Ce que j’adore dans mon blog, c’est mettre en avant les différences entre les pays. Et pour la Suisse et la France, ces différences sont énormes, notamment lorsqu’on parle de la vie au travail, du salaire, des heures travaillées…
C’est d’ailleurs une des grandes interrogations qu’ont les nouveaux travailleurs étrangers en Suisse, qui découvrent que les 35 heures font beaucoup rire les suisses, qu’on a 4 semaines de vacances (parfois 5 si on a de la chance), et que surtout, tous ces éléments ne sont pas inscrits dans le marbre d’une loi rigide.
Au passage, les travailleurs étrangers, notamment Français, découvrent qu’on est bien moins protégé en Suisse dans son travail qu’en France, mais que c’est peut être aussi pour cela que le chômage est sous la barre des 4,5%…
6 semaines de vacances : une initiative rejetée à cause des conséquences sur les salaires et le temps de travail
Une initiative populaire déposée en juin dernier « 6 semaines de vacances pour tous », proposait que 6 semaines de vacances soient ajoutées dans la Constitution suisse. Le Conseil fédéral a rejeté cette initiative, estimant qu’un allongement des congés limiterait les possibilités de réduction de travail, ainsi que les augmentations de salaires…
Des différences fondamentales entre la Suisse et la France
Ce refus marque deux différences fondamentales entre les deux pays :
1/ La limitation des réductions de travail laisse entendre que les partenaires sociaux, syndicats et patronats, ne pourraient plus négocier pour proposer des réductions du temps de travail si cette notion était inscrite dans la Constitution ou dans la loi. En France, le droit du travail décrit ne laisse, à l’inverse, pratiquement aucune marge de négociation
2/ L’impact de cette loi sur l’augmentation des salaires
Selon le Conseil fédéral, une augmentation des congés, inscrite dans la loi, empêcherait une augmentation des salaires.
Je vous laisse imaginer, si on suit ce raisonnement, ce qu’on peut en déduire pour la France, avec son système des 35 heures et de récupération d’heures…. et de salaires plus que bas dans certaines professions.
Plus d’informations sur le refus du Conseil fédéral.
Et vous, quel système (français : mal payé avec peu d’heures ou suisse : mieux payé avec beaucoup d’heures) préférez-vous ?
Lorsque l’on a la chance de faire un travail qui nous plaît je préfère le système Suisse qui permet un niveau de vie plus élevé.
Par contre dans le cas d’un job inintéressant j’aurai aussi plutôt tendance à essayer d’en faire le moins possible…
Une des raisons de ma venue en Suisse est justement l’encrage de la valeur travail ancrée dans la société. Si mon arrivée ne date que d’un an, c’est aujourd’hui le sentiment que j’ai de ce pays.
Ici, vous ressentez la valeur de votre travail. Vous travaillez soit pour le bien être général de la société, ou pour la réussite de votre structure. On va vous demander beaucoup et avec beaucoup de souplesse. Par exemple, un projet à terminer dans des délais très serrés, on attendra de vous beaucoup, et sans forcément vous le demander (il m’arrive personnellement de faire des journées de 11/12h, et je ramène régulièrement un peu de travail pour le soir ou le week-end lorsque les besoins se font ressentir). Et je constate que les employés ne rechignent pas à faire ces efforts ponctuels car contrairement à la France où on rentrerait dans une situation conflictuelle (opposition de l’employé avec sa hiérarchie), ici le bien être collectif passe avant tout.
Et cette souplesse, cette assiduité, cette dévotion (le terme est certes exagéré) au travail est récompensée (meilleur niveau de vie effectivement, dialogue ouvert et posé avec sa hiérarchie pour obtenir des compensations, comme une journée de congé offerte etc…).
