Ce qu’il y a de dur avec un classement, c’est qu’il n’y a qu’un premier. Ce qui ne veut pas forcément dire que les autres sont mauvais, mais qu’ils sont en tous les cas moins bons.
Et c’est précisément ce qui est arrivé aux grandes écoles françaises en 2011 qui, dans le classement annuel du Financial Times des masters en management paru cette semaine, ont pratiquement toutes perdues des places. Et particulièrement la très symbolique 1ère place, puisque l’ESCP, qui occupait la 1ère place en 2010, est tombé en 3ème position cette année.
Une université suisse en 1ère place du classement
Mais pourquoi est-ce que je vous parle de ce classement ? Simplement parce que la 1ère place est occupée par un établissement suisse, l’Université de Saint-Gall. Eh oui.
Allez, je vous rassure : ces petites guéguerres des classements que se livrent les écoles ne m’intéresse pas du tout. En revanche, je trouve plutôt drôle qu’un établissement comme l’Université de Saint-Gall, établissement somme toute assez discret en comparaison des GRANDES écoles françaises que sont l’ESCP ou HEC, passe devant.
L’enseignement supérieur en France : un système de castes qui se méprisent silencieusement
Pour ceux d’entre-vous qui n’en seraient pas informés, je tente une précision : l’enseignement supérieur en France, c’est pratiquement une religion, dans laquelle on retrouve plusieurs castes, et notamment ceux qui ont suivi des études dans des :
- TRÈS grandes écoles (de commerce ou d’ingénieurs), au nombre de 10 en tout (comme HEC, ESCP, Poytechnique…), et qui pour certains sont destinés à diriger la France ou les grandes entreprises du CAC 40,
- grandes écoles de commerce ou d’ingénieur (les suivantes en terme de classement)
- universités ou institutions universitaires
- cycles plus courts (2 ans après le bac, BTS ou DUT)
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’on se méprise, en général poliment, d’une caste à l’autre, voire d’une école « prestigieuse » à l’autre : un étudiant d’une grande école de commerce jugera en général sa formation bien meilleure que celle d’un universitaire… Et je ne parle pas de la cooptation, qui veut qu’un HEC lâche son poste à un autre HEC (ce qui laisse penser plein de bonnes choses sur la diversité « intellectuelle » de ces entreprises françaises dont les dirigeants ont tous été formés dans le même moule).
Le classement du Financial Times est-il bon ?
Vous l’aurez compris, la réalité est un peu plus subtile que ça, mais je vous assure que toucher au prestige des diplômes français, c’est un acte outrageant, et le Financial Times a franchi le pas. Ce qui me laisse croire que nous verrons, dans quelques jours, des déclarations des écoles concernées dans la presse indiquant que ces classements ne veulent rien dire, qu’ils ne tiennent pas compte de la spécificité de l’enseignement en France… Bref, on va encore nous servir l’exception française.
Ce sujet qui, encore une fois, n’a à mon sens que peu d’intérêt, semble passionner les Français, ou plutôt l’intelligentsia. Il suffit pour cela de voir le nombre de journaux nationaux et magazines qui ont repris le classement : Le Figaro, L’Express, Les échos, Le MOCI, Capital…
Ce que je trouve encore plus drôle dans ce classement – et sachant le mépris (caché) des grandes écoles françaises pour l’université – c’est que, comme son nom l’indique, l’Université de Saint-Gall n’est qu’une université. Et qui est en plus réputée pour son enseignement très concret et pragmatique. C’est vraiment la honte pour les écoles françaises qui elles forment de vraies têtes pensantes…
Allez, je le dis : HOP SUISSE !
Et vous, partagez-vous mon point de vue sur l’enseignement supérieur en France ?
Fred says
Ayant fait les classes prépa en France pour finir à L’EPFL en Suisse, j’approuve totalement l’avis général de l’article. L’élitisme à outrance d’un côté et le côté pragmatique de l’autre.
D’ailleurs les différents classements pour les écoles d’ingénieurs sont encore plus cruels pour la France. Les 2 EPF explosant les GRANDES écoles françaises dans tous les classements (classement de Shangai, Times, etc.).
Et un HOP SUISSE de plus!
tpa says
Comme tout bon classement, il ne sert qu’à trier selon un protocole de test. On pourrait trouver pour chaque école un protocole de tests qui la placerait première.
Et quand je vois dans la méthodologie de classement certains critères comme le pourcentage de femmes parmi les étudiants, je suis plus que sceptique sur la qualité de ces classements. (loin de moi l’idée de paraître misogyne, je tiens juste à appuyer le caractère superfétatoire ce certains critères utilisés dans la méthodologie de classement).
Il est facile de trier des coureurs sportifs selon leur résultat d’arrivée, mais il est difficile de quantifier la « valeur pédagogique » d’une école.