Vous avez toujours voulu savoir ce que pensaient les recruteurs en Suisse ? Ce qu’ils attendent des candidats en entretien ? Ce qu’il attendent d’un CV ou d’une lettre de motivation ? Vous voulez savoir pourquoi certaines entreprises suisses veulent moins recruter d’étrangers ? Vous voulez savoir s’il est bien vu (ou pas) de négocier son salaire ? …
Une interview – rare – sans langue de bois
Toutes ces questions, nous les avons posées à Fabienne Revelard, de l’agence de recrutement et de placement ALPemploi, implantée à Genève et dans le canton de Vaud.
Nous allons retrouver dans une série de 7 interviews de 3 à 5 minutes chacune, son point de vue sur différents sujets relatifs au recrutement en Suisse. Certes, son avis peut différer de certains de ses confrères, mais globalement, c’est une excellente source d’informations que je vous invite à écouter très attentivement et bien sûr à suivre.
Nous publierons 1 vidéo par jour pendant 7 jours. La prochaine sera lundi prochain. Merci pour vos commentaires que nous espérons nombreux ! Et si vous ne voulez rien rater, abonnez-vous à notre newsletter.
Retranscription de l’interview
Fabienne Revelard, ALPemploiBonjour je m’appelle Fabienne Revelard je travaille pour la société ALPemploi qui est une agence de recrutement et de placement de personnes sur Genève et sur le canton de Vaud. Nous sommes actifs depuis 18 ans maintenant pour l’industrie, le bâtiment, la logistique, l’horlogerie et tous les métiers du domaine tertiaire. Nous ne couvrons pas la restauration et le domaine médical. Nous somme une petite équipe d’une quinzaine de personnes et donc très réactifs. Nous avons des clients du bassin lémanique qui sont des PME, des artisans, ainsi que des multinationales car comme vous le savez il y a de nombreux sièges de sociétés européennes et mondiales ici sur Genève et environs. Voilà ce qu’on peut dire de notre activité.Travailler-en-Suisse.ch : En tant que professionnelle du recrutement et de l’emploi en Suisse, il y a un certain nombre de choses qui nous intéressent particulièrement. On dit aujourd’hui que le marché suisse et particulièrement le marché genevois est très concurrentiel. En moyenne pour un poste standard combien de candidatures recevez-vous ?Fabienne Revelard, ALPemploi Alors effectivement c’est un marché qui attire de nombreux candidats comme je le disais précédemment il y a de nombreuses entreprises installées ici. Pour un poste standard si je prends un exemple type d’assistant Français-Anglais nous allons recevoir environ par jour entre 100 et 150 CV qui sont également relayés sur de nombreux portails d’emploi, les plus connu étant JobUp.ch et jobs.ch, et notre propre site, ce qui fait qu’on peut avoir parfois 250 CV dans une seule journée.Travailler-en-Suisse.ch : quelle est la proportion de dossiers de candidats étrangers contre les dossiers de candidats suisses ou locaux que vous recevez ?Fabienne Revelard, ALPemploi On peut parler de 60 / 40 % cela peut être quelques fois 80/20, dépendant des profils, mais c’est à peu près ce ratio qu’il faut retenir.Travailler-en-Suisse.ch On dit que les entreprises suisses et plus particulièrement les entreprises genevoises ont un peu plus de réticence qu’auparavant à recruter des étrangers. Il semble aujourd’hui qu’à Genève il est objectivement plus compliqué de trouver un emploi quand on est étranger ou frontalier. Il y a un certain nombre de candidats qui développent des stratégies de contournement, et en particulier qui indiquent une adresse en Suisse. Quel est votre point de vue de recruteur sur ce point ? Est-ce qu’il faut aller dans ce sens ou pas ?Fabienne Revelard, ALPemploiLes recruteur sont parfois un peu plus réticents mais c’est