Quel système est le mieux ? Aucun. A chacun sa façon de vivre. Personnellement, je suis plutôt travailleur, je ne rechigne pas à passer du temps sur mes projets (en portant attention tout de même à ce que cela ne porte pas atteinte à ma vie personnelle), et je suis très accompli dans le travail (que la vue est belle en haut de la pyramide de Maslow). Et j’attends beaucoup en échange afin de nourrir mes ambitions. Le travail est pour moi une valeur essentielle, et à ce sens, le système Suisse me convient parfaitement.
A contrario, le système français est plus basé sur l’individualisme. L’employé va d’abord voir ses intérêts personnels, avant ceux de sa structure, de sa communauté, de sa société, avec parfois une certaine irresponsabilité (ceci est un avis très personnel). Le relation employé/employeur est en France très conflictuelle. L’employé va d’abord chercher à servir ses intérêts que ceux de son employeur.
J’ai choisi mon camp. A moins d’un changement de mentalité (mais après tout c’est culturel) dans l’hexagone, je ne suis pas prêt de quitter la Suisse.
@tpa : merci beaucoup pour ce retour très intéressant. Concernant l’individualisme, il y a cas d’école dans ce billet très… effrayant.
Au fur et à mesure des articles que je lis sur la Suisse, je réalise que le système en place en Suisse est très proche de celui que je connais, au Québec.
Le marché du travail au Québec est très « souple » dans le sens où, tel que le droit du travail le légifère, on trouve très facilement un travail, mais on peut également facilement le perdre. Il y a toujours des avantages et des inconvénients.
Au Québec, le nombre minimal de vacances payées par année est de 2 semaines, mais on peut également commencer à 3 ou 4 semaines selon le domaine dans lequel on travaille. Pour ce qui est du volume hebdomadaire, cela peut être 35h, 37,5h, ou 40h. On est loin de la règle immuable des 35h.
Également je trouve que la réflexion sur l’incidence du nombre de congés par rapport aux chances de voir évoluer notre salaire est très pertinente.
Je suis bien plus en accord avec le modèle prôné en Suisse ou Québec, peut-être parce que je considère que l’on a plus les moyens d’en tirer avantage que de le subir.
Au plaisir de vous lire,
Le cas d’école cité plus haut par David Talerman et qui concerne la zone aéroportuaire de Bâle-Mulhouse est évidement consternant, et les employés veulent effectivement le beurre et l’argent du beur ; on ne peut pas profiter des conditions salariales suisses et revendiquer en même temps les prestations sociales du droit du travail français.
Ceci dit j’aimerais revenir plus précisément sur le thème de ce débat, qui est l’initiative pour 6 semaines de vacances pour tous. Malheureusement de nombreux et mauvais amalgames sont faits à ce sujet. Toutefois, bien qu’ayant moi-même signé l’initiative populaire dans le but d’inciter les institutions fédérales à se pencher sur la question, je pense que le projet a été mal réfléchi, ceci entraînant les diverses dérives et avis antagonistes qu’on peut lire sur le net et dans la presse. En effet, du fait que l’initiative est trop extrême en proposant 6 semaines de vacances et non pas 5 semaines, l’assemblée fédérale ne pouvait que conseiller de rejeter l’initiative. Le peuple va ainsi se retrouver exactement dans le même cas qu’en 1989 lors d’une votation pour « Une Suisse sans armée ». De telles initiatives sont trop extrêmes et donc peu réalistes ou applicables ; de ce fait elles se condamnent d’elles-mêmes à un échec certain, plutôt que de suggérer de plus petits changement moins radicaux, lesquels auraient plus de chances d’être acceptés par tous. Toutefois ce genre d’initiatives exprime des préoccupations réelles.
C’est pourquoi concernant l’initiative 6 semaines de vacances pour tous, SEUL UN CONTRE-PROJET VISANT À 5 SEMAINES DE VACANCES POUR TOUS pourrait à mon avis apporter une solution à cette situation politiquement et socialement regrettable.
