Vu sur le journal télévisé de TF1 France 2 : dans un reportage sur la levée du secret bancaire aux USA par l’UBS, une gentille genevoise interrogée par les journalistes, nous affirme que la seule richesse de la Suisse, c’est son secret bancaire (soupir…).
Magnifique ! Quel beau travail de journalisme : même si le reportage est plutôt juste sur le fond, les interviews « trottoir » font ressortir de fausses informations. Le problème, c’est qu’on a tendance à retenir ces petits commentaires plutôt que l’analyse complète.
Alors je le répète : certes le pays n’a aucune richesse minière, certes le secret bancaire lui a probablement permis de se construire une économie : aujourd’hui le pays possède un secteur bancaire et financier qui représente 10% du PIB, mais une grande partie est générée par la demande intérieure. Par ailleurs, le pays possède des industries de pointe extrêmement dynamiques telles que l’industrie horlogère (3% du PIB), l’industrie chimique et pharmaceutique (3,7% du PIB) etc…
Des conséquences importantes sur l’emploi en Suisse
Cependant, si le secret bancaire devait être remis en cause, il y aurait bien évidemment des conséquences importantes sur l’emploi en Suisse.
La semaine passée, un débat sur l’émission de la RSR « On en parle » résumait bien la question : le problème de la Suisse sur ce sujet, c’est sa taille et sa non-appartenance à l’Union européenne : le Luxembourg et l’Autriche ont elles aussi un secret bancaire, mais ont-elles été visées par les Etats-Unis ? Non.
La Suisse trop isolée pour négocier avec l’Union européenne ou les Etats-Unis
Par ailleurs, certains États américains sont de véritables paradis fiscaux (le Delaware notamment). Mais il est difficile pour la Suisse, sur le plan politique, de demander aux USA et à l’Union européenne de s’assoir autour d’une table pour dire « Ok les amis, nous les Suisses, ne modifierons notre secret bancaire que si vous faites de même avec vos États… »
Espérons que tout ceci s’arrange sans trop de dégâts sur l’économie et les emplois.
D’ailleurs, vous qui travaillez dans le secteur, comment ressentez-vous ce débat ? Êtes-vous inquiets ?
Fabien Lapierre says
Très juste de noter que la Suisse ne se résume pas seulement à ses banques, même si elle ont fait la renommée du pays.
PS: le reportage télé est signé France 2
David Talerman says
Merci Fabien, c’est corrigé à présent.
J’ai remarqué la semaine passée ton blog : pas mal du tout, et félicitations. Bonne continuation !
Vilay says
Et certains pays, comme la France feraient bien de balayer devant leur porte en matière de paradis fiscaux.
St-Barthélémy, terre française, dispose exonération de toute fiscalité!
Miguel Gayo says
Article très pertinent. Merci beaucoup. La Suisse n’est jamais citée en exemple pour ses réussites objectives: formation (apprentissage pa ex.), chiffres du chômage encore en baisse au mois de mars, protection sociale relativement bonne en comparaison de pas mal de pays européens, etc…. Visiblement l’Europe et les Etats-Unis sont clairement en guerre commerciale contre notre pays. Le déveleoppement des relations commerciales avec l’Asie, notemment dans le produits de niche (l’horlogerie de luxe suisse représente plus de 50% des exportations asiatiques), sont certainement vouées à être davantage développées dans le futur immédiat. Et tant pis si c’est au détriment d’autres nations qui nous considèrent comme une économie ne dépendant que de magouilles, et fortunes cachées.