parce que ces personnes qui ne sont pas du bassin local ne connaissent pas forcément la manière de travailler ici en Suisse et n’ont pas d’expérience en Suisse, ce qui fait que pour s’intégrer dans une entreprise suisse ce sera plus difficile. Alors effectivement on constate maintenant depuis quelques semaines des candidats qui nous indiquent des adresses sur Genève ou sur Vaud mais après lecture approfondie du CV on voit que toute leur expérience professionnelle a eu lieu en France, qu’ils ont ont un numéro de portable français et que du coup on peut déduire qu’il ne résident pas du tout sur le sol suisse. Alors ça peut être très gênant car cela peut leur porter préjudice lors d’une postulation où l’entreprise a précisé qu’elle voulait des résidents suisses ou pour nous même qui faisons confiance à un candidat dont on a proposé la candidature alors que la personne n’était pas du tout résidente en Suisse.Non pas du tout on n’encourage pas les candidats à aller dans ce sens là au contraire d’être sérieux et sincère et d’indiquer la stricte vérité.Travailler-en-Suisse.chSi vous présentez un candidat dans cette situation et que vous ne voyez pas qu’il y a tromperie sur l’adresse, qu’est-ce qui se passe entre vous et votre client entreprise ?Fabienne Revelard, ALPemploiCe ne serait pas bon du tout car cela reviendrait à dire que nous n’avons pas contrôlé suffisamment et que nous avons fait un mauvais travail. Il n’aurait plus confiance en nous et il y a de fortes chances qu’il ne veuille plus travailler avec nous. Et pour le candidat il n’aurait de toute façon pas le job non plus donc tout le monde serait perdant.Travailler-en-Suisse.ch : quelles sont les raisons selon vous pour lesquelles certaines entreprises suisses ne veulent plus recruter de candidats étrangers ?Fabienne Revelard, ALPemploi Ce n’est pas forcément qu’ils ne veulent pas recruter d’étrangers. Ils veulent plutôt maintenir au sein de leur entreprise une homogénéité entre le personnel suisse et étranger, de sorte qu’il y ait une harmonie et un équilibre de 50/50 ou 60/40 et non pas des situations qu’on peut voir de 80/20 qui créent aussi quelquefois des disparités au niveau de la culture, de l’ambiance au travail.
Bonjour
C’est le parcours du combattant pour vivre et travailler en suisse d ailleurs la vie est deux fois plus chère en suisse donc je vois pas trop l intérêt de changer de pays a moins d épouser un suisse lol
C’est un point de vue. Pas forcément partagé par les centaines de milliers de français qui travaillent et/ou vivent ici !
Discours tout a fait hallucinant mais reflétant parfaitement la mentalité des (recruteurs)genevois.
En quoi une adresse en Suisse démontre-t-elle une capacité à bien travailler ???
Nulle part il n est question d’apport de compétences, d’engagement, d’expérience, mais plutôt de concepts flous et non mesurables (homogénéité du groupe, adresse en Suisse, « culture »…) pour protéger le pré carré de travailleurs consanguins…C’est mou, suffisant et totalement dépassé et surtout c’est d’une hypocrisie inégalable ! Les recruteurs étant généralement incompétents pour évaluer les compétences des candidats, ils se rabattent sur des critères futiles et absolument secondaires pour rejeter des éléments valables mais susceptibles d’apporter quelque chose d’autre dans une équipe…Et les gens sentent tellement mauvais de l’autre côté de la frontière (soit à 5km à vol d’oiseau de la place du Molard…)
Les recruteurs genevois recherchent le (blanc) mouton le plus servile qui ne risque surtout pas de changer quoi que ce soit au ronronnement généralisé de cette ville et à des salaires démesurés en Europe.
Bref, si le salaire ne représente pas tout pour vous, fuyez !!!