La pratique de la démocratie en Suisse – pays des compromis, du respect et de l’éthique – implique aussi un esprit de solidarité. Solidarité envers le plus faible. C’est pourquoi je suis attristée de lire certains commentaires qui font passer les personnes favorables à l’initiative pour 6 semaines de vacances pour des fainéants. D’autant plus que j’ai pu constater dans mon entourage que la plupart des personnes peu favorables ou peu sensibles à l’initiative bénéficient évidement déjà de 5 semaines de vacances !
Il ne faut pas oublier le grand nombre de travailleurs qui effectuent encore 43 heures de travail hebdomadaires (ou même jusqu’à 45h dans certaines professions) dans des conditions difficiles et parfois avec un salaire précaire, et qui n’ont encore seulement 4 semaines de vacances par année. Bien que fière d’être suisse et fière de mon pays ainsi que de son image à l’étranger, et bien qu’étant une travailleuse acharnée et passionnée qui ne compte pas les heures mais se fixe des buts à atteindre pour le succès de l’entreprise, je considère que la Suisse est rétrograde concernant les droits du travail.
Mais ne prenons pas continuellement le mauvais exemple de la France pour justifier les avantages de cet état de fait. Etant devenu pratiquement impossible de se débarrasser d’un employé indésirable, à tort ou à raison (…), la France en est venue à pratiquer de plus en plus le mobbing en entreprise – n’ayons pas peur des mots. Donc oui, si des protections sociales trop rigides, des prestations en vacances ou temps de travail hebdomadaire trop couteuses pour les entreprises, empêcheraient l’économie de se développer et de maintenir la qualité de vie globale, dans ce cas le système Suisse est bien supérieur au système français. Mais ne nous comparons pas qu’aux mauvais élèves ! Le bon milieu existe. Il y a des pays européens, tel que le Danemark qui s’y essayent, mais non sans quelques déboires évidement. Du moins, l’intention y est.
A bon entendeur ;-))
@Nathalie : bien dit, et témoignage intéressant. Il est vrai que dans ce blog, j’aime bien mettre en lumière une même problématique vue par les 2 pays. Du coup, pour certains sujets, ça fait parfois sourire, et la comparaison en souffre. Pour ce qui concerne le droit du travail suisse que vous jugez rétrograde, je trouve pour ma part qu’il est beaucoup plus sain dans la mesure où il donne les limites à ne pas dépasser, charge aux acteurs de s’entendre, alors que le droit français fixe un idéal, impossible à atteindre, qui fige toute discussion. La première chose qu’il faudrait réformer à mon sens en France, c’est bien le droit du travail…
D’un point de vue de comparaison avec la France (La France que j’aime toutefois beaucoup globalement), je vous concède que le droit du travail est tout de même plus sain en Suisse.
En effet j’ai pu voir personnellement l’exemple d’un couple franco-suisse profitant de leur double nationalité pour aller s’installer dans un charmant coin du sud de la France, il y a de cela une quinzaine d’années, pour faire ensuite trois enfants et vivre impunément (et tranquillement) du RMI ainsi que des allocations familiales. C’est évidemment frustrant pour les gens qui travaillent dur et payent leurs impôts ! Et le système français permet aisément ce genre de choses, la sécurité sociale ruinant régulièrement l’état.
Mais je voudrais tout-de-même revenir sur le fait que le bon milieu existe et qu’en Suisse on doit faire attention à ne pas tomber dans l’autre extrême dans le domaine des droits du travail. Ici, les gens en fin droit de chômage sont hors statistiques et ne bénéficient de pratiquement aucune structure, les personnes d’origine suisses ressentent le recours aux aides sociales comme tabou ou un parcours du combattant et souvent essayent de s’arranger avec la famille plutôt que d’entamer des démarches.
Ici nous sommes un des pays au monde qui travaillent le plus avec les japonais, mais ici nous sommes aussi un pays ayant un fort taux de suicide. Ceci dit, La suisse reste un petit morceau de paradis avec une grande qualité de vie.
