Tous les 2 mois, le Département fédéral de l’Economie publie un feuillet qui analyse une sélection d’indicateurs des pays de l’OCDE. Pour le dernier numéro, une analyse a particulièrement attiré mon attention : la relation entre le chômage, l’âge de la retraite et la flexibilité du travail des pays.
Le marché du travail suisse a bénéficié d’un âge de la retraite élevé et d’une certaine flexibilité de son droit du travail
L’étude montre que le taux de chômage n’évolue pas avec la croissance économique d’un pays : dans les pays où la crise économique a été accompagnée d’une crise de l’immobilier (comme les Etats-Unis avec les subprimes ou l’Espagne avec ses programmes trop ambitieux de construction), on a observé des pertes d’emploi record, avec un impact direct sur le taux de chômage.
En revanche, dans les pays fortement exportateurs, comme la Suisse ou l’Allemagne, les pertes d’emplois ont été plutôt réduites.
Enfin, l’étude met en avant le fait que dans les pays où l’âge de la retraite est élevé, et où le droit du travail est souple (peut-on dire libéral ?), il n’y a eu aucun effet négatif sur l’emploi, bien au contraire. Tous les pays où la protection des travailleurs est importante (comme la France), le taux de chômage a fortement augmenté pendant la crise, et tout particulièrement les jeunes et les seniors, ainsi que les chômeurs de longue durée.
Quand le droit du travail est trop rigide, il accentue les effets de la crise
Les employeurs, qu’ils soient suisses, français ou allemands, ne sont pas fous : en période de crise ou en sortie de crise, lorsque la situation reste incertaine est instable, il vaut mieux éviter de prendre trop de risque et d’engagements financiers, tant que la situation n’est pas plus stable. Or, dans les pays où le droit du travail est trop favorable aux employés, et où ils sont notamment protégés du licenciement (comme c’est par exemple le cas en France, ou les indemnités de départ peuvent être colossales en comparaison de la Suisse), le recrutement devient un risque trop important.
Du coup, on recrute des intérimaires, des CDD ou pire, on ne recrute pas du tout. L’entreprise ne se relance pas comme elle le devrait, et elle attend que la période de crise soit passée pour le faire. Mais c’est souvent trop tard, et d’un point de vue de l’emploi, les personnes qui étaient au chômage et qui auraient pu travailler pendant sont restées inactives : non seulement elles ont elles-même perdu du pouvoir d’achat, mais sur le plan économique, elles sont restées une charge pour le pays et n’ont pas consommé autant que ce qu’elles auraient pu si elles avaient été employées. Un vrai gâchis qui paraît tellement évident qu’on se demande pourquoi tous les pays n’assouplissent pas leur droit du travail.
Un autre exemple que la France pourrait suivre à mon avis… Enfin, pour ceux qui ne le sauraient pas, la Suisse n’a que peu été touchée par la crise économique en 2009, selon les propres analyses de ses experts.
Source : Swiss OECD info
Et vous, que pensez-vous de ce raisonnement ?
Je crois qu’il ne faut pas perdre de vue que l’économie de la France est axée sur la Demande Interne (démographie oblige) alors que celui de la Suisse vers l’Exportation.
Pendant que la France s’occupe à gérer sa démographie et ses problèmes sociaux, la crise ne l’a pas épargnée, la Suisse a puisé dans ses réserves accumulées pendant les dernières années et a dans certains cas de figure appliqué un « droit du travail » qu’en France on n’accepterait pas!
J’ai mis volontairement le droit du Travail entre guillemets, en Suisse il n’y a pas de salaire minimum de croissance ou équivalent au SMIC, beaucoup d’employés se sont vu proposer de réduire leurs salaires sans rétroactions pour rester dans leur entreprise. Une fois la crise passée, les salaires baissés n’ont pas été réévalués.
Une récente étude dit qu’un ménage épargne seulement 9% de son salaire brut, sur 9000CHF il met 800CHF de côté chaque mois et gare à celui qui tombe malade et qu’il doit puiser dans sa franchise de 2500chf!
Dois je rappeler que 9000CHF brut est l’équivalent de 6300€?!!
Droit du travail plus souple mais ayant quelles conséquences?
Les entreprises ont renoué avec le succès l’industrie horlogère connait une année record, le médical pareil, les banques également, la construction pareillement mais rechigne à augmenter plus de 0.6% des salaires (cf. le matin d’aujourd’hui).
De plus certaines comme Swatch Group créent une usine à Boncourt, tout comme le fera Sonceboz SA, pensez vous vraiment que cela sera profitables aux locaux, sachant que Boncourt est à la Frontière avec la France??
Les employés quand à eux ont fait un pas en avant et deux en arrière…
Droit du travail plus souple avec DUMPING SALARIAL ET FISCAL!
@Ed : En ce qui concerne les différences entre la Suisse et la France, je ne donnerai que quelques chiffres :
Seuil de pauvreté en Suisse pour une personne vivant seule est de 2 300 francs suisses par mois.
En France, c’est environ 950 euros, et le SMIC est à 1 344 euros bruts, soit environ 1 100 euros nets. Cela signifie que ceux qui gagnent le SMIC sont à environ 150 euros du seuil de pauvreté. On a juste tout dit dans ces quelques chiffres.
Concernant le salaire minimum en Suisse, il ne faut pas oublier que certes il n’est pas inscrit dans la loi, mais que dans de nombreuses branches, et notamment le bâtiment, les salaires minimum sont fixés par les CCT et sont très avantageux pour les salariés.
Pour ce qui est de pouvoir épargner 9% de son salaire brut en Suisse, c’est, je pense, beaucoup plus qu’en France (mais je n’ai pas de chiffres pour le prouver).
Pour finir concernant le dumping salarial, il existe c’est certain mais les salariés sont de plus en plus informés, et acceptent de moins en moins n’importe quoi à n’importe quel prix. Par contre, ce qui est certain, c’est que ce sont les salariés les plus précaires qui sont le plus touchés par le dumping salarial, et c’est terrible.
Globalement, je reste persuadé que dans la très grande majorité des cas, il vaut mieux être salarié en Suisse qu’en France.