Travailler en Suisse lorsqu’on est cadre ou employé spécialisé implique en général la maîtrise quasi obligatoire d’une langue étrangère, souvent l’anglais, parfois l’allemand.
En Suisse, il n’est par ailleurs pas rare de parler 2 langues. Il faut dire qu’en Suisse, il y a plusieurs langues officielles : la langue la plus parlée est l’allemand (à plus de 65%), les autres langues officielles étant le français, l’italien, et le romanche. Autant dire que les familles suisses sont assez souvent confrontées à plusieurs langues, tendance qui est renforcée par la présence importante d’étrangers en Suisse.
Les Suisses ont une maîtrise moyenne de l’anglais… qui est meilleure que celle des Français
Dans un classement mondial, Education First propose le classement des pays selon leur maîtrise de l’anglais. La Suisse est en 15ème position, dans la catégorie « Maîtrise moyenne ». Pour comparaison, la France est 23ème. Ce matin, j’ai entendu sur France Info le commentaire du président de l’association des professeurs de langues étrangères en France, qui devait commenter ces chiffres. E
t selon lui, si les Français parlent mal anglais, c’est à cause de leur « oreille », la langue française étant très éloignée du point de vue de la fréquence de l’anglais… Pathétique. Et lorsque le journaliste lui a demandé s’il n’y avait pas un problème de formation, la réponse fut bien évidemment « Non ».
Inutile de tergiverser : si les Suisses ne sont visiblement pas au top, les Français sont à côté de la plaque, probablement à cause de la manière d’enseigner les langues.
En Suisse, l’usage des langues est décomplexé
Ce que je trouve intéressant dans la manière d’approcher les langues en Suisse, c’est qu’on ne s’attend pas forcément que vous parliez parfaitement une langue : il suffit de bien se faire comprendre, de bien comprendre, et si l’accent n’est pas le bon, ce n’est pas le sujet, pourvu d’être efficace.
Et il est possible de parler en faisant des fautes, l’essentiel est de pratiquer. Vous noterez que cette approche reste somme toute assez différente de celle qu’on a en France où on vous apprend à ne surtout pas faire d’erreurs, ce qui limite forcément la prise spontanée de parole.
Les langues sont-elles réellement importantes pour travailler en Suisse ?
En fait, les recruteurs suisses s’attendent clairement, a minima, que les candidats parlent anglais pour beaucoup de postes. Et les histoires de candidats français recalés pour cause de mauvaise maîtrise des langues ne sont pas des légendes. Donc pour être clair, oui, la maîtrise est un vrai plus, voire une compétence indispensable pour certains postes.
Pas de panique toutefois : pour beaucoup de poste, ce n’est pas indispensable. Une chose est cependant certaine : ne mentez pas sur votre niveau de langue (que je vous conseille d’ailleurs d’illustrer votre niveau dans votre CV en utilisant la classification du Conseil de l’Europe).
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Kirsten says
Bonjour M. Talerman,
merci de votre article. Je pense comme vous, que le problème vient de l’enseignement et non de « l’oreille » des Français. Je suis allemande et j’ai appris l’anglais en Allemagne. Je vis cependant depuis 20 ans en France et j’ai deux fils, qui ont toujours été scolarisés en France. A mon avis, sauf dans les classes dites « européennes » l’accent n’est pas suffisamment mis sur l’anglais. L’enseignement commence trop tard et on y consacre trop peu de temps. L’anglais, on ne peut plus ne nier, devient indispensable dans le monde du travail et la bonne maîtrise ouvre sans doute des portes. Actuellement, je cherche du travail sur Genève et le fait d’être trilingue est un vrai plus.
Subsiste tout de même une question: quand est-ce que le gouvernement va prendre des mesures pour reformer le système scolaire avant que la France ne soit complètement à la traîne?
David Talerman says
Bonjour Kirsten,
Merci pour ce feedback.
