotions. L’afflux de travailleurs frontaliers touche directement la population local, et particulièrement les chômeurs.
Personnellement, je n’ai rien contre les frontaliers mais lorsque je sais que l’Etat de Genève emploie beaucoup de frontaliers, alors qu’il y a plus de 25000 chômeurs a genève, cela me touche beaucoup.
Quant aux entreprise qui disent avoir besoin de frontaliers pour se développer, j’aimerais bien qu’elles m’explique comment???
Autre détail important: 90 mio CHF, c’est le montant annuel perdu par la confédération. En effet, les frontalier ne font pas tourné l’économie suisse, car ils dépensent leur argent pour leur villas et piscine en France voisine.
Je te rassure, je ne suis pas raciste, ni partisan de l’UDC. Je suis juste un citoyen genevois qui à des difficulté à trouver un emploi et forcemment, je me pose des questions…
Salut,
Ton commentaire est très intéressant, il est « vrai » et il me touche.
C’est certain, lorsqu’on rentre sur des questions individuelles, il y a bien évidemment et malheureusement des personnes comme toi qui se retrouvent au chômage, peut-être en partie à cause des travailleurs étrangers. Difficile de le nier, mais je n’en ferai pas une généralité.
Ma constatation était plus « globale » : c’est vrai que la plupart des dépenses des frontaliers se font hors Suisse et ne contribuent pas au PIB, mais à l’inverse l’impôt à la source rapporte chaque année des centaines de millions à l’Etat de Genève : 433,8 millions de francs en 2006. 168 millions ont ensuite été reversés par Genève à la France, mais la différence reste au profit du canton.
Certains métiers ont des pénuries lourdes de main d’oeuvre (les étrangers sont en général bienvenus), d’autres pas (et génère des tensions). Et c’est le problème du chômage en général d’ailleurs : des branches sont plus touchées que d’autres.
En fait, je vois plus une région qu’une frontière, et tout le monde doit apprendre à y vivre (avec les problèmes de comportement qu’on connait bien, de part et d’autre d’ailleurs).
J’espère qu’avec le temps ces tensions s’appaiseront.
En tous les cas, je te souhaite tout de bon pour la suite et espère que tu retrouveras vite du travail.
Au fait, tu travailles dans quelle branche, et tu recherches quel type de poste ?
De mon coté, ma boite a délocalisé quasiment tous ses postes de back office qui étaient en europe (300 emplois) sur Genève. Evidemment, su ces 300 postes, il y a une bonne moitié d’anciens employés qui ont dû se relocaliser à Genève, parfois avec leur fammille, pour ne pas se retrouver au chommage en France. Reste quand même 150 postes à pourvoir localement… pourtant au final on se retrouve avec une société qui emploie 50% de Français dès le départ.
Derrière les chiffres qui sont souvent mis en avant pour faire vendre du papier, il faut reconnaitre que si autant d’étrangers travaillent à Genève, c’est avt tout parceque beaucoup de multinationales s’y sont délocalisées 😉
Pour les histoires de frontalier et de piscines… ca me fait un peu rire…la spéculation genevoise et le haut niveau de vie suisse + l’installation massive de riches (sic) salariés suisse sur sol français rend la vie impossible au salarié de base français… un chomeur suisse gagne plus qu’un français à plein temps(dans les boulots les plus disponible, on s’entend)… une remaque en passant quoi…
Les commentaires de ce suisse (enfin je pense 🙂 me rappellent ce que tout immigre (dans certains cas, on les appelle frontaliers ou plus classe encore expatries) ont pu subir comme idées fausses lorsqu’ils sont venus apporter leurs services pour participer a l’effort de construction de tel ou tel pays. Globalement, l’histoire des hommes est souvent riche du fait qu’il y a eut des mouvements de personnes, de leur culture, de leur savoir faire, de leur specificite. Au depart de chaque processus de mouvement massif de ces hommes, les populations locales ont souvent vues ces arrivants d’un mauvais oeil, conduisant a des reactions racistes, xenophobes… Tout d’un coup ces populations se sont decouvertes un sentiment d’apartenir a une nation; sentiment qu’elles n’avaient pas jusqu’alors.
Ce rappel de l’histoire permet de s’interroger sur soi, sur la condition de l’homme et sur la definition de la nation. Mais permet surtout de relativiser les sentiments exacerbes de chacun. La liberte de mouvement pour l’homme est une source de richesse pour l’humanite et devrait être inscrite dans toutes les constitutions de chaque nation…
A anonyme du 5 février,
S’il y a qqn à blâmer ce sont plutôt les patrons suisses qui engagent des frontaliers, et non ces derniers. Et je dis bien « si », car je n’y crois pas.
