J’ai animé lundi et mardi dernier avec un recruteur genevois un atelier sur l’élaboration de CV pour ceux qui veulent travailler en Suisse, organisé par le Groupement transfrontalier européen. J’aime bien ces moments privilégiés où on peut vraiment échanger. L’objectif était de faire en sorte que les 14 candidats puissent améliorer leur CV et le rendent « swiss » compatible.
Je vais en profiter pour vous faire part des principales erreurs que j’ai pu voir, ainsi que quelques remarques et conseils donnés :
Erreur n°1 : ne pas indiquer ses compétences dans son CV
Pourquoi un recruteur voudra-t-il vous embaucher ? Non pas parce que vous avez une bonne tête (quoi que pour certains métiers cela joue), mais parce qu’il imagine que ce que vous avez appris et fait dans vos entreprises précédentes, vous allez l’appliquer dans son entreprise. Or, ce que vous avez appris, ce que vous savez faire, ce sont précisément les compétences. Donc, plutôt que de laisser le soin au recruteur de déduire ces compétences de votre CV, faites en sorte de les exprimer clairement. Au moins, vous serez sûr qu’il ne passera pas à côté, ou qu’il ne se trompera pas.
Erreur n°2 : confondre « compétence » et « tâche »
Beaucoup de candidats n’arrivaient pas à faire la différence entre une tâche et une compétence. Voici la différence sur un exemple simple : un vendeur aura pour tâche de vendre une ou plusieurs lignes de produits. Parmi les compétences qu’il a développé, on pourra par exemple avoir : techniques de négociation, aptitudes d’écoute et de reformulation des besoins du client, capacité à traiter avec des grands comptes… Dans un cas (la tâche) vous décrivez ce que vous avez fait, dans l’autre (les compétences), vous décrivez ce que vous avez appris. Et ce n’est pas la même chose.
Erreur n°3 : croire que le recruteur connait tout des entreprises où vous avez travaillé
Les candidats l’oublient encore trop souvent : la Suisse, c’est l’étranger. Si vous avez eu un job dans une PME franco-française, il serait étonnant que le recruteur la connaisse. Or, il est important dans le CV d’indiquer le contexte de chacune de nos expériences : taille de l’entreprise (nombre d’employés ou chiffre d’affaires), ville où a été effectuée le job, et secteur d’activité.
Erreur n°4 : ne pas présenter rapidement qui vous êtes (et éventuellement ce que vous cherchez)
Pourquoi est-ce indispensable que le recruteur comprenne rapidement quel type de professionnel lui écrit ? Le capital temps accordé à votre CV se comptera en général en secondes. Si le recruteur ne comprend pas très rapidement quel type de professionnel vous êtes et ce que vous cherchez, il emploiera une partie de ce capital temps à faire cette recherche… Et ce temps, il aurait pu le consacrer à consulter vos compétences, plutôt que d’essayer de comprendre qui vous êtes.
Erreur n°5 : négliger la forme de votre CV
Le recruteur ne vous connait en général pas. Si votre CV est mal présenté, inconsciemment le recruteur pensera : lui aussi n’est pas un candidat de qualité. Trivial mais réel.
Erreur n°6 : envoyer un fichier Word
Un fichier pdf est identique sur n’importe quel ordinateur, ce qui n’est pas le cas d’un fichier Word. Un tel fichier contenant votre CV risque de ne pas conserver la mise en forme que vous aurez mis des jours à concocter. C’est clairement ce qui m’est arrivé avec le CV de certains candidats.
Erreur n°7 : choisir une photo de mauvaise qualité
Si vous décidez de joindre une photo, assurez-vous qu’elle soit de bonne qualité. Investissez quelques dizaines d’euros ou de francs suisses chez un photographe professionnel.
Erreur n°8 : ne pas expliquer ses diplômes
Même si les diplômes sont moins importants en Suisse qu’en France, il me paraît tout de même important d’expliquer vos diplômes, surtout s’ils sont peu « parlant ». Une ou deux lignes d’explications dans le CV iront très bien.
Erreur n°9 : ne pas parler de ses résultats ni de ce qu’on a concrètement réalisé
En Suisse on est pragmatique : votre diplôme, c’est une chose, mais ce que vous savez faire est probablement plus important aux yeux d’un recruteur. Et je vous conseille d’être particulièrement pragmatique quant à l’expression de vos résultats et réalisations. En particulier, n’hésitez pas à exprimer clairement vos réalisations (par exemple, pour un vendeur « Augmentation des ventes de la ligne de produit de 5% par rapport à l’année précédente« ).
Erreur n°10 : rester prisonnier du stupide concept de la page unique
N’hésitez pas à prendre vos aises : vous n’êtes pas obligé de rédiger votre CV sur une seule page, surtout si vous avez une expérience conséquente et des choses à dire. En prenant de l’espace, vous pourrez mieux valoriser graphiquement ce que vous avez à dire. Voir sur le site « CV » et « lettre de motivation en Suisse » un exemple de CV, et d’autres conseils. Faites également rédiger votre CV en Suisse par notre équipe de professionnels.
Evan says
On voit partout sur Internet que le CV ne doit pas dépasser une page sinon c’est l’échec assuré. Pourtant, dans le milieu professionnelle, on préfère avoir un CV plus long mais qu’on sache a qui on a à faire plutôt qu’un CV cours mais où il manque des informations. Si le recruteur ne trouve pas les informations qu’il veut, il passe au suivant.
Merci pour cet article différent des autres de « comment-faire-son-CV ».
CARRE says
Vos remarques sur le CV peuvent s’appliquer aussi à la France mis à part l’équivalence des diplômes.
David Talerman says
Bonjour,
Pour 6 sur 10 c’est vrai, mais pour les autres c’est vraiment propre à la Suisse ! Et puis ces rappels ne font pas de mal 🙂