Pour la réforme, il va falloir attendre car il faut savoir que le milieu de l’enseignement en France est essentiellement à gauche, et muselé par les syndicats. Difficile pour les gouvernements, quels qu’ils soient, de toucher à quoi que ce soit…
Sinon, sur le fait d’être trilingue, je pense effectivement qu’il s’agit d’un vrai plus.
A bientôt sur le blog.
Claudine says
Bonjour M. Talerman !
Je suis d’accord avec votre analyse. A mon sens, l’un des problèmes dans la manière d’enseigner les langues en France vient du fait que les cours sont basés sur l’écrit et la grammaire et non sur l’oral ou les situations de la vie quotidienne.
Durant toute leur scolarité les élèves parlent très peu et n’osent pas s’exprimer à l’oral parce que c’est mal vu. En revanche, ils peuvent avoir un niveau de grammaire correct ou savoir conjuguer des verbes irréguliers. Ce qui n’a aucune utilité lorsqu’ils se retrouvent en situation à l’étranger (pour aller faire des courses, louer un appartement, exprimer des ressentis etc…). Comme ma mère qui avait appris à traduire Faust de l’allemand mais était incapable d’expliquer à notre correspondante comment aller à la gare prendre le train…
Une langue n’est pas une matière comme les autres, c’est une porte d’accès à une autre culture, une autre façon de penser le monde qui nous entoure. Il faut rencontrer des gens, beaucoup parler, avoir la langue dans les oreilles aussi (et en France toutes les séries et films sont doublés à la télévision, ce qui n’aide pas non plus).
Donc à part séjourner à l’étranger suffisamment longtemps pour comprendre à la fois la culture et la langue – ce que j’ai eu la chance de pouvoir faire, je suis Française et trilingue -, je ne vois pas comment faire autrement.
En tout cas, on ne peut pas à l’heure actuelle attendre de l’école française qu’elle apprenne aux enfants à parler une langue étrangère… C’est vraiment dommage, comment ensuite communiquer avec le reste du monde ? D’autant plus que cette incapacité à parler les langues étrangères est malheureusement emblématique de la France, pour preuve le niveau (désespérant?) d’anglais des présidents et des ministres français lors de conférences internationales…
Tiago Vieira says
I´ve been searching for a job in Geneva/Lausanne area, and i´ve noticed that despite english is still an important language, german is very requested.
I speak portuguese (native), english (advanced), spanish (conversational level), and i´m currently learning french (basic), and still i´m having a hard time finding a job.
To work in Switzerland you really have to be a polyglotte 🙂
By the way, i really like your blog.
Tiago
David Talerman says
Thanks Tiago ! And good luck
Fafa says
Bonjour,
Je vais bientôt commencer mon nouveau poste en janvier en Suisse après 5ans passées en Irlande et je lis avidement votre blog qui me permettra j’espère d’appréhender au mieux ma future vie…
Je veux juste réagir en disant que oui les Français on un niveau d’anglais minable, a fortiori pour un pays aussi touristique et j’ose espérer que je fais partie de la dernière génération. Mes neveux et nièces ont commencé l’anglais au primaire ce qui est une bonne chose car avant on commençait l’anglais trop tard et c’était bien trop grammatical. Je trouve que l’argument de « l’oreille » pas tout a fait faux, la grammaire et la prononciation seront plus facile à appréhender pour un Allemand. D’ailleurs j’ai (re)commencé l’apprentissage de l’allemand et ma méthode est en anglais, car c’est plus facile à appréhender ainsi.
Aussi faut voir de quel Anglais on parle, comme dis plus haut je suis actuellement en Irlande, une amie Dublinoise m’a dit un jour que quand elle était gamine elle passait ses vacances chez ses cousins à Galway…et comprenait rien à ce qui se disait à table.
Moi même dans mon taf j’ai des conférence régulièrement par téléphone avec mes collègues Écossais et c’est bien rude
Pour apprendre une langue correctement y’a pas d’autres choix que l’expat’ à mon sens