Certains de nos grands-parents se souviennent encore que jusque dans les années 1930, la situation était plutôt inversée. Feuilletez (ou surfez) un peu les bottins de téléphone des départements limitrophes à la Suisse et vous serez surpris de voir le nombre de noms bien helvétiques qui s’y trouvent. Cela vaut aussi pour l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie. Perso, je suis assez admiratif de ce petit pays qui fournit du travail à plus de 22% d’étrangers, quelques 200’000 frontaliers, d’innombrables ‘secundos’ et ‘moitié-suisses’ dont je suis. Pas mal pour un pays que l’on dit égoïste et replié sur lui-même.
A anonyme du 15 août,
Par définition un frontalier n’est pas un expatrié.
Il est claire que cette situation ne peut perdurer, des résidents perdent leur boulot non qu’ils soient mauvais mais en concurrence avec des frontaliers prêt à accepter des conditions que le résident ne peut accepter. Les grands responsables sont les politiques qui se sont vendus aux patrons!!!!
Les patrons suisses ont besoin des frontaliers pour s’enrichir c’est ça la vérité!
1). Ils coûtent moins cher.
2). Une fois qu’ils ont contracté des crédits pour s’acheter leur maison, leurs voitures et motocyclettes, ils sont pieds et poings liés car ils ne veulent pas tout perdre, donc corvéables à merci.
J’ai travaillé durant 9 ans à Genève dans la construction de routes et je sais de quoi je parle.
Depuis le premier message de ce thread, la situation a légèrement évolué : en février 2009 il y avait 65’767 permis frontaliers délivrés à Genève.
Bien sûr, tout le monde a le droit de manger, mais en ces temps difficiles, la différence du coût de la vie des deux côtés de la frontière a des effets pervers : en 6 mois le nombre de chômeurs à Genève a augmenté de 2000, et le nombre de frontaliers de 3000 !
Si vous voulez vérifier ces chiffres, il suffit de taper « 22 indicateurs » sur Google et le premier résultat sera les statistiques cantonales.
Selon la loi, les employeurs ne peuvent évidemment pas passer des annonces en recherchant spécifiquement des permis G, mais actuellement il est très difficile de décrocher un entretien lorsque l’on réside à Genève.
Il ne faut pas s’étonner que cela crée quelques frustrations, ni que les partis xénophobes aient le vent en poupe…
Bonjour,
Merci pour ces précisions et ce commentaire très intéressant.
Il ne faut pas nier que les travailleurs frontaliers, en particulier à Genève, sont étroitement liés à l’économie du canton. Néanmoins, j’aime bien remettre l’église au milieu du village, et ne pas faire de généralités, car le rapprochement « nombre de travailleurs frontaliers en augmentation » et « augmentation des chômeurs » ne peut se faire de manière aussi directe. En effet, la répartition du chômage ne se fait pas de manière uniforme dans tous les secteurs. Ainsi, certaines branches sont complètement délaissées par les locaux (les métiers du bâtiment par exemple), ou n’ont simplement pas suffisamment de candidats locaux pour pouvoir répondre à la demande. De fait, certaines branches vont accueillir un nombre important de travailleurs frontaliers, ce qui ne se fait pas automatiquement au détriment des contrats locaux.
A l’inverse, les décisions de fermeture ou suppressions de poste ne sont pas forcément liés aux travailleurs frontalier : lorsque Capital group décide de fermer sa filiale à Genève (http://blog.travailler-en-suisse.ch/02/2009/ces-societes-en-suisse-quon-croyait-immortelles.html), je ne vois pas quel peut être l’incidence des travailleurs frontaliers.
En fait, il faudrait que je creuse les chiffres par secteur pour avoir une vision plus précise.
Que ces chiffres aient un lien ou non, de toute façon les frontaliers seront désignés comme boucs émissaires, tenus pour seuls responsables du chômage à Genève.
Ne pas avoir mis en place des mesures d’accompagnement alors que la crise pointait son nez depuis deux ans, c’était le plus beau cadeau que l’on pouvait faire à l’UDC.
Certes, mais il me semble vraiment injuste de pointer du doigt les travailleurs frontaliers : ils ont contribué à la croissance du pays, et cela ne gênait pas grand-monde quand tout allait bien, mais maintenant qu’il y a du chômage, on les accuse… Pas très fair-play.