Avant de tomber en syncope si vous êtes frontalier, pas de panique : le titre est provocateur, et reprend les propos de Rama Yade. Je vous laisse lire la suite.
Dimanche dernier le peuple suisse a voté pour le texte de l’UDC « Non à l’immigration de masse« , reprenant ainsi un contrôle plus strict de son immigration. Le texte prévoit également le retour de la préférence nationale pour le recrutement, ce qui concrètement signifie que les entreprises suisses, avant de recruter un étranger, devront apporter la preuve qu’elles n’ont pas trouvé de profil adéquat en Suisse. Ce dispositif sera effectif dans un délai maximum de 3 ans.
En scrutant les réseaux sociaux et le Web, ce qu’on y trouve est tantôt surprenant, tantôt pathétique tant le message adressé par la Suisse a été interprété, modifié et repris à des fins idéologiques. Mais la palme de la palme revient à Rama Yade (elle a fait encore plus fort que le Front National, et pourtant) : ce serait dommage de mourir aujourd’hui et d’avoir raté ça.
Une déclaration complètement hors de propos
Rama Yade, conseillère régionale d’Ile-de-France (vous m’expliquerez à ce sujet le rapport avec la Suisse… et les affaires étrangères) a déclaré ni plus ni moins que des centaines de milliers de frontaliers allaient perdre leur emploi suite à la votation de dimanche dernier. Cette déclaration s’inscrit dans une charge contre le Front National qui s’est réjouis des résultats de cette votation.
Quelqu’un veut-il bien lui dire que les économistes estiment (à la louche pour l’instant) à 80 000 le nombre d’emplois qui ne seront pas créés (et non détruits) ? Elle a cependant raison sur un point, je cite : « Les Suisses ont fait un bras d’honneur à l’Europe » (que le verbe est gracieux).Vive la politique française, vive la désinformation !
Je suis vraiment atterré par le niveau de compréhension des politiques français au sujet de la Suisse. Et le pire c’est qu’on leurs donne la parole. Et vous, quel est votre avis ?
thib says
Malheureusement mon cher David je pense que le manque de connaissances du réel ne s’ applique pas que pour la Suisse. Ces hommes et femmes politiques français, éduqués à sciences Po puis directement introduit dans le monde du politique dans les cabinets et autre assemblée nationale n’a plus beaucoup de liens avec la vie des autres, que ce soit au niveau social ou économique. En tant que français cela me navre, mais cela explique sans doute en partie mon expatriation…
Sophie says
Alors, pensez-vous que c’est terminé pour nous, français…nous voulions nous expatrier l’année prochaine 🙁
David Talerman says
Bonjour Sophie,
Tout dépend de votre profil. Si vous êtes recherchés sur le marché suisse et qu’il y a peu de profils comme le vôtre, vous avez toutes vos chances. Dans le cas contraire, ce sera beaucoup plus compliqué…
Sophie says
Je suis fortement déçue moi aussi.
Mais, sommes-nous vmt libres……
Lydia says
Bonjour David, j’admire la Suisse et son peuple, ils maintiennent une démocratie directe depuis plus de 100 ans, c’est ce qui ne ferait pas de mal à la France, qu’on laisse un peu plus le peuple décider, car on a vraiment l’impression d’être dirigés par des clowns et comme le dit si bien Thib, qui n’ont conscience que des grandes théories économiques et sociales qu’ils ont appris sur les bancs des grandes écoles, mais ne prennent jamais en compte la vie d’un citoyen lambda au quotidien. D’où mon envie de m’expatrier également en Suisse ou au Canada.
David Talerman says
Bonjour Lydia,
Merci pour votre contribution.
Maureen says
Je suis ravie de la décision des suisses quant à l’immigration de masse, même si cette décision ne sera pas à mon avantage, puisque mon compagnon de nationalité suisse compte entreprendre son master en Suisse, et que je souhaitais le suivre afin de nous y installer …
Par conséquent, j’imagine que pour mon cas ce sera plus compliqué, car je n’ai pas un profil plus avantageux qu’un autre si ce n’est que j’ai une licence et que je parle 3langues couramment…
Mais le peuple suisse n’a absolument aucune leçon à recevoir de la France (et je suis française!!), cette mentalité me révulse de plus en plus, ces français qui croient tout connaitre, et qui n’ont surtout aucune notion de remise en question. Et comme vous dites, cette désinformation, l’art de tout retourner « à leur sauce » pour en tirer des avantages complètement incohérents. La France d’aujourd’hui me fait honte, et étant actuellement expatriée en Angleterre, j’espère pouvoir mettre mes projets à bien, venir en Suisse et vivre « à la Suisse », et non pas comme la plupart des Frontaliers, comme des Français en Suisse !
David Talerman says
Bonjour Maureen,
Votre témoignage est instructif.
C’est également ce que je préconise dans mon livre, à savoir s’installer en Suisse si on souhaite y travailler. Mais tout le monde n’a pas forcément cette possibilité ou ce choix, soit pour des raisons financières, soit pour des raisons familiales.
Et pour finir, je ne comprends pas très bien le sens de votre dernière phrase : les frontaliers français travailler en Suisse, vivent en France, et la plupart sont à mon sens intégrés et respectueux des Suisses et des règles.
Guillaume says
Bonjour David,
Merci pour vos lumières, je vis en Suisse au bénéfice d’un Permis C, et d’ailleurs notre installation s’est faite en bonne partie grâce à votre livre, donc je recommande !
