Le 25 septembre 2006 le peuple suisse a voté à une large majorité des lois restreignant considérablement l’accès aux réfugiés et aux étrangers non issu de l’Union européenne.
Vu de l’extérieur, ce vote peut paraître choquant, et la question a d’ailleurs été largement soulevée dans les médias européens et mondiaux.
Comme souvent dans ce type de question de société, c’est une minorité qui a suffisamment terni l’image d’une majorité pour faire la balance de l’autre côté, au grand malheur des réfugiés réellement nécessiteux qui auraient pu bénéficier d’une terre accueillante. On peut aussi dans ce cas s’interroger sur le rôle des médias locaux dans ce vote… Mais bon, la presse a souvent bon dos, et comme on dit : le peuple a toujours raison.
D’un autre côté, on peut aussi s’interroger sur la tradition décennale de la Suisse dans l’accueil des réfugiés, et se dire qu’elle a joué un rôle important jusqu’à présent dans ce domaine, et que si on veut que cette aide soit encore de qualité et ne soit pas source d’inégalités, faut-il vraiment la continuer ? Et très sincèrement, autant le système social (au sens de l’aide aux classes les moins favorisées) couvre un spectre réduit (en comparaison de ce que peuvent offrir des pays comme la France ou l’Allemagne aux classes inférieures), autant les classes très défavorisées (et les demandeurs d’asile sont souvent dans ce cas) sont particulièrement bien traitées en Suisse, en comparaison de classes moyennes-basses.
Loin des polémiques qui trouvent d’intéressantes argumentations de tous bords,je propose de soulever la question du petit bout de la lorgnette et de se demander si cela va changer quelque chose pour les ressortissants de l’Union européenne pour la suite.
Tout d’abord, et c’est le point le plus important, les accords bilatéraux ne sont pas remis en cause : en les adoptant, les suisses ont signifié qu’ils voulaient choisir leur immigration, et que celle-ci devait provenir de l’Union européenne.
Les accords signés dimanche dernier permettent, comme c’était le cas auparavant, l’accès au marché du travail suisse aux étrangers non européens qualifiés. On peut donc raisonnablement penser que pour les travailleurs européens qualifiés qui souhaitent travailler en Suisse, cette nouvelle adoption ne change rien.
En revanche, ce qui risque peut-être de changer, c’est le travail nécessitant de faibles qualifications, souvent occupés par les réfugiés. Avec une immigration de réfugiés stoppés, on peut se demander si ces postes continueront à être pourvu. En effet, le niveau de vie des pays de l’Union européenne les plus défavorisés se redresse progressivement, et il ne sera peut être pas aussi attractif pour les ressortissants de ces pays d’accepter ces postes que cela l’était pour les réfugiés. En d’autres termes, on peut au mieux s’attendre à une très légère augmentation des postes à faible qualification pour certains ressortissants de l’Union européenne, au pire à aucun changement particulier dans la mesure où ces postes fraichement « libérés » n’attireront pas les ressortissants de l’Union européenne, pour des raisons de différences de niveau de vie qui ne justifient plus une expatriation si les conditions ne sont pas suffisamment intéressantes.
Finalement, pour moi qui suis français, cette nouvelle loi adoptée ressemble à s’y méprendre à ce que Nicolas Sarkosy proposait il y a quelques mois aux français…
Consultez le site Travailler-en-Suisse.CH, et mon guide « Travailler et vivre en Suisse : guide pratique pour les résidents et frontaliers«