En ce moment en France, tout le gratin politique est en émois : 62 organisations syndicales françaises ont organisé une votation populaire, qui consistait à demander aux participants s’ils étaient pour ou contre la privatisation de la Poste. Bref, la France a pris là une des bonnes idées de la Suisse.
A ma gauche, les syndicats crient à la victoire populaire, car plus de 2 millions de personnes ont voté, et à ma droite on crie à la manipulation en contestant la manière dont la question a été posée (car il ne s’agit pas de privatiser la Poste mais de la transformer en société anonyme).
Alors qui a tort, qui a raison ? Eh bien personne, et voici pourquoi.
Pourquoi le gouvernement français à tort
Sur la forme, tout le monde est d’accord pour dire que la question est mal posée et orientée. Mais ne pas tenir compte du fait que plus de 2 millions de personnes ont souhaité s’exprimer sur un sujet est une erreur monumentale sur le plan démocratique, même s’il est vrai que la méthode est peu orthodoxe.
Pourquoi les syndicats français ont tort
Leur but était de faire pression sur le gouvernement pour le faire reculer. Mais en organisant une votation dont les termes sont discutables, ils décribilisent la démarche. Mais il faut reconnaître que l’idée est bonne, et pour ma part je pense que c’est bien plus intelligent que de manifester : au pire, en manifestant, vous rassemblez péniblement 150 000 personnes en France, avec une votation on arrive facilement à multiplier par 10 ce résultat, voire plus.
Ma proposition : instaurer tout doucement la démocratie semi-directe en France
Je me demande pourquoi les syndicats français ne se battent pas plus dans ce sens : pourquoi ne pas tenter de faire modifier la constitution pour que le peuple français puisse, comme le peuple suisse, organiser des référendums en récoltant un nombre suffisant de signatures ? En France, seul le Président de la République a ce pouvoir, et c’est regrettable… En Suisse, Joelle Kuntz, l’auteur de « L’histoire suisse en un clin d’oeil » le disait parfaitement bien : « le peuple [suisse] a le dernier mot sur presque tout, grâce au référendum (le droit populaire de se prononcer sur les lois adoptées par le Parlement ».
Et à la minute même où je finis ce billet, je vois un article du Temps intitulé « En fait, la France devient Suisse…« , et je vous invite à le lire avec attention…
Et vous, pensez-vous que les Français soient prêts pour ce changement ?
Il me semble qu’hélas vous ne posez pas les bonnes questions. La démocratie n’est pas une fin en soi et ne donne pas de réponse à toutes les questions. C’est trop facile de trouver une majorité pour statuer sur un sujet donné et fournir la réponse la plus démagogique qui soit. La bonne question est : « qui paie ? » et le bon critère est le droit de propriété, qui prévaut sur la démocratie. Comme la moitié des Français ne paient pas d’impôt, vous trouverez très facilement une majorité pour décider que la Poste doit rester en l’état, tant pis si c’est au contribuable de continuer à la renflouer avec son argent, tout comme la SNCF, la sinistre Sécurité sociale, etc. et tous les dinosaures franchouillards en faillite. La démocratie ne devrait pas porter atteinte aux droits élémentaires de la personne. Si une majorité votait pour le port de l’étoile jaune pour les Juifs ou pour la mise à mort des plus riches, faudrait-il la suivre ? Seuls les libertariens évoquent ce genre de problème, tellement les gens sont persuadés, à tort, que démocratie rime avec liberté et droits de l’homme.