Question pour vous : ne croyez-vous pas l’inquiétude des frontaliers actuels exagérée, surtout vu la levée de bouclier de l’ensemble des syndicats et du patronat suisse depuis dimanche ? Cela va surtout poser problème pour les futurs requérants de permis : ils ne peuvent pas remettre en cause les contrats de tous les frontaliers, cela serait suicidaire !
David Talerman says
Bonjour Guillaume,
Tout d’abord, je suis heureux que mon travail ait pu vous aider dans votre installation en Suisse : ce type de commentaire fait du bien !
Vous avez tout à fait raison concernant l’exagération, mais je comprends aussi que les frontaliers en place soient un peu inquiets. Ce qui est ultra positif en revanche, c’est le vote de Genève – parmi les plus fermement contre le projet de l’UDC -, ce qui me laisse croire que les frontaliers sont tout de même reconnus pour le travail qu’ils accomplissent et leur implication dans le développement de l’économie.
Pour les futurs demandeurs, cela risque effectivement d’être plus compliqué, surtout pour les personnes qui ont peu ou pas de qualifications : pour elles, la Suisse se ferme (je mets de côté les secteurs où il n’y pas ou peu de main d’oeuvre locale (vente de détail, bâtiment, hôtellerie restauration…).
Et effectivement, les entreprises ont besoin du travail des étrangers !
Heg Estelle says
Bonjour,
suissesse de l’étranger et au bénéfice de la double nationalité, je ne pense pas être concernée directement par ces votations mais je reste inquiète de l’isolement dans laquelle risque de se retrouver la Suisse dans les années à venir. Et surtout de cette progression de l’UDC, dangereuse, malgré ce que l’on cherche à nous faire croire. On tire sur l’étranger et sur les frontaliers en particulier mais la problématique est elle réellement là ?
David Talerman says
Bonjour Estelle,
Je ne crois pas qu’on tire sur l’étranger ou le frontalier. Il suffit d’ailleurs de voir que les cantons qui ont le plus voté pour le texte sont ceux qui ont le moins d’étrangers (frontaliers et résidents), à l’exception du Tessin.
Je suis persuadé que dans l’esprit de la plupart des Suisses, c’est un vote qui sanctionne le laisser faire du gouvernement et des instances économiques, ainsi que les conséquences de l’immigration (le coût du logement et les transports notamment).
Concernant l’isolement : que qu’européen, je dois dire que ce que propose l’Union européenne est tout sauf « attractif ». Pour moi la situation n’est pas si catastrophique que cela, mais il y aura des impacts (positifs et négatifs), c’est certain.
Olivier says
La votation peut aussi prendre sens si l’on considère le dédain, l’insulte et la muflerie dont a fait preuve l’Union Européenne et la France en particulier vis a vis de la Suisse au sujet du monde financier Suisse.
D’autres facteurs entrent bien sûr en ligne, mais on ne peut insulter un peuple sans imaginer que celui-ci soit tenter par un repli sur soi.
David Talerman says
Bonjour Olivier,
Plutôt d’accord avec vous.
Stéphane says
Bonjour,
Que de catastrophisme sur les réseaux sociaux et les blogs.
A vrai dire c’est drôle, il faut juste avoir un peu de recul vis á vis des votations suisse, dont les résultats sont appliqués seulement lorsque cela a un intérêt. Ce fut d’ailleurs un débat l’autre matin sur la RTS. En fait chaque connaisseur de la Suisse sait que ça va faire ……pschitttt….. comme le dernier référendum français qui n’arrangeait personne, du coup ……on s’arrange….les politiciens de profession n’ont pas de frontière et vu qu’ils ont étés élus dans cette société….hé ben on va surtout ne rien changer…..dormez tranquille frontaliers…..ils ont besoin de nous pour pomper.
Stef says
Bonjour,
La Suisse a fait un vote qui dénonce l’absence de structure que les politiques suisses auraient dû mettre en place pour accueillir autant de personnes.
En effet les routes, le rail, le logement, les assurances sociales ne suivent plus à ce jour.
Mais en aucun cas cela à été un vote xénophobe.
Avec prêt de 25% d’étranger sur son territoire et 80’000 personnes par années en plus, cela devient de plus en plus compliquer et les politiques Suisses et de la CE auraient du mettre en place des mesures d’accompagnements claires et les financer.
Les pays qui constitue la CE ont plutôt vomis sur la Suisse de manière régulière, en générant un désamour avec sa population.
Diriger s’est prévoir.
Chenaf says
… »ce qui concrètement signifie que les entreprises suisses, avant de recruter un étranger, devront apporter la preuve qu’elles n’ont pas trouvé de profil adéquat en Suisse… »
rien de nouveau je dirais. Travaillant dans une organisation internationale à chaque recrutement d’un non-ressortissant suisse nous devons attacher une lettre dans laquelle nous prouvons que ce profil/candidat correspond mieux. Il est vrai que je ressentais que cela n’était qu’une formalité. Je suppose qu’ils vont renforcer plutôt plutôt que d’instaurer.
David Talerman says
Bonjour,
Quand vous dites organisation internationale, vous parler d’une ONG/OING ou d’une multinationale ? Dans les 2 premiers cas, les permis et règles d’attribution ne sont pas les mêmes.
Frédérique says
La vidéo avec Mme Yade est à pleurer. Je ne comprends pas comment on peut s’exprimer dans les medias alors qu’on ignore tout du sujet. Le fait de véhiculer des mensonges et surtout des âneries est piteux, mais les donneurs de leçons se gargarisent. Tant qu’on leur donne la parole, ils sont contents et bavent.
P.S. J’ai pourtant voté contre l’initiative contre l’immigration