Mais 5 semaines de vacances (je ne parle donc même plus de 6) ça n’aurait pas été excessif ! Parlons aussi de la semaine de travail 41h30 pour tous, ça serait pas mal aussi ! Je ne parle pas de 35 ou 38 heures. Une semaine de 35 heures étant clairement trop courte pour un spécialiste souhaitant s’investir et progresser dans sa tâche, et je ne crois pas qu’il y ait un risque qu’on en vienne là en Suisse dans un court ou moyen terme.
Si l’initiative pour 6 semaines de vacances remporte malgré tout les votations, ce ne sera que pour exprimer le reflet de ces points cités plus haut, pas le besoin réel de 6 semaines.
Sans vouloir critiquer les initiateurs, qui sont pourtant issus de milieux travaillistes, je n’arrive vraiment pas à comprendre pourquoi ils n’ont basé l’initiative sur 6 semaines et pas 5. Le risque de refus est trop grand, alors qu’avec 5 semaines, le succès était quasiment acquis.
Ils ont du moins le mérite de soulever le débat.
J’espère qu’un parti politique, ou même le gouvernement revienne au plus vite sur la question, mais pour 5 semaines. Je suis tout de même profondément déçue que l’assemblée fédérale n’a pas proposé de contre-projet dans ce sens 🙁
Salut, je vois dans cette discussion que personne ne se place du point de vue des patrons. Quelqu’un dit que ces ouvriers(Bâle-Mulhouse) voulaient le beurre et l’argent du beurre, mais n’est-ce pas ce que les patrons font? Est-ce que nous, en gagnant plus et en travaillant plus, payons moins d’impôts?
Est-ce qu’on touche un parachute doré quand on se fait licencier?
Quels sont les syndicats qui ne sont pas patronal en suisse?
Que font ou que peuvent faire les syndicats ouvriers en suisse?
Au final tant que l’entreprise fonctionne et qu’elle peut « rapporter » de l’argent au pays(et surtout filer des pots-de-vins pour éviter tel ou tel contrôle), elle pourra licencier à tour de bras. (vive les agences de placements, que je considère comme des macs envoyant leur putes au trottoir)
Si un jour les inconvénients deviennent trop important pour le bénéfice de l’entreprise, suit la délocalisation.
Rapport au billet
Je cite: selon le classement du World Economic Forum, la Suisse est première position, et la France à la 16ème place
En lisant ça je me gausse. On est premier mais ça n’empêche pas le chômage d’augmenter, ça n’empêche pas les impôts d’augmenter, ça n’empêche pas les assurances(obligatoires) d’augmenter drastiquement.
Bon je vous l’accorde, on a trouvé un moyen de baisser les statistiques du chômage en début 2011. Une partie de ceux qui étaient au chômage sont partis au social. Voilà comment faire croire aux gens que le chômage a baissé.
Du coup je me dis, mais alors si on et en première position qu’est-ce que ça doit être pour les autres?!!!!
Sur le sujet des 6 semaines de vacances,
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A ça je rétorque: ça ne changerait pas grand chose, les syndicats n’osent déjà pas proposer des réductions de quoi que ce soit, à part de salaires, de peur, peut-être d’être mangé tout cru par le patronat. Je vous conseil de vous renseigner sur l’affaire Swissmetal à reconvilier, vous remarquerez que le poids du syndicat ouvrier était quasi nul.
Sur ce, je vous souhaite une bonne journée.
Bonjour,
Suite à votre article, je vous propose d’aller visiter les sites suivants:
6 semaines pour tous, ensemble créons le débat! Afin de faire avancer le débat (pour ou contre) j’ai créé une plateforme d’échange sur Facebook (https://www.facebook.com/6semainespourtous.ch) et un mini-site qui explique la démarche avec un forum: http://www.6semainespourtous.ch/
Attention: aucun parti n’est derrière mon initiative, je veux un débat sur une plateforme neutre et que finalement tout le monde vote en mars prochain. Partager l’info à tous vos amis. Bonne journée à vous.