Bonjour,
Le recruteur ne se positionne pas en tant que censeur ou donneur de leçon, il vous fait part de la réalité du marché du travail dans le canton de Genève et dans le canton de Vaud. On ne juge pas, on explique. Contrairement à votre commentaire… Les recruteurs sont peut-être (ou peut-être pas) compétents pour évaluer les compétences d’un candidat, la réalité c’est que vous n’avez pas le choix et devez vous adapter. Je peux lire dans votre commentaire beaucoup d’amertume. Il est vrai que certaines entreprises ne veulent plus recruter d’étrangers, mais ce n’est – et heureusement – pas le cas de la majorité. Au risque d’être un peu provocateur, regardez peut-être dans votre expérience, et votre attitude ce qui aurait pu compromettre votre passage en Suisse… On cherche parfois chez le voisin des prétextes qui vous évitent de chercher chez soi des raisons parfois plus douloureuses à admettre…
Bonjour David,
Merci de votre réponse même si elle me semble éluder la réalité. Excusez ce sophisme mais recruter c’est choisir et choisir c’est évidemment juger…
Votre interlocutrice recrute, explique et de fait participe activement à ce type de recrutements, elle a le mérite d’expliquer le système mais y participe aussi activement…Et si tout le monde semble trouver ces critères normaux à Genève, c’est tant mieux…Désolé d’avoir donné mon avis…
Le candidat est effectivement libre de se soumettre ou de se démettre. Sur un plan personnel je suis parfaitement à l’aise avec mes choix, libre à vous de considérer ces critères de recrutement comme étant professionnels et de bon niveau. Il me semble judicieux également de confronter son point de vue avec celui de personnes qui ont passé du temps dans la région, sont capables de s’adapter ici ou ailleurs et ont quand même un avis différent ? Je vous rassure, aucune frustration d’avoir choisi Genève à un moment donné et d’avoir quitté cet environnement le moment venu.
Bien à vous,
P.
Bonjour,
Au contraire, je suis de votre avis et pense qu’il faut diversifier les points de vue. Après, c’est une question de manière et de forme…
Serait il possible d’avoir aussi un interview de recruteur sur le domaine médical (aide soignante).En vous remerciant d’avance.
Bonjour,
Merci pour la suggestion. Je pense effectivement que ce serait intéressant. Il faut juste que je trouve le cabinet de recrutement qui serait d’accord de témoigner.
Bonjour,
Merci beaucoup, Je pense effectivement que ce serait intéressant. Il faut juste que je trouve un poste d’après le recrutement qui serait d’accord de témoigner.
Hallucinante de discriminations cet interview ! Vraiment hallucinante ! L’adresse ferait la valeur de la personne ? Une personne recrutée sur son CV ne le serait plus en fonction de son adresse ?
Ce pays est en train de se fermer, Française résident en Suisse, je le vois tous les jours. Ayant travaillé en Suisse, je suis tout à fait d’accord avec les commentaires de Monsieur « ex-frontalier ». Sous couvert de raisons on ne peut plus floues « adaptation, culture, adresse » …on fait le barrage aux FRONTALIERS mais aussi les PERMIS B ou C. Étant devenue chomeuse en Suisse, je me mets à la place des Rachida, Nadia ou Samira qui, pourtant habitant le 16ème arrt de Paris, cotisant, consommant et payant des impôts, n’arrivent pas à trouver du travail. Le CV d’un Français est systématiquement mis sur la mauvaise pile. Mauvaise pioche à vous, chers Suisses Romands, car qui sème le vent récolte la tempête ! La question est pourquoi, pourquoi tant de frustrations et de mépris vis à vis des Français ? Je crois que Monsieur « ex-frontalier » commence à apporter une solution que j’ai vérifié par moi-même : le Français est en avance notamment en management général et RH, en gestion RH, en gestion des process….et forme merveilleusement bien ses diplomés. Je comprends la frustration des Suisses Romands ! Mais ce n’est rien, parait-il à la frustration des Suisses-Allemands vis à vis des Allemands !! A bon entendeur…….
Bonjour,
Je perçois beaucoup de rancune et de frustration dans votre commentaire. Fabienne Revelard a fait ce que peu de recruteurs osent faire : dire les choses franchement. Elle nous explique comment cela fonctionne car c’est parfois la réalité du marché de l’emploi en Suisse. Pour cela, nous devrions la remercier vous ne pensez pas ?
Par ailleurs, elle ne généralise pas, mais effectivement certaines entreprises sont dans cet état d’esprit. Alors occupons-nous des autres et ne nous focalisons pas sur celles qui discriminent les étrangers ! Je suis comme vous, je trouve cela révoltant et binaire, mais passez à autre chose sinon vous allez vous faire des noeuds à l’estomac.
Pour finir, dire que les Français sont en avance sur tel ou tel domaine… pardonnez-moi mais je ne peux pas laisser dire ça ! Cela démontre à mon sens un problème de compréhension de la culture locale (un problème interculturel), et je pense qu’effectivement, cela ne doit pas être simple pour vous tous les jours.