La semaine passée, un internaute m’a écrit la chose suivante :
Je me demandais si je devais passer par chez vous afin d’obtenir un travail dans mon canton et pays d’origine ? Ne pensez-vous pas que cela serait plus simple, me faire passer pour un faux frontalier ?
Au-delà du caractère ironique de ce message, cela m’a fait prendre conscience qu’il faudrait peut-être que je rappelle 2 ou 3 petites choses :
1/ Le contenu éditorial de ce blog est certes très orienté vers les étrangers, tout simplement parce que je pense que nous avons beaucoup de choses à apprendre de la culture suisse en général, et aussi parce que la culture du travail en Suisse est vraiment spécifique, et très éloignée de celle qu’on a en France ou en Italie par exemple. En revanche, je sais que de très nombreux suisses me lisent, et lisent également les analyses et articles sur le site Travailler-en-Suisse.ch. De mon point de vue, je ne fais aucune différence, et espère très sincèrement aider tout le monde, quelle que soit la nationalité de celui qui me lit.
2/ J’ai un pied dans les 2 cultures, mais je ne cache pas que beaucoup de choses qu’on retrouve en Suisse mériteraient d’être appliquées en France. C’est la raison pour laquelle il m’arrive parfois de lancer quelques piques à mon propre pays, mais ce n’est pas pour cela que je ne l’aime pas. Il est vrai que la comparaison entre la France et la Suisse, notamment au niveau économique ou social, n’est pas toujours à l’avantage de la France. Et cela me désole.
3/ Je reçois de plus en plus de commentaires haineux (que je ne publie en général pas, car ça ne vole pas très haut), tout comme la journaliste Marie Maurisse avec son blog « Fondue la Suisse« . Que les personnes qui n’aiment pas les étrangers ou bien ne veulent pas les voir nous laissent tranquilles ! Pour moi, ce combat est d’arrière garde, perdu d’avance, et n’a pas de sens. En revanche, je pense que nous autres étrangers avons une part de responsabilité dans tout ceci, et que nous devons faire preuve d’une meilleure intégration (ne serait-ce que pour ne pas attiser les haines). Je ferai un billet sur ce sujet dans quelques jours.
La parole est à vous !
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Demido says
Je suis très étonné d’apprendre que vous receviez des messages agressifs car contrairement à Marie Maurisse, vous ne faites pas de papiers à caractères condescendants vis-à-vis de la Suisse…
Bon week end
David Talerman says
@Demido : j’essaye d’être le plus objectif possible, même si mon coeur balance pour la Suisse. Mais les internautes savent me remettre dans la bonne direction !
Je prendrai la défense de Marie Maurisse que j’aime bien : certains de ses billets peuvent effectivement étonner, mais je ne pense pas, la connaissant, qu’il y ait de la condescendance intentionnelle. Ce n’est vraiment pas son genre. Ou alors j’ai raté quelques épisodes ou articles…
Jeanne says
Bonjour,
Je découvre votre site. Je lis avec bcp d’effroi cette phrase : « En revanche, je pense que nous autres étrangers avons une part de responsabilité dans tout ceci, et que nous devons faire preuve d’une meilleure intégration (ne serait-ce que pour ne pas attiser les haines) ». Remarque (même théorie) malheureusement classique qui positionne d’emblée l’étranger en position de « supposé criminel » et responsable des sentiments haineux à son encontre. Ce ne sont pas les étrangers qui sont responsables du sentiment raciste, pas plus qu’une femme du sentiment misogyne ou l’homo de l’homophobie. Les racistes n’ont pas besoin de prétextes pour l’être.
« Le racisme commence lorsque la différence, réelle ou imaginaire, est mise en avant pour justifier une agression; une agression qui est fondée sur l’échec pour comprendre l’autre, sur l’incapacité à accepter la différence et à engager le dialogue ».
Maria Soares, ancien président du Portugal (Source : http://www.aidh.org/Racisme/expliqu_rac_1.htm)
Vous ne faites qu’amener de l’eau à leur moulin.
Mes meilleurs salutations.
Jeanne
David Talerman says
@Jeanne : je n’avais pas vu les choses ainsi. Je pense que la citation de Maria Soares, bien que pleine de sens, est une interprétation tout à fait personnelle de ce qu’est le racisme. C’est juste mais parfaitement réducteur à mon sens. Pour ma part, je persiste à dire que lorsque vous n’êtes pas chez vous, vous devez observer un minimum de règles, et chercher, dans la mesure du possible, à vous intégrer afin de vivre en harmonie avec les gens qui vous entourent. Je vois encore beaucoup trop d’exemples de Français qui 1/ se croient en Suisse chez eux, et agissent en Suisse comme ils le feraient en France 2/ restent entre Français.
Ces comportements, qui restent minoritaires, ne peuvent pas être perçus positivement par les Suisses, et forcément, cela attise les tensions, et la méconnaissance de « l’autre ». En ce qui me concerne, le commentaire qui vous a choqué garde tout son sens, et particulièrement dans un endroit comme Genève où la présence française est très importante.
Christophe says
Chère Jeanne, votre citation est plein de bon sens et je ne peux que l’approuver.
Toutefois, dans les faits, les frontières, nationalités et différences de cultures existent avec malheureusement tout leur lot de dérives collatérales.
C’est pourquoi l’article de David est justifié et non pas effroyable comme vous le prétendez.
Je suis moi-même frontalier de longue date et je persiste à dire depuis toujours qu’il y a le bon frontalier et le mauvais frontalier.
Travailler dans un pays étranger cela veut dire également s’intégrer en s’intéressant au pays en question, en y consommant, en y liant des amitiés et surtout en y respectant la population locale.
Combien de fois ai-je vu des plaques Françaises se comporter au centre de Genève comme s’ils étaient au centre de Paris.
Combien de fois ai-je vu des frontaliers de la vieille école ne dépensant pas le moindre franc même pour un café, rentrer au bercail avec leur salaire entier tout en critiquant ce pays qui leur permet d’avoir une situation professionnelle et financière si confortable.
A l’heure de la crise économique et du chômage, il n’est étonnant ensuite que le sentiment anti-frontaliers s’amplifie car des exemples comme ceux-là, je pourrais en citer beaucoup d’autres… Heureusement, ce n’est pas la majorité des cas car il y a également beaucoup de Français conscients du problème qui font des efforts pour faire pencher la balance du bon côté.
La philosophie c’est bien mais à un moment donné il faut revenir dans le monde réel. Grâce à des personnes comme David et son blog, on peut améliorer les choses et j’en profite, David, pour une fois que je m’exprime ici, pour vous féliciter.
Je vous lis assidument chaque semaine et vous remercie pour l’excellent travail que vous faites ! C’est un réel plaisir que de recevoir votre newsletter chaque semaine !
David Talerman says
@Christophe : merci, je suis heureux d’apporter un peu d’aide.
Merci également pour le commentaire.
J’apporterai juste une précision à votre commentaire. Plutôt que « bon » ou « mauvais » frontalier, je dirai qu’il y a ceux qui ont compris comment cela se passait et qui font en fonction, ceux qui ont compris mais qui ne veulent pas faire, ceux qui n’ont pas compris et qui font bien, et ceux qui n’ont pas compris et qui font mal.
Pour ma part, je trouve toujours difficile à comprendre une personne qui a compris ce qu’il fallait faire mais qui pour autant refuse (quelle qu’en soient les raisons) de se plier à l’exercice… C’et dommage. Pour ceux qui n’en ont pas forcément conscience, je trouve l’approche un peu plus pardonnable.